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Ariane 6 : tout savoir sur la première mission commerciale de la fusée européenne

La date de la première mission commerciale du nouveau fer de lance européen vient d’être officialisée. Dans un peu moins d’un mois, Ariane 6 aura la lourde responsabilité de déployer un satellite militaire pour le compte de la Défense française, mais aussi de prouver qu’elle est prête à devenir la garante de l’autonomie spatiale européenne.

Ça y est : après son vol inaugural tant attendu et globalement bien maîtrisé, le 9 juillet 2024, la nouvelle fusée européenne va enfin entrer dans le vif du sujet avec sa toute première mission commerciale. Une échéance très importante qu’il conviendra de suivre avec une attention toute particulière

Quand aura lieu la mission ?

Arianespace a annoncé ce 28 janvier par voie de communiqué que le lancement aurait lieu le mercredi 26 février prochain à 17 h 24 heure de Paris, sept mois et demi après son baptême de l’air. Comme à l’accoutumée, le véhicule s’élancera depuis le Centre spatial de Kourou, en Guyane française.

Quel sera l’objectif ?

Cette mission, référencée sous le nom de code VA263, sera le premier vol commercial de la fusée. Cela signifie qu’elle aura la responsabilité de déployer un satellite pour le compte d’un client. En l’occurrence, il s’agira du de CSO-3 (Composante spatiale optique 3), le 3e et dernier satellite du programme MUSIS (Multinational Space-based Imaging System).

Pour référence, MUSIS est un programme d’observation militaire conçu pour prendre le relais du système Hélios 2, arrivé en fin de vie. Il est consacré à la défense de la France et de ses partenaires. Ses objectifs sont d’augmenter drastiquement les capacités de reconnaissance et d’identification de la France en capturant des images en très haute résolution dans le domaine du visible et de l’infrarouge, afin de pouvoir travailler de jour comme de nuit.

Ces trois engins sont conçus et construits par Airbus Defence and Space, et dotés d’instruments fournis par Thales Alenia Space. Ils ont hérité de l’architecture des satellites Pléiades, qui met l’accent sur la réactivité et la flexibilité. Cela permettra aux services de renseignement d’obtenir les informations recherchées dans un délai particulièrement court.

Les deux premiers membres du trio ont été lancés en 2018 et 2020, à bord de fusées Ariane 5. Désormais, c’est sa petite sœur qui va prendre le relais pour compléter l’œuvre de son aînée en déployant CSO-3 sur une orbite héliosynchrone, à une altitude d’environ 800 kilomètres.

Quels sont les enjeux ?

Le premier enjeu sera évidemment d’améliorer les capacités de renseignement de la Défense française, ce qui représente une responsabilité de premier ordre. Mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle Ariane 6 sera attendue au tournant ce 26 février.

L’autre objectif, qui est peut-être encore plus important sur le long terme, c’est de confirmer que l’Europe a bel et bien récupéré l’autonomie spatiale dont elle était privée depuis la retraite de l’illustre Ariane 5, le 5 juillet 2023.

À cause du retard significatif accumulé par Ariane 6 et de la perte de l’accès au Soyouz russe suite à l’invasion de l’Ukraine, le Vieux continent s’est retrouvé démuni dans le domaine de l’aérospatiale. Pendant plusieurs mois, nous étions tout simplement incapables de mettre nos propres satellites en orbite, avec tout ce que cela implique au niveau stratégique.

Le succès du vol inaugural, en juillet dernier, était un signe fort que l’Europe était bien partie pour récupérer cette capacité. Mais le vol ne s’est pas parfaitement déroulé pour autant. Le moteur Vinci, qui aurait dû permettre au 2e étage de positionner une charge utile sur son orbite de destination, a rencontré une anomalie lors de sa deuxième mise à feu.

Cette fois, Arianespace n’aura plus le droit à l’erreur ; pour déployer CSO-3 et confirmer que l’Europe a bel et bien récupéré son accès autonome à l’espace, il faudra impérativement que tous les éléments du lanceur jouent leur rôle à la perfection.

Il ne reste donc plus qu’à croiser les doigts pour que les ingénieurs aient réussi à corriger le problème à l’origine de l’anomalie qui a paralysé le moteur Vinci ; rendez-vous le mois prochain pour cette mission cruciale pour le futur de l’aérospatiale européenne.

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