Rolls-Royce vient de signer un gigantesque contrat à 9 milliards de livres (environ 10,7 milliards d’euros) avec le gouvernement britannique — et il n’a absolument rien à voir avec les voitures. Le constructeur légendaire sera en effet chargé de fabriquer… les nouveaux réacteurs destinés aux sous-marins nucléaires de la Royal Navy.
Ces engins sont des éléments exceptionnellement importants pour les plus grandes puissances militaires. C’est en grande partie grâce à leur mobilité, leur discrétion et leur capacité à rester immergés pendant de très longues périodes, qui leur permettent de frapper une cible sans le moindre signe avant-coureur avec des armes de destruction massive à la puissance absolument terrifiante.
Et surtout, ils sont au cœur de ce que les experts appellent la capacité de seconde frappe. Si un pays décide de lancer une attaque nucléaire surprise et qu’il parvient à détruire sa cible, un sous-marin de ce genre, généralement positionné à un autre endroit du globe, sera tout de même en mesure de lancer des représailles dévastatrices. Ces engins sont donc considérés comme la colonne vertébrale de la dissuasion nucléaire mondiale.
Une entreprise très impliquée dans le domaine militaire
Forcément, les gouvernements ne laissent donc pas n’importe quel prestataire travailler sur ces machines à l’importance stratégique énorme. Ils font appel à des entreprises triées sur le volet qui disposent à la fois d’une réputation irréprochable et d’une expertise technique de premier plan. Sans surprise, c’est donc Rolls-Royce, un titan industriel avec une expérience considérable dans le domaine, qui a été sélectionné.
Même si elle est surtout connue du grand public pour ses voitures de luxe, l’entreprise est déjà un collaborateur de longue date de la Défense britannique. En plus d’avoir joué un rôle central dans le développement des moteurs des avions de la Royal Air Force, elle est aussi impliquée dans la conception des réacteurs nucléaires des sous-marins Vanguard et Astute depuis les années 50.
Avec ce nouveau contrat XXL appelé Unity, le plus gros de son histoire, elle va continuer de le faire sur les huit prochaines années. Rolls-Royce sera notamment chargé de la conception, de la construction et de la maintenance des réacteurs à uranium des futurs sous-marins Dreadnought. Comme les Vanguard, ils seront équipés de missiles ballistiques Trident II D5, chacun cinq à six fois plus puissants que la bombe nucléaire larguée sur Hiroshima à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Sur le papier, ces réacteurs permettront à ces rôdeurs des abysses de rester immergés pendant plus de 20 ans sans ravitaillement si nécessaire. Une fois opérationnels, ils auront donc vocation à assurer la dissuasion nucléaire britannique pendant une quarantaine d’années.
Une aubaine pour l’industrie
Le gouvernement, de son côté, a annoncé ce contrat en grande pompe en mettant l’accent sur les opportunités d’emploi qu’il va générer. D’après la BBC, Unity permettra de créer pas moins de 1000 postes et d’en préserver au moins 4000 autres.
« Cet investissement dans la défense britannique stimulera à long terme les entreprises, l’emploi et la sécurité nationale britanniques», a déclaré le secrétaire à la Défense John Healey cité par le média britannique. « Cet accord avec Rolls-Royce, une réussite britannique historique, soutiendra les emplois hautement qualifiés au Royaume-Uni, qui équipent les milliers de sous-mariniers qui assurent notre sécurité à tous. Nous démontrons que la défense peut être un moteur de croissance, tout en permettant une meilleure utilisation de l’argent du contribuable. »
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