Depuis son apparition en Europe, Temu est scruté de près par les législateurs européens. Dark patterns, promotions trompeuses, utilisation des données personnelles et impact environnemental… la plateforme chinoise soulève bon nombre d’interrogations. Elle compte pourtant parmi les applications les plus populaires du monde auprès des consommateurs : alors qu’elles ne représentaient que 5% des colis gérés par la Poste il y a cinq ans, les plateformes chinoises profitent d’un volume en nette hausse. De quoi faire monter d’un cran l’inquiétude des régulateurs.
L’Europe enquête sur Temu
Fin octobre 2024, la Commission européenne ouvrait une “procédure formelle à l’encontre de Temu au titre de la législation sur les services numériques“. Plus concrètement, l’organisme soupçonne l’entreprise de ne pas être conforme au DSA (Digital Services Act), qui régule les services numériques sur le territoire européen. Une enquête a finalement été lancée, sur des sujets “liés à la vente de produits illicites, à la conception potentiellement addictive du service, aux systèmes utilisés pour recommander des achats aux utilisateurs, ainsi qu’à l’accès aux données pour les chercheurs”.
Pour le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC), la firme accuserait “des trous béants dans la sécurité des produits vendus“, avec plusieurs produits ne respectant pas les normes en vigueur. L’association dénonce ainsi des “petites pièces de jouets pour enfants et de produits pour bébés trop facilement détachables pouvant provoquer une suffocation“, des ingrédients interdits dans certains cosmétiques, ou encore des appareils électriques “extrêmement dangereux“. Un véritable “point d’entrée” pour des produits illégaux, estime le BEUC, qui entend prendre rapidement “mesures dissuasives et efficaces contre Temu dans l’intérêt des consommateurs et des entreprises”.
Shein aussi est dans le collimateur de l’Europe
Temu n’est pas la seule plateforme à faire grincer des dents la Commission européenne. Selon l’AFP, Shein aussi serait sur le point de subir les foudres juridiques de l’organisation : “Shein est considéré comme un emblème des dérives sociales et environnementales de la mode à petits prix. Mais l’entreprise a promis de collaborer avec toutes les parties prenantes pour répondre aux préoccupations exprimées“. AliBaba, le groupe propriétaire du géant AliExpress est également visé.
Les trois entreprises, considérées comme de très grandes plateformes au titre du DSA, comptent chacune plus de 45 millions d’utilisateurs réguliers par mois dans l’UE. Logique, donc, que le vieux continent entende protéger les consommateurs et les consommatrices d’une éventuelle dérive.
Bientôt une interdiction ?
Selon Euractiv, le projet de loi déposé aujourd’hui par l’Europe pour contrer les plateformes chinoises devrait adopter une approche globale, mêlant sanctions environnementales, protection des données personnelles et respect des droits du consommateur. Dans le cadre de la réforme des règles douanières de l’Union européenne, la Commission prévoit également de fournir des ressources supplémentaires aux autorités douanières nationales, afin qu’elles puissent examiner les petits envois. À termes, cela devrait conduire à un durcissement des restrictions, et peut-être, à l’interdiction totale des plateformes sur le territoire.
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