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L’Horloge de la fin du monde avance pour la première fois depuis deux ans

Après avoir stagné à 90 secondes de minuit en 2023 et 2024, cette représentation symbolique de l’état du monde voit désormais son aiguille avancer d’une seconde supplémentaire.

L’Horloge de la fin du monde, représentation symbolique de la distance qui sépare l’humanité d’une autodestruction cataclysmique, se rapproche de l’heure fatidique. Elle était restée figée une minute et trente secondes avant minuit pendant deux ans, mais ses responsables ont choisi de l’avancer : elle affiche désormais 89 secondes avant minuit.

Cette horloge imaginaire est un exercice de pensée qui a été proposé par des physiciens nucléaires de l’Université de Chicago, aux États-Unis. Le concept est simple : minuit représente la fin du monde, l’apocalypse, l’annihilation totale de l’humanité. Chaque année, le groupe qui se charge de l’actualiser réalise un nouvel état des lieux de la planète. S’ils considèrent que la situation a empiré, ils peuvent donc avancer l’aiguille pour la rapprocher de l’heure fatidique, et inversement.

Lorsque cette horloge a vu le jour en 1947, peu après la fin de la guerre mondiale qui a vu les États-Unis larguer deux bombes atomiques sur le Japon et au début de la Guerre froide, les douze coups de minuit correspondaient à l’annihilation potentielle de la vie sur Terre suite à une guerre nucléaire mondiale. Depuis, le concept a évolué pour prendre en compte d’autres menaces existentielles. On peut citer le réchauffement climatique ou encore la montée en puissance de nouvelles technologies révolutionnaires, mais susceptibles d’être utilisées à mauvais escient, comme l’intelligence artificielle ou la bio-ingénierie génétique.

L’Horloge était restée stable en 2023 et en 2024 — une décision surprenante pour une grande partie des observateurs, dans un contexte de tension géopolitique globale et de crise environnementale. Cette fois, ils ont estimé que ces facteurs pèsent désormais trop lourd dans la balance pour justifier de maintenir ce statu quo.

Plusieurs sources d’inquiétude politiques

« Les facteurs qui ont influencé la décision de cette année — le risque nucléaire, le changement climatique, l’utilisation abusive potentielle des avancées en sciences biologiques et une variété d’autres technologies émergentes telles que l’intelligence artificielle — n’étaient pas nouveaux en 2024. Mais nous avons constaté des progrès insuffisants pour relever les principaux défis et, dans de nombreux cas, cela conduit à des effets de plus en plus négatifs et inquiétants », a déclaré Daniel Holz, président du conseil scientifique et de sécurité du Bulletin cité par Reuters.

Ils citent notamment la situation politique en Russie. Pour rappel, en novembre dernier, Vladimir Poutine a décidé de revoir à la baisse les critères qui pourraient permettre à son gouvernement de déclencher une frappe nucléaire dans le cadre de son invasion de l’Ukraine — une nouvelle escalade qui n’incite pas à l’optimisme. Le comité mentionne également l’instabilité croissante au Moyen-Orient, avec la guerre de Gaza qui ne cesse de prendre des proportions de plus en plus importantes, mais aussi l’activité croissante de la Chine autour de Taïwan et de la Corée du Nord, qui multiplie ses tests de missiles balistiques.

Le climat et l’IA en ligne de mire

Côté technologique, les auteurs du rapport annuel se focalisent sans surprise sur la montée en puissance spectaculaire de l’intelligence artificielle. En plus de ses retombées déjà bien connues en termes de désinformation, le machine learning commence à être largement adoptée par l’industrie militaire des plus grandes puissances mondiales ; il est donc de plus en plus probable qu’elle contribue à mettre le feu aux poudres.

« Les progrès de l’intelligence artificielle commencent à se manifester sur le champ de bataille de manière hésitante, mais inquiétante, et la possibilité d’applications futures de l’intelligence artificielle aux armes nucléaires est particulièrement préoccupante. En outre, l’intelligence artificielle perturbe de plus en plus l’écosystème mondial de l’information. La désinformation et la mésinformation alimentées par l’intelligence artificielle ne feront qu’aggraver ce dysfonctionnement », a déclaré Holz.

Il continue également de mettre l’accent sur le réchauffement climatique, dont l’impact est de plus en plus perceptible chaque année malgré la croissance des sources d’énergie renouvelable. « Bien que l’énergie éolienne et solaire ait connu une croissance impressionnante, le monde n’est toujours pas en mesure de faire ce qui est nécessaire pour endiguer les pires aspects du changement climatique », a conclu Holz.

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Source : Reuters

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