Vous ne connaissiez peut-être pas cette application, mais Valérie Pécresse vient de lui offrir un coup de projecteur inattendu. Lundi 13 janvier 2025, la présidente de région Île-de-France a annoncé son intention de déposer plainte contre l’application Akha, qui permet de signaler les contrôleurs dans les transports en commun et les trains. Résultat, le nombre de téléchargements est en hausse.
Une application pratique pour les fraudeurs
Présentée comme le Waze des fraudeurs, l’application Akha repose sur le même fonctionnement participatif que l’application de navigation routière, mais concentre son action sur les lignes de transport en commun, particulièrement le réseau RATP. L’idée est simple : permettre aux usagers de signaler les incidents susceptibles d’affecter le trafic en temps réel. Sans surprise, l’initiative a rapidement trouvé un autre intérêt : celui de répertorier les contrôles en cours sur le réseau francilien. Ainsi, lorsqu’on ouvre l’application, on peut trouver plusieurs indications sur la présence de contrôleurs dans les métros, les trains et les stations : “Contrôleurs à porte d’Auteuil”, “Full contrôleurs 272 direction Argenteuil“, pouvait-on ainsi lire ce matin.
Bien que pratique pour les usagers, la pratique est aussi illégale selon l’article L2242-10 du Code des transports qui indique que “le fait diffuser, par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support, tout message de nature à signaler la présence de contrôleurs […] est puni de deux mois d’emprisonnement et de 3 750 euros d’amende”.
Un bel exemple d’effet Streisand
En voulant à tout prix interdire une application destinée aux “délinquants et criminels” qu’elle tient en partie pour responsable des plus de 700 millions d’euros de fraude annuels, Valérie Pécresse a surtout offert à Akha un coup de communication inespéré. L’application, lancée en septembre 2023 ne comptait que quelques milliers de téléchargements, elle était jusque-là passée sous les radars des autorités. Depuis quelques jours, elle cumule plus de 10 000 installations sur le Playstore de Google.
De son côté, Valérie Pécresse persiste et signe. La présidente de région a indiqué avoir “mis en demeure le propriétaire de l’appli, Google Play et App Store de fermer sans délai ces fonctionnalités”. L’autorité organisatrice de la mobilité va également porter plainte : ” Frauder c’est voler et la sécurité des transports est notre priorité !”, rappelle la femme politique. Reste que l’application était toujours accessible et parfaitement opérationnelle ce matin. Sur notre trajet, plusieurs incidents signalés ont pu être vérifiés en temps réel.
Sur les réseaux sociaux, l’application a quant à elle profité de ce coup de projecteur inattendu pour partager une page de financement participatif, visant à étendre son champ d’action au reste des réseaux de transport en commun des grandes villes du monde. Plus que les contrôles des titres de transport, elle indique avoir pour objectif de signaler non seulement les perturbations du trafic, mais aussi la présence de pickpockets et de harceleurs.
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