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Le ministère des Armées met son railgun électromagnétique en vitrine

Adieu les obus classiques : la France passe à l’électromagnétique ! Présenté au salon Euronaval 2024, le prototype de railgun de l’Institut franco-allemand de Saint-Louis veut bousculer les codes de l’armement naval. Vitesse supersonique, portée XXL et sécurité renforcée : cette technologie a tout pour devenir la terreur des mers.

Au salon Euronaval 2024, le ministère des Armées a levé le voile sur un impressionnant prototype : un railgun électromagnétique. Développé par l’Institut franco-allemand de recherche de Saint-Louis (ISL), ce canon d’un genre nouveau remplace la poudre par de l’électricité pour propulser ses projectiles. Et ça décoiffe : les vitesses atteignent 3.000 mètres par seconde, soit près de neuf fois la vitesse du son.

Une vitesse explosive

Mais ce n’est pas qu’une question de vitesse. Le railgun promet une portée de tir spectaculaire : plus de 200 kilomètres pour certains calibres. De quoi répondre aux menaces modernes, comme les missiles hypersoniques, tout en proposant des capacités de défense polyvalentes. Anti-navires, anti-aérien, soutien à longue distance… la liste des usages possibles est longue. En prime, ce système élimine les risques liés aux explosifs traditionnels, rendant son stockage et son transport beaucoup plus sûrs.

Le railgun présenté par l’ISL s’inscrit dans la continuité du projet européen PILUM, lancé en 2021. Ce programme de recherche, financé à hauteur de 1,5 million d’euros par l’Union européenne, a jeté les bases de cette technologie. Aujourd’hui, un nouveau projet baptisé THEMA prend le relais avec un budget de 15 millions d’euros, et un nouvel objectif : mettre au point un démonstrateur opérationnel d’ici 2028.

Les ingénieurs de l’ISL travaillent sur trois éléments-clés : l’arme elle-même, la source d’énergie électrique et les projectiles hypersoniques. Les chiffres donnent le tournis : des accélérations atteignant 100.000 g pour des calibres de 25 mm, des vitesses initiales proches de Mach 10 (3.500 m/s) et une énergie de 10 mégajoules délivrée en quelques millisecondes. Des performances qui impliquent aussi de lever pas mal d’obstacles, notamment sur l’usure des rails, l’aérodynamisme des projectiles et le stockage de l’énergie.

Le railgun repose sur un principe simple : deux rails conducteurs et un projectile accéléré grâce à une décharge électrique. Mais passer de la théorie à un système à déployer sur le terrain, c’est une autre histoire. Actuellement, l’ISL utilise un générateur XRAM pour alimenter son railgun expérimental. Ce dispositif est basé sur le stockage inductif, il permet des tirs répétitifs, un critère essentiel pour des usages militaires.

La France n’est pas seule sur ce créneau. Les États-Unis et la Chine ont déjà exploré les potentialités des railguns. Si la marine américaine a suspendu son projet en 2021 face aux contraintes techniques et budgétaires, Pékin semble bien décidé à franchir le cap. En 2018, un prototype chinois a été testé en mer, rapprochant l’armée du pays vers une adoption opérationnelle. Le Japon, de son côté, concentre ses recherches sur la défense contre les missiles hypersoniques.

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