C’est LA rumeur qui enflamme le monde du hardware depuis quelques jours : selon SemiAccurate, une source généralement considérée comme l’une des plus fiables et respectées de l’industrie des semiconducteurs, Elon Musk envisagerait de profiter des déboires d’Intel pour racheter l’entreprise. Une opération pleine d’implications potentielles pour le fondeur, pour l’empire industriel du milliardaire, et même pour la tech américaine dans son ensemble.
À première vue, ce scénario peut sembler excessivement farfelu. Mais il y a plusieurs éléments de contexte qui le rendent toutefois relativement crédible.
Intel, un géant en difficulté
Le premier, c’est l’état de santé extrêmement préoccupant d’Intel. Ce titan historique des CPU qui dominait autrefois son segment de la tête et des épaules n’est plus que l’ombre de lui-même. L’écurie bleue a perdu son leadership technologique en enchaînant plusieurs générations de produits décevants pendant que la concurrence, à commencer par AMD, suit une trajectoire diamétralement opposée. Le plan IDM 2.0 de l’ex-PDG Pat Gelsinger, qui avait pour objectif de revitaliser l’entreprise avec une transformation radicale de ses activités ( investissements massifs dans des usines de nouvelle génération, élargissement des services de fonderie pour des clients tiers…) n’a pas non plus produit les résultats attendus.
En parallèle, Intel n’a pas non plus réussi à anticiper le virage de l’IA qui a propulsé Nvidia parmi les entreprises les plus valorisées au monde. Tous ces facteurs ont contribué à une terrible dégringolade boursière et au licenciement du PDG Pat Gelsinger en décembre dernier.
Économiquement bancale, en difficulté sur le plan technologique et fragile en termes de leadership… Intel est donc dans une position très délicate et a désespérément besoin d’un nouveau souffle; cette vulnérabilité pourrait effectivement convaincre le conseil d’administration d’ouvrir les portes à un potentiel acquéreur.
Une idée cohérente avec la météo politique
Le deuxième élément qui incite à ne pas balayer cette information d’un revers de la main est essentiellement politique. Trump a déjà annoncé qu’un de ses objectifs prioritaires serait de permettre aux États-Unis de récupérer le leadership dont l’Asie, et notamment le géant taiwanais des semiconducteurs TSMC, s’est emparée ces dernières années.
Aujourd’hui, le statut de superpuissance technologique de l’Oncle Sam dépend largement de ses relations avec Taïwan. Or, malgré les réticences d’une partie de la communauté internationale, la Chine (grand rival économique des États-Unis et cible privilégiée de Trump lors de son dernier mandat) continue de revendiquer le fait que l’île fait partie de son territoire. Il en résulte une situation politique à la fois complexe et tendue qui, un jour, pourrait déboucher sur une crise diplomatique aux conséquences très importantes pour des entreprises comme Nvidia.
C’est en partie pour éviter un tel scénario que l’administration Biden a lancé son Chips & Science Act, un immense plan d’investissement à plusieurs centaines de milliards de dollars spécifiquement conçu pour “contrer” l’influence de la Chine.
Intel fait partie des entreprises qui ont largement bénéficié de cette enveloppe; elle a reçu des subventions importantes pour ouvrir des usines de pointe, avec l’objectif de récupérer une partie de son indépendance.
Un rachat par Elon Musk pourrait donc être encouragé et même facilité par le nouveau gouvernement, qui aurait tout intérêt à voir Intel tomber entre les mains du magnat. Ce n’est un secret pour personne qu’Elon Musk s’est vigoureusement engagé dans la campagne de Donald Trump, et qu’il bénéficie d’une très bonne image parmi les partisans du président fraîchement investi qui le voient comme une sorte de super-génie patriotique.
Une force de frappe financière conséquente
Le dernier argument de poids, c’est que Musk dispose à la fois d’une force de frappe financière très importante (notamment à travers son entreprise SpaceX) et d’une certaine expérience dans le recyclage de grandes entreprises, comme en témoigne son rachat de Twitter / X en 2022. On peut donc imaginer qu’il serait techniquement capable de racheter Intel, dont la valeur a fortement chuté ces derniers temps. Mais serait-ce dans son intérêt ? Probablement. De Tesla à SpaceX en passant par xAI et, dans une certaine mesure, X, une grande partie de son portfolio est sans cesse à la recherche de hardware flambant neuf; en s’offrant un acteur majeur de cette industrie, on imagine que Musk pourrait renforcer encore davantage l’autonomie et la solidité de son empire industriel.
Il convient toutefois de préciser que selon SemiAccurate, même si les équipes de Musk étudient bel et bien une acquisition d’Intel, cela ne signifie pas pour autant qu’elles sont déjà passées à l’offensive ou qu’elles finiront par le faire. Il conviendra donc de patienter en attendant d’éventuelles déclarations officielles. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il faudra surveiller cette affaire comme le lait sur le feu, car ce scénario finalement pas si improbable qu’il en a l’air pourrait chambouler l’écosystème tech que nous connaissons aujourd’hui.
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