L’installation des compteurs Linky dans les foyers français devait prendre fin à l’horizon 2021, mais il aura fallu attendre quatre ans de plus. Il faut dire que la réticence des consommateurs n’a certainement pas aidé à maintenir ce délai. Le projet de modernisation lancé en 2015 dans une optique de transition énergétique a été la source de débats houleux pendant près de dix ans. Électrosensibilité, risques d’incendie, manque d’intérêt… Les accusations contre le compteur communicant n’ont pas manqué ces dernières années. Mais maintenant que le déploiement touche officiellement à sa fin, les critiques vont-elles s’arrêter pour autant ? Rien n’est moins sûr. Tandis que l’ultime poignée de foyers récalcitrants s’apprête à passer à la caisse, le bilan des avantages présentés par le Linky est loin d’être aussi positif que prévu.
Pénalité pour les retardataires
À partir d’août prochain, l’opposition au compteur Linky pourra coûter jusqu’à 66€ par an. En novembre dernier, la Commission de régulation de l’énergie déclarait que 2,1 millions de foyers n’étaient pas encore équipés du fameux compteur communicant. Les récalcitrants devront s’acquitter de frais supplémentaires pour le prélèvement de leur index de consommation qui seront majorés en cas d’oubli. Sauf dérogation établie par Enedis en cas d’impossibilité d’installation, les Français non équipés devront de payer 6,93€ tous les deux mois, soit 41,59€ par an. En absence de communication de l’index ou de prise de rendez-vous, les frais s’élèveront à 11,11€ tous les deux mois pour un total de 66,66€ par an.
Des promesses à peine tenues
En interrogeant l’Agence de la transition écologique (Ademe) à propos du rapport de la Cour des comptes paru en novembre dernier, le média Reporterre confirme les craintes des consommateurs : le Linky n’a rien de révolutionnaire, ou du moins, pas pour eux. En supprimant les déplacements de techniciens grâce au contrôle à distance des compteurs communicants, Enedis a pu se séparer de près de 2500 employés pour faire suffisamment d’économie et rembourser la totalité de son investissement. Mais quid des Français, y ont-ils gagné quelque chose ?
Dans les grandes lignes, le projet Linky faisait la promesse d’analyser les habitudes des foyers pour adapter la consommation et réduire les dépenses. Mais il n’en est rien. “Les compteurs communicants ne permettent pas à eux seuls de réduire les consommations” précise l’Ademe auprès de Reporterre. Ceux-ci apportent plus d’informations et de précisions aux ménages mais encore faut-il que les consommateurs s’y intéressent et décident d’agir. “Ce qui est déterminant, c’est la motivation et l’accompagnement des ménages” confirme l’agence.
La fonctionnalité principale du Linky permet d’ailleurs de prouver son inefficacité. Pendant la flambée des prix de l’énergie en 2023, même un consommateur modèle qui aurait pris soin de suivre sa consommation toutes les demi-heures comme le permet le compteur n’aurait jamais retrouvé cette même valeur sur sa facture finale. La promesse de payer ce que l’on consomme tombe également à l’eau. Concrètement, les foyers français n’ont d’autre choix que d’espérer une diversification du marché de l’électricité.
Les compteurs Linky ont permis de multiplier les forfaits heures pleines et creuses, mais force est de constater que les fournisseurs n’ont pas cherché à développer plus d’offres personnalisées. Seul l’avenir nous dira si cette ultime promesse sera tenue.
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