L’IA est partout, et surtout là où personne ne l’attend. La création d’images générées de toutes pièces en particulier, a ouvert la voie à une nouvelle aire de la désinformation, où il devient de plus en plus difficile de déceler le vrai du faux. Sur les réseaux sociaux, les exemples ne manquent pas, et se heurtent bien souvent à la crédulité de certains internautes.
Un amas de boue numérique
Dérivé du mot anglais qui désigne l’amas de boues qui s’accumule dans les citernes des navires, le slop numérique fait référence aux milliers de contenus générés automatiquement par IA, qui envahissent nos écrans et polluent nos fils d’actualité sur les réseaux sociaux. Articles sans queue ni tête, images irréalistes ou vidéos surréalistes… la liste est longue, tant le phénomène a pris de l’ampleur. Contrairement aux spams, qui cherchent à capter notre attention par des moyens plus directs, le slop se distingue par son approche plus insidieuse, sans appeler directement à l’interaction avec l’internaute, détaille le New York Times.
Et c’est bien là que la technique fonctionne : en attirant notre attention avec une sculpture en allumettes aux proportions démesurées, ou en nous poussant à acheter ce livre rédigé approximativement, mais à bas prix, le slop pollue notre imaginaire collectif sur Internet, autant que notre capacité à distinguer le vrai du faux. Chez les personnes les moins au fait de ce type de techniques, les boomertraps (littéralement “pièges à boomers”) qui pullulent sur Facebook conduisent parfois à des tentatives d’arnaques bien rodées.
Internet en danger ?
Le slop n’est pas un simple phénomène isolé, puisqu’il pose de sérieuses questions sur l’intégrité de l’information en ligne. Les chatbots génératifs sont en passe de remplacer, au moins partiellement, les moteurs de recherches classiques, à l’image de Google, qui a récemment intégré son modèle d’IA Gemini dans les résultats de recherche SGE (Search Generative Experience). La prolifération du slop représente ainsi une véritable menace pour la qualité des informations disponibles en ligne. Comme le spam avant lui, le phénomène va sans doute devoir conduire à une redéfinition de l’éthique et de l’esprit critique en ligne pour les internautes. Côté plateformes, il va également falloir redoubler d’efforts pour assurer une meilleure régulation et une transparence accrue sur les contenus diffusés.
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