Ross Ulbricht, connu sous le pseudonyme de « Dread Pirate Roberts », va tourner la page après avoir passé plus de dix ans derrière les barreaux. Arrêté en 2013 et condamné en 2015 à la prison à vie, il était accusé d’avoir créé et dirigé Silk Road, une plateforme de vente en ligne spécialisée dans les produits illégaux : drogues, faux papiers, services de piratage…
Silk Road, un pilier du dark web
Donald Trump, en annonçant la nouvelle sur son réseau Truth Social, n’a pas mâché ses mots. « La sentence était ridicule », a-t-il lancé, accusant les juges et procureurs de l’époque d’avoir voulu en faire un exemple. L’ancien (et le nouveau) président affirme avoir agi en l’honneur du mouvement libertarien, qui a milité activement pour la libération d’Ulbricht et pour l’élection de Trump.
Cette grâce n’est pas une surprise : Trump en avait fait une promesse lors de sa campagne présidentielle de 2024. « Si je suis élu, Ross sera libre dès le premier jour », avait-il assuré. Promesse tenue, à la satisfaction de nombreux partisans, dont Angela McArdle, présidente du Parti libertarien, qui a salué « une victoire pour la liberté » (et la criminalité aussi, du coup).
Lancé en 2011, Silk Road a marqué les débuts d’un e-commerce bien moins sage que celui d’Amazon. Accessible uniquement via le réseau Tor et fonctionnant grâce aux bitcoins, le site permettait d’acheter anonymement tout ce qui était illégal : drogues, logiciels malveillants, documents falsifiés… Le FBI l’a fermé en 2013, mais pas avant que la plateforme n’ait attiré près d’un million d’utilisateurs dans le monde.
La justice américaine avait alors fait d’Ulbricht un symbole de la lutte contre la cybercriminalité. Lors de son procès, les procureurs ont tout mis sur la table : overdose de plusieurs consommateurs, blanchiment de centaines de millions de dollars, et même des meurtres commandités – bien que jamais exécutés.
Pour ses détracteurs, cette peine de prison à vie était avant tout un moyen de décourager d’éventuels imitateurs. Mais les défenseurs d’Ulbricht dénonçaient un jugement bien trop sévère. « Ross n’a pas tué, il n’a pas vendu de drogue directement. Il ne méritait pas une telle peine », argumentaient ses proches.
Le pardon présidentiel de Trump relance le débat sur la justice et les sanctions liées à la cybercriminalité. Si certains saluent un geste fort contre une peine qu’ils jugent disproportionnée, d’autres redoutent un signal inquiétant. En graciant Ross Ulbricht, Trump donne-t-il carte blanche aux futurs pirates du web ?
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