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La voix française de Stallone recréée grâce à l’IA… c’est catastrophique

Eleven Labs a utilisé l’intelligence artificielle pour mimiquer la voix d’Alain Dorval, comédien de doublage emblématique et habitué des films de Sylvester Stallone.

L’intelligence artificielle inquiète… et pas qu’à Hollywood. Un an après une grève sans précédent de l’autre côté de l’Atlantique, où l’émergence de ces technologies était au cœur des frictions, la société Eleven Labs relance les débats. Spécialisée dans les outils de machine-learning, l’entreprise parisienne vient de dévoiler son nouveau fait d’armes. Plus d’une année après la mort d’Alain Dorval, connue pour prêter sa voix à Sylvester Stallone depuis les années 70, l’entreprise annonce être parvenue à créer un clone vocal assez convaincant pour accompagner certaines scènes du prochain film de l’acteur américain. Sur les réseaux sociaux, un extrait a été partagé. On y découvre plusieurs scènes d’action faisant intervenir Stallone et donc le clone IA de sa voix française.

La séquence interroge sur les limites de tels procédés, rendu robotique et voix qui manque de nuances, mais aussi sur le bienfondé d’une telle démarche. Sur une publication, repérée par Voix Ouf Allociné et supprimée depuis, Eleven Labs explique : “En mars 2025, Armored sera présenté en première en France comme en tant que premier long-métrage à utiliser notre doublage IA. Nous avons collaboré avec Lumière Ventures et la succession d’Alain Dorval, la voix française emblématique de Sylvester Stallone pour garantir que son œuvre perdure et que le public français entendre les personnages de Stallone comme ils l’ont toujours fait”.

Le communiqué de presse, envoyé à Variety notamment, rapporte aussi les propos de la fille du comédien. “Nous voulions faire quelque chose qui honore le métier et l’héritage de mon père. Il y a une différence fondamentale entre créer artificiellement une nouvelle voix — et mon père s’y opposait fermement — et redonner vie à un acteur dont la voix est profondément ancrée dans notre imaginaire collectif”. Depuis ces déclarations, Aurore Bergé (Ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations) est revenue sur les circonstances de cette expérimentation.

“Uniquement un essai…”

Sur Twitter, Aurore Bergé explique avoir donné son “accord pour un essai. Uniquement un essai. Un accord me garantissant strictement que ma mère et moi-même serions en validation finale avant toute utilisation / publication (…) Je découvre… sur X que cet engagement n’est pas respecté. Je n’ai jamais validé une telle diffusion . Et mon père ne l’aurait jamais validée en l’état”. Elle a ajouté sur Instagram que ce double numérique ne sera pas utilisé pour le film. En effet, le doublage de Stallone a été confié à un autre acteur.

Quoi qu’il en soit, cette expérimentation fait couler beaucoup d’encre. Certains comédiens de doublage se sont exprimés sur le sujet, à l’image de Donald Reignoux (The Amazing Spider-Man) qui interroge l’accord de la famille pour cet essai, tout en rappelant l’engagement d’Alain Dorval pour la préservation de ce corps de métier. “Mais déjà pourquoi un essai ? Votre père était un grand monsieur du doublage et je pense, ce n’est que mon avis, n’aurait pas aimé poser le premier pas vers la destruction du métier qu’il a tant aimé et en plus… Défendu”. 

Rappelons qu’une pétition a été lancée le 10 janvier 2024 et appelle le gouvernement à légiférer. “Il est du devoir des pouvoirs publics d’agir, non pour empêcher l’innovation, mais pour réguler le développement de l’IA générative de manière à protéger les artistes, les œuvres, la culture et l’emploi. Le gouvernement reste sourd à nos demandes, en prétextant l’urgence de développer des outils français et européens, face aux géants américains et chinois. Mais ces mêmes pays, étonnamment, semblent plus prêts à réguler que le nôtre”. Elle affiche déjà plus de 162 000 signatures. L’une des grandes victoires des grèves à Hollywood en 2023 reposait sur la définition de premières obligations de transparences et de rémunération pour les studios lorsqu’ils utilisaient des outils dopés à l’IA.

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