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Les “steak végétaux” sont de nouveau autorisés en France

Le Conseil d’État a annulé un décret interdisant l’utilisation de terminologies carnées pour désigner des produits végétaux. Chez les syndicats, la décision divise.

Les alternatives végétales ont le vent en poupe ces dernières années. Entre 2021 et 2023, leurs ventes ont augmenté de 20 %. Steak, jambon, lardons et même cordons-bleus à base de protéines de légumineuses se sont fait une place dans les rayons des super-marchés, et ils attirent de plus en plus de consommateurs, désireux de varier leur alimentation ou de réduire leur impact environnemental. Malgré une guerre ouverte contre les syndicats carnés, une nouvelle victoire du marché végétal vient confirmer cette nouvelle position.

Un décret finalement annulé

Le 1ᵉʳ octobre 2022, un décret paru au Journal Officiel interdisait officiellement les appellations “steak”, “lardons” ou encore “saucisses” pour les produits d’origines végétales. À l’époque, la décision est une victoire pour les syndicats et lobbys de l’exploitation animale, qui accusent le marché de la viande végétale d’entretenir la “tromperie” autour de leurs produits. Le décret ne concerne que les produits fabriqués en France, et l’Observatoire national de l’alimentation végétale (Onav) contrattaque, accusant le texte de placer la France “dans une position conservatrice, à contre-courant des enjeux actuels et de la politique européenne sur ces questions”.

Sauf que. Le Conseil d’État a rapidement suspendu le projet, donnant temporairement raison à l’industrie végétale française sur la situation d’injustice ainsi créée, au profit de la concurrence européenne. En donnant tort au gouvernement, et en suspendant un décret défendu corps et âme par les acteurs de la filière animale, c’est toute l’absurdité du texte qui a été pointée du doigt, obligeant par exemple son extension à d’autres secteurs, comme la cosmétique avec ses laits et beurre corporels par exemple.

La décision est finalement tombée : le Conseil d’État a officiellement annulé l’interdiction de nommer les produits alimentaires végétaux par des termes de boucherie ou charcuterie. La dénomination “steaks de soja” ou “saucisses végétales” est donc de nouveau possible. De quoi confirmer définitivement l’avis de la Cour de justice de l’Union européenne, qui estimait l’année dernière “que la réglementation européenne traitait complètement la question au niveau européen et s’opposait à ce que les États membres de l’Union européenne puissent, de leur côté, édicter des mesures nationales qui réglementent ou interdisent l’usage” de ces dénominations.

Inscrit dans une logique évidente de protection économique et marketing de l’industrie animale, l’annulation de ce décret est une défaite pour le marché de la viande, et témougne des enjeux de la France face à la nécessité d’adapter rapidement notre alimentation. Dans un récent rapport, le GIEC alertait déjà sur la nécessité de diminuer notre consommation animale au profit du végétal. Pour l’Onav, le décret “risque d’entraver et de retarder le développement de la filière végétale en France ainsi que la transition vers des alimentations plus saines et durables davantage végétales“.

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