L’Europe n’a jamais été aussi proche de la Lune. L’Agence spatiale européenne vient d’annoncer par voie de communiqué la signature d’un énorme contrat à 862 millions d’euros avec la coentreprise franco-italienne Thales Alenia Space; cette dernière va diriger un consortium chargé de la conception, du développement et de la livraison de son tout premier alunisseur.
L’engin en question a été baptisé Argonaut. Il s’agit d’un véhicule spatial constitué de trois éléments principaux. Le premier d’entre eux, sans doute le plus complexe, est un module de descente chargé du voyage et de la descente vers la surface de la Lune. En substance, c’est lui qui sera chargé de livrer tout ce dont les astronautes auront besoin au cours de leur mission, quelle qu’elle soit. Il devra donc être capable d’une fiabilité exemplaire.
Le second élément, plus discret mais tout aussi important, est une plateforme conçue pour accueillir la charge utile. Le maître mot ici, c’est la flexibilité : cette interface devra être capable d’accueillir une grande variété de charges utiles différentes pour répondre aux cahiers des charges de nombreuses missions.
Les communiqués de l’ESA et Thales Group mentionnent pêle-mêle des ressources vitales pour les astronautes (eau, oxygène, nourriture…), mais aussi des rovers (ces véhicules tout-terrain spécifiquement conçus pour évoluer sur d’autres planètes) des démonstrateurs chargés de prouver la viabilité de nouvelles technologies de pointe, un télescope lunaire, ou encore une station dédiée à la production d’énergie in situ. Autant dire que le développement d’une interface aussi polyvalente demandera de gros efforts d’ingénierie, sachant que les contraintes associées à toutes ces cargaisons sont très différentes.
Un pilier de la stratégie européenne
Il s’agit d’une lourde responsabilité. En effet, l’Argonaut a vocation à devenir une des clés de voûte de la stratégie d’exploration lunaire de l’ESA, et par extension d’Artemis, le grand programme de conquête lunaire de la NASA.. Une fois opérationnel, il devra être capable de s’intégrer parfaitement à tous les éléments qui joueront un rôle dans cette grande aventure.
On peut citer le Gateway, le futur avant-poste spatial qui sera déployé en orbite de la Lune pour offrir un soutien logistique aux agences spatiales. L’Argonaut devra notamment être en mesure d’exploiter le Lunar Link, le système de communication du Gateway que l’ESA est chargé de développer, ainsi que la constellation de satellites Moonlight, qui permettra à l’ESA de devenir le premier fournisseur commercial de télécommunications et de navigation par satellite hors planète.
Les différentes branches de Thales Alenia Space seront impliquées à différents niveaux dans ce programme. La branche italienne, par exemple, sera chargée de la conception à proprement parler ; c’est elle qui va créer toute l’architecture des différents éléments thermomécaniques, avioniques et logiciels de l’Argonaut. La branche anglaise, de son côté, sera chargée de la partie propulsion. Enfin, la branche française aura la responsabilité de gérer les systèmes de collecte et de traitement de la montagne de données générée par cette initiative.
« La signature du contrat Argonaut est un moment charnière pour les ambitions européennes d’exploration lunaire », a déclaré Daniel Neuenschwander, directeur de l’exploration humaine et robotique à l’ESA. « Cet atterrisseur lunaire européen unique en son genre démontre le dévouement de ESA à faire progresser nos capacités industrielles dans l’exploration spatiale. Argonaut permettra à l’Europe de contribuer de manière significative aux partenariats internationaux, tout en ouvrant la voie à une présence humaine durable sur la Lune. L’Europe est en route vers la Lune et a ouvert la voie à l’autonomie européenne en matière d’exploration. »
« L’atterrisseur lunaire Argonaut compte beaucoup pour notre entreprise », renchérit Hervé Derrey, PDG de Thales Alenia Space. « Grâce à cet incroyable véhicule spatial, des tonnes de matériel seront livrées à la surface de la Lune, notamment des rovers, des missions scientifiques et bien d’autres encore. Ce nouvel élément du programme Artemis servira à faciliter les missions d’exploration lunaire habitées de longue durée et sera crucial pour accroître l’autonomie européenne en matière d’exploration lunaire. La Lune servira également de tremplin pour les missions en équipage dans l’espace lointain, Mars étant la prochaine étape du voyage.
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