Le décret n°2025-33 du 9 janvier 2025, entré en vigueur le 11 janvier, marque un tournant majeur dans le Code de la route, légalisant une pratique longtemps tolérée mais jamais vraiment encadrée pour les motards.
Une longue période d’observation
Cette décision fait suite à une longue période d’observation et d’évaluation. Depuis 2016, plusieurs phases d’expérimentation ont été menées dans différents départements français, permettant de collecter des données précieuses sur la sécurité et l’efficacité de cette pratique. Le dernier rapport du CEREMA (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) a joué un rôle crucial dans cette décision, mettant en évidence une accidentalité stable et soulignant l’importance du respect des règles, notamment en matière de vitesse.
La nouvelle réglementation définit clairement les conditions dans lesquelles la circulation interfiles est autorisée. Elle concerne les deux et trois-roues motorisés d’une largeur maximale d’un mètre et s’applique sur les autoroutes et les routes à au moins deux voies dans chaque sens, séparées par un terre-plein central, où la vitesse maximale autorisée est d’au moins 70 km/h. Le périphérique parisien fait exception à cette règle, étant inclus malgré sa limitation à 50 km/h.
Des règles à respecter
Les conducteurs doivent respecter des règles strictes : la circulation interfiles n’est permise qu’entre les deux files les plus à gauche, lorsque le trafic est dense et que les véhicules roulent à faible vitesse. La vitesse des deux-roues est limitée à 50 km/h, et même à 30 km/h si l’une des files est à l’arrêt. Il est interdit de forcer le passage ou de dépasser un autre véhicule déjà en interfiles.
Cette légalisation est accueillie avec enthousiasme par les associations de motards, qui y voient une reconnaissance de leurs besoins spécifiques en matière de mobilité urbaine. François Bénard, coordinateur de la Fédération Française des Motards en Colère du Calvados, souligne que cette pratique permet de fluidifier le trafic : “Une moto qui remonte une file, c’est une voiture de moins dans le bouchon“.
L’un des aspects les plus importants de cette légalisation est son impact sur la formation des conducteurs. Désormais, la circulation interfiles sera enseignée dans les auto-écoles, tant pour les futurs motards que pour les automobilistes. Mustapha Bousabbagh, moniteur d’auto-école à Caen, explique : “On cherchera toujours à rouler le plus à droite possible quand on est sur la voie de droite, et le plus à gauche possible quand on est sur la file de gauche, afin de libérer cet espace vital qui est le couloir pour que les motos puissent s’inter-filer“.
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Des sanctions pour non respect
Cependant, cette nouvelle liberté s’accompagne de responsabilités accrues. Le non-respect des conditions de la CIF est désormais passible d’une contravention de 4ème classe, d’une amende forfaitaire de 135 euros et d’un retrait de 3 points sur le permis de conduire. Ces sanctions visent à garantir une pratique sûre et respectueuse de tous les usagers de la route.
La légalisation de la circulation interfiles représente un pas important vers une meilleure cohabitation entre les différents usagers de la route. Elle reconnaît les avantages de cette pratique en termes de fluidification du trafic, tout en établissant un cadre clair pour assurer la sécurité de tous.
Pour les motards, c’est l’aboutissement d’un long combat. Pour les autorités, c’est un pari sur la responsabilisation des conducteurs. L’avenir dira si cette décision contribuera effectivement à réduire les accidents et à améliorer la circulation dans les grandes agglomérations françaises.
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