Depuis quelques années, de nombreuses startups se sont lancées dans la conception d’une nouvelle génération d’appareils volants électriques à décollage vertical, ou eVTOL. Force est de constater que cette soi-disant révolution des transports a pris du plomb dans l’aile, avec de nombreux acteurs qui ont fini par mettre la clé sous la porte après avoir sous-estimé la complexité financière, réglementaire et technique de ces projets. Mais certaines entreprises continuent d’y croire dur comme fer ; c’est notamment le cas de Rictor, qui a dévoilé un étrange concept de mobylette volante.
Jusqu’à présent, cette entreprise s’est concentrée sur le développement de deux-roues électriques. Elle commercialise notamment le K1, un e-bike haut de gamme qui se démarque grâce à son look vintage. Désormais, elle semble déterminée à passer dans une nouvelle dimension — littéralement. En effet, elle a profité du CES 2025 pour présenter le Skyrider X1, un nouvel engin électrique capable de se déplacer non seulement sur la route, mais aussi de s’élever dans les airs.
Démocratiser l’aéronautique
Techniquement, le Skyrider rentre dans la catégorie des eVTOL, puisqu’il est alimenté à l’électricité et qu’il a vocation à décoller à la verticale comme un hélicoptère. Pour cela, il dispose d’un ensemble de 8 propulseurs à hélices qui lui permettent de voler à environ 100 km/h, et se replient sur les flancs lorsqu’il fait usage de ses roues.
Une fois dans les airs, son autonomie dépendra du modèle. Pour le moment, Rictor en a annoncé deux variantes : le Skydrider X1 SL, qui revendique 25 minutes de vol avec sa batterie de 10,5 kWh, et le X1 SX, qui vise les 40 minutes de vol grâce à son accumulateur de 21 kWh.
Pour ce qui est du pilotage, Rictor affirme que l’une de ses priorités est de rendre l’engin facile à utiliser, même pour une personne qui ne dispose d’aucune expérience dans le pilotage d’aéronefs. Par exemple, toutes les manœuvres de décollage et d’atterrissage devraient être entièrement automatisées. Même chose pour la navigation ; l’itinéraire ainsi que le comportement en vol du Skyrider sera automatiquement calculé et ajusté en fonction des réserves d’énergie et d’autres paramètres comme la météo. Le communiqué précise qu’il sera tout de même doté d’un joystick pour contrôler l’appareil manuellement, mais il devrait tout de même être utilisable par une personne lambda.
Une niche industrielle
Il s’agit donc d’un projet très ambitieux, surtout lorsqu’on tient compte du fait que l’entreprise compte commercialiser son Skyrider dès 2026 — un calendrier au mieux optimiste, et au pire carrément absurde. Il suffit de se pencher sur l’historique des autres pionniers du secteur pour s’en convaincre ; de nombreuses startups du même genre n’ont jamais réussi à amener leur produit à maturité. Et même si c’était le cas, l’aspect réglementaire risque également de poser problème. Il va sans dire que le fait de mettre des appareils de ce genre dans les mains des particuliers risque de faire émerger de nombreux problèmes, notamment en termes de sécurité et de compatibilité avec l’infrastructure actuelle.
On peut notamment citer l’exemple de Volocopter, l’entreprise qui prévoyait de faire circuler des taxis volants pendant les Jeux Olympiques de Paris. L’entreprise a finalement échoué à obtenir les autorisations nécessaires, et s’est retrouvée dans une situation financière particulièrement précaire.
Dans ce contexte, on peut légitimement se montrer sceptique vis-à-vis des perspectives d’avenir de Rictor. Rendez-vous l’année prochaine pour voir si la firme réussira là où tant d’autres ont échoué, devenant ainsi la première à faire passer ces mini-aéronefs de la fiction à la réalité, ou si elle viendra elle-aussi alimenter ce cimetière industriel qui ne cesse de grandir.
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