Lancé en décembre 2022 par la NASA et le CNES (Centre National d’Études Spatiales), le satellite SWOT (Surface Water and Ocean Topography) n’a pas chômé depuis sa mise en orbite. En à peine un an, ses données ont permis de cartographier le fond des océans avec une précision inégalée. Là où les précédentes technologies, notamment les satellites plus anciens et les relevés réalisés par bateau, se contentaient d’images floues, SWOT a apporté des détails vraiment surprenants.
Des reliefs sous-marins enfin visibles
« Je suis très étonnée par les résultats, notamment par la quantité de collines abyssales que nous avons pu observer en si peu de temps », raconte Yao Yu, géographe à l’Institut Scripps d’océanographie et co-autrice de l’étude publiée dans la revue Science.
Ces collines, invisibles jusqu’alors, sont des formations parallèles de quelques centaines de mètres de haut, créées par le mouvement des plaques tectoniques. Grâce aux nouvelles données, l’équipe a même remarqué des changements dans leur orientation, un indice précieux pour retracer les mouvements passés de ces plaques.
Outre ces collines abyssales, SWOT a également identifié des milliers de petits volcans sous-marins, appelés monts sous-marins. Mesurant moins de 1.000 mètres de haut, ils étaient passés inaperçus jusqu’ici. Leur importance est pourtant considérable : ces structures influencent les courants océaniques et constituent des zones riches en biodiversité.
Mais comment SWOT parvient-il à cartographier ces fonds marins ? Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’eau à la surface des océans n’est pas totalement plane. La gravité des structures sous-marines, qu’il s’agisse de volcans ou de collines, attire légèrement l’eau vers elles, formant des « bosses » presque imperceptibles à l’œil nu. En mesurant ces minuscules variations de hauteur, SWOT dévoile ce qui se cache sous la surface.
Ces données précieuses ont aussi permis d’affiner les cartes des marges continentales, ces zones où les continents rencontrent les océans. « Les courants et les marées y transportent des nutriments et des sédiments, influençant directement les écosystèmes côtiers », explique Yao Yu.
Les océans restent en grande partie inexplorés : seuls 25 % des fonds marins ont été cartographiés précisément, principalement par des navires équipés de sonars. SWOT change la donne en couvrant une grande partie de la planète tous les 21 jours, avec une résolution de 8 kilomètres. Certes, on est encore loin du niveau de détail qu’apportent les relevés effectués depuis des bateaux (200 mètres de résolution), mais SWOT offre une vision globale sans précédent, notamment pour les trois quarts des fonds marins inaccessibles aux navires.
Pour les scientifiques, cette avancée ouvre la porte à de nombreuses découvertes. Les futures observations de SWOT pourraient notamment détecter des éruptions volcaniques sous-marines ou suivre les changements subtils dans la gravité marine.
« Avec plus de données, on pourra encore affiner nos analyses et comprendre des phénomènes comme les vagues internes ou l’évolution des courants océaniques », se réjouit Yao Yu. Il reste encore deux ans à la mission SWOT pour poursuivre ses observations. D’ici là, les chercheurs auront de quoi nourrir leurs études et, peut-être, lever le voile sur d’autres mystères des profondeurs.
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