Après avoir infligé une douche froide monumentale à toute l’industrie de l’IA américaine avec son grand modèle de langage open source, DeepSeek vient d’enfoncer le clou en dévoilant un générateur d’images prometteur. Selon la startup chinoise, il est capable d’égaler, voire de surpasser les leaders du secteur.
Le modèle en question, Janus-Pro-7B, a été dévoilé hier dans un papier publié sur la plateforme GitHub et repéré par Reuters. Il s’agit d’une extension d’un précédent modèle déployé discrètement en octobre dernier, et il débarque avec une ribambelle de nouveautés traditionnellement réservées au gotha de l’IA générative. Au menu : des fonctionnalités multimodales de dernière génération, un système d’analyse d’image très poussé, et bien évidemment, de la génération d’images synthétiques plus convaincantes les unes que les autres. D’après l’entreprise, il rivalise même avec deux autres générateurs qui font partie des références en ce moment, à savoir DALL-E (OpenAI) et Stable Diffusion (StabilityAI).
Mais Janus-Pro-7B se démarque de ces derniers sur un point crucial : contrairement à DALL-E et Stable Diffusion, il s’agit d’un modèle entièrement open source. Cela signifie que n’importe quelle personne qui dispose des compétences techniques nécessaires peut réutiliser cette technologie pour créer son propre système d’IA générative de pointe… au grand dam d’OpenAI et consorts qui ont déboursé des milliards pour construire des systèmes propriétaires fermés aux performances comparables.
L’éclatement de la « bulle de l’IA » ?
C’est la deuxième fois en moins d’une semaine que la startup chinoise réalise un tel exploit. Tout récemment, elle a déjà largué une véritable bombe sur l’industrie avec DeepSeek-V3, un grand modèle de langage présenté comme le nouveau rival de ChatGPT… alors qu’il a été développé pour une somme dérisoire, avec des moyens très limités, et en dépit de l’embargo technologique imposé à la Chine par les États-Unis.
La pression continue donc d’augmenter pour OpenAI, et plus largement, pour toute l’industrie de l’IA qui est déjà en train d’accuser le coup. Nvidia, par exemple, a vu le cours de son action s’effondrer suite à l’émergence de DeepSeek : sa capitalisation boursière a plongé de plusieurs centaines de milliards de dollars depuis lundi matin !
Les investisseurs craignent en effet que DeepSeek ait montré à toute la planète que la direction actuelle de l’industrie — miser largement sur une approche de type « force brute » qui consiste à entraîner des modèles fermés avec du hardware extrêmement performant et onéreux — ne soit désormais obsolète.
Sommes-nous en train d’assister à l’explosion de la fameuse « bulle de l’IA » dont certains analystes nous parlent depuis des mois ? Il est encore trop tôt pour le dire. Certains grands noms de la Big Tech sont d’ailleurs convaincus du contraire ; on peut citer l’ex-PDG d’Intel Pat Gelsinger, qui a apparemment fait le plein d’actions Nvidia pendant cette chute vertigineuse en prévision d’un rebond.
Mais ce qui est certain, c’est que les géants américains vont être forcés de réagir promptement s’ils veulent préserver leur position privilégiée. Car si de plus en plus de modèles IA performants, mais open source et construits avec peu de moyens commencent à émerger dans le sillage de DeepSeek, il n’est pas exclu que l’industrie de l’IA telle qu’on la connaît aujourd’hui se dirige vers un naufrage économique absolument spectaculaire, ce qui serait une vraie catastrophe pour Wall Street… mais pas forcément pour le grand public. Affaire à suivre.
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