SpaceX a procédé au 7e vol d’essai de son Starship dans la nuit du 16 au 17 janvier, et les résultats ont été pour le moins hétérogène. Si le booster Super Heavy s’en est très bien sorti, on ne peut pas en dire autant du deuxième étage qui a été perdu quelques minutes plus tard.
La première partie de la mission aurait difficilement pu mieux se dérouler. Pour commencer, la mise à feu a été parfaitement maîtrisée alors que le booster Super Heavy était doté d’un système de propulsion partiellement recyclé. Pour la toute première fois, il a embarqué un moteur Raptor récupéré sur le booster qui a été rattrapé lors du 5e vol. Cela montre que la version atmosphérique du Raptor commence à devenir relativement mature ; lentement mais sûrement, SpaceX commence à dompter ces moteurs-fusées qui lui ont donné tant de fil à retordre ces dernières années.
Un carton plein pour le Super Heavy…
Quelques minutes plus tard, la séparation des deux étages s’est également très bien passée — une nouvelle preuve que SpaceX ne s’est pas trompé en implémentant le hot staging lors du deuxième vol d’essai. Pour rappel, il s’agit d’un mode de séparation où le deuxième étage procède à la mise à feu avant que les deux parties ne soient physiquement séparées, à la fois pour simplifier la séquence et pour éviter de perdre de la vélocité, ce qui se traduit par une économie de carburant.
Sept minutes après la fin du compte à rebours, SpaceX a validé le premier objectif majeur de sa mission lorsque le booster Super Heavy a été délicatement rattrapé par les bras de son immense tour de lancement, après que les 33 Raptors aient procédé à une phase de descente et de stabilisation rondement menée. Voir un véhicule de cette taille s’immobiliser dans les airs avec une telle précision reste toujours aussi impressionnant, d’autant plus que c’était seulement la deuxième fois que l’entreprise y est parvenue.
…mais une mauvaise journée pour le Starship
Malheureusement, le deuxième étage — le Starship en lui-même — a connu une journée plus compliquée. La mise à feu de ses six Raptors alternatifs, optimisés pour les hautes altitudes et le vide, s’est déroulée de manière satisfaisante lors de la séparation. Mais quelques minutes plus tard, la situation a tourné au vinaigre. Peu avant la fin de cette phase d’ascension, l’équipe au sol a constaté que certains de ces moteurs avaient dysfonctionné, et qu’elle avait perdu tout contact avec le segment supérieur dans la foulée.
Pour l’instant, l’entreprise n’a pas encore révélé la nature précise de cette « anomalie » qui s’est soldée par une explosion et une pluie de débris, forçant les compagnies aériennes à modifier les plans de vols de leurs avions.
Incredible video of the Starship debris over the Caribbean https://t.co/yMyorWTU1j
— Brian Stelter (@brianstelter) January 17, 2025
Le nouveau système de propulsion en cause ?
Il est toutefois probable qu’elle soit directement liée aux modifications apportées au Starship entre le 6e et le 7e vol. Pour rappel, son système de propulsion a été largement redessiné, notamment avec l’installation de nouveaux capteurs et d’une ligne d’injection flambant neuve.
En théorie, cette dernière devait améliorer la fiabilité et les performances globales de cette version du Raptor. Mais dans ce contexte, il y a fort à parier qu’elle soit liée de près ou de loin à la mésaventure du Starship, sachant que le deuxième étage n’avait plus rencontré ce genre de problème de propulsion depuis belle lurette. Le communiqué officiel indique d’ailleurs qu’un incendie s’est déclaré à l’arrière du fuselage avant l’explosion, ce qui semble renforcer cette interprétation.
Quoi qu’il en soit, à l’heure actuelle, on sait simplement que le deuxième étage a été perdu relativement tôt. Il n’a pas pu réaliser le tour de la Terre et l’amerrissage en douceur qui avait pourtant été bien négociés sur les trois derniers vols. Il n’a pas non plus eu l’occasion de libérer les 10 simulateurs Starlink chargés à bord pour tester la nouvelle procédure de déploiement de la charge utile. Il conviendra donc de guetter une clarification officielle de SpaceX, qui devrait arriver au plus tard d’ici quelques semaines.
Malgré cette déconvenue, l’année du Starship s’annonce très prometteuse. L’entreprise estime que son véhicule va passer un vrai cap en 2025 ; il est encore trop tôt pour dire à quel point il s’approchera de la maturité technique sous les douze prochains mois, mais on peut s’attendre à une montée en gamme substantielle. Rendez-vous lors du huitième vol, qui aura probablement lieu d’ici un ou deux mois.
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