L’entreprise de Mark Zuckerberg se met au diapason de la nouvelle administration présidentielle. Au travers d’une vidéo, Mark Zuckerberg annonçait il y a quelques jours vouloir restaurer “la liberté d’expression” sur ses plateformes sociales. Parmi les nombreux changements au programme des prochaines semaines pour Meta aux États-Unis, l’abandon du fact-checking fait couler beaucoup d’encre. Dans le pays de l’oncle Sam, Instagram et Facebook ne collaboreront plus avec des organismes de fact-checking (des organes de presse notamment) mais comptera sur des notes communautaires pour ajouter du contexte à certaines publications.
Ce dispositif n’est pas nouveau, il est largement utilisé sur X détenu par Elon Musk. “Nous avons vu cette approche fonctionner sur X. Elle donne à sa communauté le pouvoir de décider quand les messages sont potentiellement trompeurs et nécessitent plus de contexte, et où des profils aux perspectives diverses décident quel type de contexte est utile pour les autres utilisateurs. Nous pensons qu’il s’agit là d’un meilleur moyen d’atteindre notre objectif initial, à savoir fournir aux gens des informations sur ce qu’ils voient, tout en limitant les biais d’opinion”.
Alors que l’abandon du fact-checking doit être engagé au cours des prochaines semaines, la question se pose pour le reste du monde. Ce lundi, lors du Sommet de Davos, la responsable des activités mondiales de Meta, Nicola Mendelsohn, a évoqué les ambitions de Facebook et Instagram pour les autres territoires. Le déploiement de telles mesures sur le sol européen n’est envisagé pour le moment.
“Rien ne change dans le reste du monde pour le moment, nous continuons à travailler avec ces vérificateurs de faits dans le monde entier”. La firme laisse tout de même entendre que la fin du fact-checking aux États-Unis sera une occasion de prendre la température. “Nous verrons comment cela se passe au fil de l’année” rapporte TechCrunch. Concrètement, si Meta montre encore patte blanche en dehors de son territoire originel, l’année 2025 sera une occasion d’évaluer la réussite ou non de l’abandon du fact-checking, selon les critères de l’entreprise évidemment.
Zuckerberg face au DSA
Depuis 2023, l’Union dispose d’un outil pour endiguer la propagation de fausses informations sur les réseaux sociaux. Le Digital Service Act oblige toutes les plateformes présentes sur le territoire à établir “des rapports de transparence portant sur leurs systèmes internes de traitement des réclamations et leurs activités de modération des contenus”. Dans le cadre de ce DSA, Meta avait d’ailleurs partagé des détails sur la modération des publications jugées frauduleuses sur le territoire européen.
Dans un rapport publié en octobre 2024, l’on apprenait que 19 millions de publications Facebook ont été jugées fausses ou partiellement fausses entre avril et septembre 2024 en Europe rapporte Radio France. Seulement 5 4000 posts ont vu, après réclamation, leur étiquette “faux” ou “partiellement faux” être retirée. Le taux d’erreur des vérificateurs est donc estimé à 0,02% en Europe, loin du 1% (pour tous les territoires) avancé par Mark Zuckerberg la semaine dernière.
Si le DSA n’empêche en théorie pas Meta d’abandonner ses outils de vérification, l’Observatoire européen des médias digitaux (consortium né sous l’impulsion de l’UE) a vivement critiqué cette décision. “Cette décision contraste fortement avec l’engagement antérieur de M. Zuckerberg de faire de ses services un endroit plus sûr pour tous les utilisateurs. Son objectif de “donner la priorité à la liberté d’expression” est motivé par des raisons politiques et constitue un alibi pour détourner l’attention du public des nombreux cas de manipulation de l’information et d’ingérence étrangère qui, depuis des années, font des ravages sur les services de son entreprise”. Le consortium affirme son intention de :
“redoubler d’efforts pour expliquer, promouvoir l’approche fondée sur des preuves de l’UE pour lutter contre la désinformation et de collaborer avec toutes les parties concernées, y compris Meta, et garantir que des revers mal motivés ne compromettent pas les efforts déployés à l’échelle de la société pour protéger l’intégrité de notre environnement de communication numérique”.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.