Les Grammy Awards, l’une des plus prestigieuses récompenses de l’industrie américaine de la musique, ont été décernés ce dimanche. Et une petite surprise attendait le public : le prix de la meilleure prestation rock a été décerné aux célèbres Beatles pour leur dernier morceau Now and Then, produit en partie grâce… à l’intelligence artificielle.
L’annonce de cette chanson sortie en novembre 2023 avait d’abord donné quelques sueurs froides aux fans de John Lennon, Paul McCartney, Ringo Starr et George Harrison, qui s’inquiétaient de voir l’héritage du Fab Four massacré à grands coups d’IA générative. Heureusement, il a été construit à partir de matériel 100 % authentique, sans aucun son synthétique qui ne provenait pas des Beatles eux-mêmes.
Pour resituer le contexte, Now and Then est un morceau qui avait été exhumé par George Harrison il y a 30 ans déjà, à partir d’une vieille cassette qui contenait des enregistrements inédits du chanteur et compositeur John Lennon. Grâce à ce matériel, les Beatles restants ont pu produire deux nouvelles chansons (Free as a Bird et Real Love). Ils ont aussi identifié un troisième enregistrement prometteur, mais malheureusement, inexploitable.
« Sur la démo de John, le piano était difficile à entendre », expliquait Paul McCartney dans un documentaire publié à la sortie de Now and Then. « Et à l’époque, nous n’avions évidemment pas la technologie pour l’isoler. À chaque fois que nous voulions faire ressortir sa voix, le piano venait parasiter le résultat ».
Now and Then a donc été relégué aux oubliettes artistiques pendant près de trois décennies — et il y serait probablement resté sans l’intervention du réalisateur Peter Jackson. Ce dernier travaillait en effet sur un documentaire appelé Get Back. Pour l’occasion, son équipe a développé un système basé sur le machine learning afin d’isoler les différents composants d’une piste audio.
McCartney et Starr y ont vu une excellente opportunité de reprendre Now and Then là où ils l’avaient laissé, et ont donc sauté sur l’occasion. Grâce à cet outil, ils ont pu obtenir une version utilisable de l’enregistrement du chanteur assassiné en décembre 1980. C’est en superposant ces nouveaux éléments avec d’autres extraits de la session d’enregistrement initiale, tous authentiques, que Now and Then a pu être terminé une fois pour toutes.
Une nouvelle tendance transformatrice
Cette distinction est importante dans ce contexte. Car depuis deux ans déjà, le règlement de l’Académie des Grammys indique explicitement que « seuls les créateurs humains sont éligibles ». Now and then n’aurait donc pas pu remporter cette récompense si l’IA n’avait pas seulement servi à “nettoyer” l’audio original.
Plus largement, cette règle est le reflet d’une crainte croissante que les artistes soient progressivement remplacés par des systèmes d’IA générative. Plus la technologie avance, plus ces derniers deviendront capables de concocter des morceaux rémunérateurs — avec tout ce que cela implique pour la créativité humaine. Il sera intéressant de voir comment toutes ces technologies seront utilisées à l’avenir, et quel impact elles auront sur le développement de cet art à long terme.
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