Le bras de fer entre l’Union européenne et Elon Musk ne fait que commencer. Dans quelques jours, le milliardaire prendra ses fonctions au sein du gouvernement Trump. Il sera à la tête du nouveau ministère de l’efficacité gouvernementale. Une telle entrée en politique inquiète évidemment Bruxelles, surtout au sujet de son réseau social X. Tandis que les citoyens allemands sont invités à se rendre dans les urnes le 23 février prochain, pour les élections fédérales, certains députés appellent l’Union à prendre des mesures d’urgence pour protéger ces scrutins. Le média allemand Handelsblatt a pu mettre la main sur le brouillon d’une lettre qui aurait été envoyée à la vice-présidente exécutive de la Commission européenne chargée de la souveraineté technologique, à la sécurité et à la démocratie, des technologies numériques et d’avant-garde.
On peut y lire : “L’engagement personnel de Musk dans la campagne électorale fédérale allemande, son futur poste clé au sein du gouvernement américain et son pouvoir d’influencer l’agenda politique en Allemagne via le contrôle algorithmique sur la plateforme X” représente “un risque systémique” pour les prochaines élections dans le pays. Il faut dire que Musk est sur toutes les lèvres outre-Rhin.
Quelque temps avant Noël, l’homme d’affaires écrivait sur le réseau social : “Seule l’AfD peut sauver l’Allemagne”, en référence au parti d’extrême droite du pays. Une prise de position qui inquiète, notamment dans la manière dont les publications des différents partis pourraient être mises en avant sur la plateforme ou invisibilisées pour correspondre à la position de son propriétaire.
Depuis le scandale Facebook-Cambridge Analytica, l’impact des plateformes du genre dans les urnes n’est plus à prouver. L’Union européenne est donc aux aguets. Les régulateurs ont d’ailleurs annoncé qu’ils surveilleront de près un entretien organisé par Musk sur X, avec la tête de liste de l’extrême droite allemande Alice Weidel.
“Permettrait de rétablir la liberté d’expression… pour tous”
Pour endiguer ce risque démocratique, certains députés européens demandent la désactivation de l’algorithme de recommandation sur X. Concrètement, les signataires de la lettre veulent que les outils mis en place pour promouvoir certaines publications plus que d’autres soient mis hors d’état de fonctionnement afin de donner plus de place à tous les discours. L’eurodéputée Alexandra Geese (Verts) explique à Handelsblatt : “cela ne supprimerait pas un seul contenu, mais la liberté d’expression serait rétablie pour tous”.
L’initiative devrait, selon le quotidien germanique, “trouver une large majorité au Parlement européen”. La demande doit être transmise vendredi. À noter qu’il existe déjà plusieurs procédures contre X au sein de l’Union européenne pour violation du DSA, le règlement européen sur les services numériques. X comptent parmi les acteurs de grandes lignes particulièrement surveillés sur le Vieux Continent, de ceux qui doivent prendre des mesures contre la désinformation, les discours de haine et la propagande. Pour rappel, en cas d’urgence pour la liberté d’expression ou la démocratie, l’UE est en mesure d’interdire provisoirement la plateforme sur son territoire.
La demande des députés européens intervient quelques jours après la publication d’une vidéo de Mark Zuckerberg au sujet des changements de modération sur l’ensemble de ses réseaux. Au cours des prochains mois, Facebook, Instagram et Threads vont abandonner le recours aux fact-checkers au profit de notes communautaires, comme c’est le cas sur X. Il avait d’ailleurs mentionné les lois européennes, accusant l’Union européenne d’avoir “institutionnaliser la censure” et d’empêcher les entreprises américaines “d’innover”.
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