Le 26 décembre dernier, la Chine a surpris son monde en testant simultanément deux prototypes de chasseurs de sixième génération. Pas sur une base militaire isolée, mais au-dessus de zones habitées. Résultat : les habitants n’ont pas tardé à enregistrer des images qui ont rapidement fait le tour des réseaux sociaux. Une mise en lumière qui, même si elle n’était pas officielle, ressemble à une démonstration de force bien orchestrée.
Spectacle inattendu dans le ciel chinois
Les experts, eux, s’interrogent. Les deux appareils ont été provisoirement baptisés Chengdu J-36 et Shenyang J-50. Le premier, imposant, se démarque avec une configuration unique à trois moteurs, tandis que le second, plus classique, adopte une conception bimoteur avec des ailes en flèche. Les deux modèles misent sur une silhouette furtive, essentielle pour réduire leur détection radar. Mais cette quête de discrétion semble se faire au détriment de leur maniabilité.
Scaled J-20 vs J-36 (src THX 113)
J-36 nose looks 2x as wide as J-20
2x width -> 4x volume
4x Radar size & interior space for electronic equipment + cooling.
Much wider fuselage & huge space after IWB for power generator, starter motor, batteries & fuel.J-20 already has big… pic.twitter.com/abTeCw9f0z
— tphuang (@tphuang) January 3, 2025
Le J-36, notamment, intrigue par sa taille et sa capacité potentielle à transporter une grande quantité de carburant et d’armements en interne. En revanche, cette conception lourde pourrait limiter ses performances en combat rapproché. Une stratégie délibérée, selon certains analystes, qui y voient un avion pensé pour des missions à longue portée plutôt qu’un rôle traditionnel de chasseur.
Cette présentation chinoise intervient alors que le programme américain de chasseur de sixième génération, baptisé NGAD (Next-Generation Air Dominance), semble dans l’impasse. En cause : des coûts astronomiques, estimés entre 250 et 300 millions de dollars par appareil, et des priorités budgétaires conflictuelles. Washington mise de plus en plus sur des drones de combat pour épauler ses F-35, au lieu d’investir dans un nouvel avion.
Dans ce contexte, la Chine tente de prendre l’avantage. Les prototypes — loin d’être opérationnels — montrent une volonté d’explorer de nouveaux concepts. Le J-36, par exemple, incarne une approche dite de « système de systèmes », où le chasseur collabore avec des drones et des missiles guidés à distance. Il pourrait, par exemple, localiser un porte-avions ennemi avant de transmettre ses coordonnées à une arme longue portée, tout en restant hors de danger.
Pour Pékin, ce type de chasseur lourd, furtif et doté d’une grande autonomie pourrait jouer un rôle clé dans une éventuelle confrontation avec les États-Unis autour de Taïwan. En interdisant l’accès aux forces américaines avant qu’elles n’approchent des côtes chinoises, ce type d’avion répondrait à des besoins stratégiques précis.
Cependant, entre un prototype et un modèle opérationnel, le chemin est long. Développer des moteurs, des capteurs et des matériaux furtifs à la hauteur des ambitions de ces avions reste un défi colossal. Si la Chine a déjà démontré des avancées notables dans les missiles longue portée et les drones, elle reste en retard par rapport aux États-Unis sur des aspects stratégiques comme la propulsion et la furtivité radar. Ces démonstrations impressionnent, mais elles ne garantissent pas que ces avions atteindront les lignes de production.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.