Avant de commencer, force est de constater qu’une chose se dégage fortement de ce premier trailer officiel pour Superman : la façon dont le style de James Gunn est venu épouser le monde d’un des deux super-héros phares, avec Batman, de la maison d’édition DC Comics. Pas de surenchère visuelle, pas d’humour – même si le réalisateur a indiqué qu’il y en aurait, mais avec parcimonie – mais un monde coloré, très coloré, digne d’une planche de comics finalement et une revisite par le compositeur John Murphy du thème musical d’origine écrite par John Williams. James Gunn n’a pas cherché à imposer sa patte, il l’a adapté au produit qu’il défend, preuve qu’il tentera jusqu’au bout d’honorer sa promesse : faire honneur au mythe de Superman.
L’anatomie d’une chute
Le trailer de 2 minutes 20 publié par DC Studios sur leur compte Youtube et qui cumule au moment où nous écrivons ces lignes 19 millions de vues commence par une chute dans une étendue désertique enneigée. Il s’agit de Superman, le visage marqué, couvert d’ecchymoses et la bouche en sang. L’homme d’Acier… ne l’est pas, il a visiblement passé un sale quart d’heure – à cause de Lex Luthor ? d’une menace encore plus grande -, il semble faible et sa respiration est sifflante, douloureuse. Superman souffre (on va le voir galérer à plusieurs reprises dans la bande-annonce, autant pour repousser un immeuble que pour retourner un ennemi) et n’a jamais semblé aussi vulnérable qu’à cet instant.
Le message est fort de la part de James Gunn : son Superman est profondément humain, une volonté assumée de la part du réalisateur, qui rappelle par ce choix que son super-héros ne roule pas toujours sur ces ennemis dans les comics. James Gunn a confié à la presse que ce passage devait être vu comme une métaphore de l’Amérique et de son état actuel. Si on pousse l’analyse un peu plus loin, on pourrait même se dire que le réalisateur fait un clin d’oeil osé à l’état dans lequel il a récupéré le DCEU, complètement plombé et à la dérive après les échecs commerciaux et retentissants de The Flash, Shazam 2, ou encore de Black Adam avant de le rebooter.
Un hommage à… Dragon Ball Z (vraiment ?)
On a fait l’analogie pour l’humour, mais on ne peut s’empêcher de penser à une scène iconique de l’oeuvre d’Akira Toriyama où l’on retrouve le personnage de Yamcha, inanimé et étendu au sol, face contre terre, abattu et tué par l’explosion d’un Saibaman. Ce cliché fait office de mème depuis – la Yamcha pose -, un mème sur lequel les internautes ont sauté sur les réseaux sociaux, faisant immédiatement le rapprochement avec la pose inerte de Superman. Pas sûr, en revanche, que James Gunn ait volontairement fait ce clin d’oeil.
Un Clark vraiment maladroit et un hommage (déjà) à Christopher Reeves
Les images d’après tranchent complètement avec les plans, assez violents tout de même, de Superman en grande difficulté. Là, on retrouve Clark Kent, son identité civile, avec les cheveux en pétards, pas coiffé donc et un air gauche au moment de se frayer un chemin dans la foule en direction de son lieu de travail, le Daily Planet.
On retrouve là tout le paradoxe du personnage, qui essaie de se fondre dans la masse, de cacher sa musculature, d’être Monsieur tout-le-monde alors qu’il fait une tête de plus que les autres… On l’avait déjà ressenti lors du reveal du premier visuel officiel – avec le slogan “Levez la tête” – mais il se dégage une vibe à la Christopher Reeves, l’acteur le plus mythique à avoir porté le costume au cinéma. Même façon de se déplacer, même mimique. L’héritage est déjà posé.
Premiers aperçus du Daily Planet
Ce sera forcément l’un des lieux importants du film et le trailer ne traîne pas en longueur pour nous le montrer. Le teaser nous avait offert une vue d’ensemble du Daily Planet, cette fois c’est par son entrée que l’on découvre le célèbre journal de Metropolis. Le plan suivant nous en montre l’intérieur, ainsi qu’un Clark penaud dans ses habits, avec un costume un peu trop large pour lui.
Clark est toujours aussi gauche et benêt dans sa gestuelle, pour preuve, ce moment où Lois le regarde se retourner alors qu’il semble avoir entendu quelque chose… et être prêt à changer de tenue pour intervenir. Là encore, James Gunn tient parole : il avait confié très tôt vouloir s’inspirer du comics All-Star Superman. Dans ce dernier, Clark voûte volontairement son dos et accentue son côté bêta pour tenter de cacher sa vraie nature.
Lois, Jimmy ? Bonjour !
Ah Lois ! Le trailer met rapidement en lumière le personnage iconique interprétée par Rachel Brosnahan. Celle-ci a de la prestance, de l’allure et une coupe de cheveux fidèle aux comics. Surtout, en un plan et un regard lancé vers Clark, il se dégage deux sentiments : la complicité entre les deux personnages, que l’on reverra plus tard dans la bande-annonce et le fait qu’elle connaisse l’identité secrète de Clark.
Si vous aviez raté le fil d’actualité autour des informations distillées ici et là par James Gunn, ce dernier avait déjà confié que dans son film, le monde entier connait Superman, que Lois et Clark se connaissent et que la journaliste est bien au courant de la double vie de son collègue et amoureux. Sur le plan large où l’on voit Lois se déplacer, on aperçoit également un autre personnage clé du Daily Planet, Jimmy Olsen. En revanche, aucune image (encore) du rédacteur en chef, Perry White (Wendell Pierce).
Clark-Jonathan Kent, une relation forte et touchante
On retrouve aussi l’un des premiers moments “émotion” de ce trailer : la ferme des Kent. C’est là que l’on voit le père de Clark, Jonathan (Pruitt Taylor Vince), au look fidèle au personnage, à savoir celui du bon vieux fermier. Les deux sont complices et on voit Clark prendre littéralement son père dans ses bras. Cette pose n’est pas sans rappeler les comics et certaines pages de Superman For All Seasons d’ailleurs. La relation entre l’Homme d’Acier et ses parents humains a toujours été importante et fondatrice pour le personnage.
Dans les comics, comme dans les produits télévisés (Lois et Clark, les nouvelles aventures de Superman, Smallville) et au cinéma (Man of Steel), c’est Jonathan qui s’occupe d’éduquer et de façonner l’état d’esprit de Clark. Si Jor-El a bien transmis le muscle et ses pouvoirs à son fils, c’est à Jonathan Kent que Superman doit toutes les valeurs qui sont les siennes : bonté, gentillesse, don de soins, sacrifice. Tout ce que le film de James Gunn veut mettre en avant en soi.
Krypto, l’autre star du trailer
Ce n’était pas une surprise, on savait que Krypto, le super-chien, accompagnerait le nouveau Superman dans ses aventures au cinéma. Mais on n’avait aucune idée de comment James Gunn allait l’introduire dans son film. C’est dans un tourbillon de poussière de neige que Krypto, sifflé par son maître, fonce à son secours.
La séquence est aussi décalée que mignonne avec le gros plan sur le chien, qui regarde fixement Clark en attendant de savoir ce que souhaite son maître en piteux état. Ce dernier souhaite rentrer “à la maison” et va se faire trainer dans la neige par son super-chien.
Superman est humain oui mais aussi surpuissant
Si James Gunn a pris le parti de montrer une facette plus humaine de son personnage, ce n’est pas pour autant que ce dernier n’est pas l’homme le plus puissant du monde et par monde, on parle de la Terre évidemment. Un plan suffit à le rappeler et à nos yeux, c’est l’un des principaux de cette bande-annonce : alors qu’une gamine est à deux doigts de vivre une mort certaine suite à l’attaque en pleine ville de ce qui semble bien être un kaiju, Superman intervient à la vitesse de l’éclair et fait opposition de son corps pour protéger l’écolière.
Le ralenti, les détails, les éléments qui explosent et implosent autour de l’ange de Métropolis, le contraste entre la bienveillance de Clark et la violence de l’impact autour de lui est absolument saisissante. Si jusqu’à présent les plans précédents avaient suscité à nos yeux une très grande curiosité, ainsi qu’un rappel à des références tirées pour la plupart des comics, ce plan-là, lui, est là pour la hype. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est réussi. Et ce n’est pas la fin du trailer, avec un Superman, qui résiste aux flammes puis prend son envol de façon puissante et majestueuse, qui mettra cette sensation en péril.
Un Luthor qui a à la haine
Un plan rapide, presque furtif, nous montre ensuite Superman déchirer le ciel sous les yeux d’un Lex Luthor déterminé qui se retourne et semble donner des ordres du haut de la tour de LuthorCorp, au look rétro futuriste. Nicholas Hoult, qui n’en est pas à son coup d’essai dans le monde des super-héros – il a incarné Le Fauve dans la saga X-Men – délivre en quelques plans plusieurs facettes de son personnage, qui est le méchant officiel du film. “Lex Luthor déteste Superman dès le début du film, même s’ils ne se connaissent pas personnellement” a notamment expliqué James Gunn.
Une haine qui se traduit sur l’image suivante, où on voit Lex, qui a des fortes allures de l’agent 47 dans le jeu vidéo Hitman, tenir un pistolet à la main et être prêt à s’en servir en entendant le mot Superman être prononcé. A noter d’ailleurs qu’en dehors des deux phrases prononcées par Clark – “Krypto, à la maison. Ramène-moi à la maison”, le mot Superman est le seul dialogue présent tout au long de la bande-annonce. On triche un peu pour lier cette partie sur Lex Luthor mais un peu plus tard dans le trailer, on revoit l’intéressé avec le visage en sang et des larmes de rage dans les yeux. Là encore, le regard est déterminé. A faire du mal à Superman ? Sans aucun doute.
Le S, le symbole de l’espoir
S’il a puisé dans les comics, James Gunn n’a pas renié ce que ces confrères ont proposé comme version de Superman par le passé. Au contraire. Richard Donner (Superman en 1978), Zack Snyder (Man of Steel, 2013) l’ont également inspiré. Notamment le deuxième avec cette séquence où l’on se retrouve en Afrique, en Boravie, un lieu que l’on n’avait plus cité dans les comics depuis des lustres dans les comics. Gunn a bossé son sujet mais il a travaillé aussi le message qu’il veut délivrer dans ce film.
Alors que les choses tournent visiblement très mal en Boravie (Boravia en VO), un jeune garçon brandit un bâton avec un drapeau de fortune, où l’on peut voir le logo de Superman. Le fameux S, dont le sens est expliqué dans cette scène de Man of Steel entre Lois et Clark, quand ce dernier se retrouve menotté et faisant face à la journaliste pour un interrogatoire. Le symbole de l’espoir, du dernier espoir représenté par le Kryptonien aux yeux de la population.
Superman prisonnier puis conspué
Dans l’ordre du trailer, on voit Superman emprisonné dans une cage de verre et la briser d’un seul coup de poing. On distingue des formes autour de sa cage sans savoir s’il s’agit de statues ou de véritables êtres humains. Si ces deux plans n’auront peut-être rien à voir dans la version finale, on ne peut s’empêcher d’associer cette cage – les fameuses coupures au visage de Lex proviendraient-elles des bouts de verre de cette même cage ? – à la séquence où l’on voit Superman en costume boueux et abîmé se faire conspuer par la foule, recevoir une canette en pleine tête et pénétrer dans un bâtiment. Pourquoi notre héros était-il enfermé dans une cage ? On sait que Rick Flag Sr (Frank Grillo) lui passera les menottes, aux côtés de deux autres personnages, Ultraman et l’Ingénieure. Reste à savoir si cette cage a bel et bien un rapport avec le moment où il sera menotté.
D’ailleurs, si vous avez l’oeil dans ce trailer, vous aurez remarqué que le costume de Clark change dans cette bande-annonce (tantôt bleu clair, tantôt bleu foncé, avec le slip par-dessus et sans slip par-dessus). Ce qui veut dire qu’il devrait y avoir une évolution du costume durant le film. Mais revenons-en à la colère des habitants. Qu’a donc fait Superman ou même, que n’a-t-il pas fait pour avoir provoqué l’ire de la population de Metropolis ?
Clark semble en proie au doute et à la frustration. Surtout, il semble vouloir réprimer ses sentiments et une certaine colère. Les plus malins auront relevé l’identité du bâtiment dans lequel Superman semble trouver refuge : il s’agit de Stagg Industries, entreprise fondée par Simon Stagg, un méchant de l’univers DC Comics liée à la création de Métamorpho, lui aussi présent dans ce film.
Guy Gardner (et sa coupe dégueulasse), Hawkgirl, Mr Terrific, un monde de super-héros
C’est aussi lorsqu’il se retrouve dans le hall de l’immeuble de Stagg Industries que Superman croise dans cette bande-annonce le chemin de deux autres super-héros, Guy Gardner et Hawkgirl. Le premier, joué par Nathan Fillion, n’est autre qu’un Green Lantern et un des nombreux porteurs terrestres de l’anneau vert. Son style dénote celui de Hal Jordan par exemple.
Gardner a un tempérament facilement bouillonnant et impulsif et cela se traduit en une seconde, quand il se sert de sa bague pour mettre au silence les cris de la foule autour du bâtiment. Si sa coupe de cheveux vous frise (c’est notre cas), ainsi que son look, dites-vous que les deux sont totalement comics accurate, donc très proches du produit source. Mouais. Quant à Hawkgirl, interprétée par Isabela Merced, elle nous montre un petit aperçu de ses pouvoirs le plan suivant, en prenant son envol pour aller frapper un ennemi.
Le Kaiju que l’on voit juste après ? On ne sait pas. Ce qui est sûr, c’est que l’on voit des monstres géants et des super-héros aux pouvoirs… divins. Une référence loin d’être anodine au chapitre 1 du DCU de James Gunn, “Gods and Monsters” (des Dieux et des monstres), puisque si Creature Commandos a officiellement lancé ce nouvel univers connecté, Superman en est le point névralgique, le Hub duquel doivent se lancer les autres intrigues fortes de ce monde. Surtout, Gunn nous livre une Metropolis fidèle aux comics : des monstres, des ennemis, des tours qui s’effondrent… le quotidien finalement classique de Superman. Mais surtout un terrain de jeu dans lequel les super-héros sont déjà implantés, à leur place, font partie intégrante de la vie de la cité.
Un point rassurant quand on voit le nombre de personnages annoncés dans ce film. Et ceux qu’on n’a pas vu et qui sont crédités (Rick Flag Sr, L’ingénieure). D’ailleurs, on ne peut pas finir ce passage sans évoquer le look totalement réussi de Mr Terrific (Edi Gathegi), que les fans de la série Arrow ont pu découvrir. Ce héros n’a pas de pouvoirs mais une super intelligence et ses T-Sphères, des appareils miniatures dotés d’intelligence artificielle et qu’il peut contrôler grâce à son masque. Dans les comics, les T-Sphères sont capables de pirater des ordinateurs, de libérer des charges électriques ou de créer des images holographiques. En l’occurrence ici, elles peuvent aussi générer un champ de forces, comme le montrent la bande-annonce, qui l’opposent à des gardes en armure.
Enfin, on a pu avoir dans ce trailer un premier aperçu – furtif – de Metamorpho, ainsi que le dos de ce qui semble bien être Ultraman, l’adversaire que Superman affronte dans le stade des Météores de Metropolis. Quand on sait que Gunn s’est inspiré un peu de Game of Thrones pour poser son univers rempli de super-héros, on peut supposer que les motivations des uns et des autres ne sauront pas toutes claires, ambigües et qu’il y aura peut-être une lutte de pouvoir entre eux.
La forteresse de solitude, l’hommage à Donner
Si la mèche rebelle qu’arbore Clark quand il devient Superman nous renvoie aux coupes de cheveux d’Henry Cavill et de Christopher Reeves dans leurs films respectifs, un autre élément fait référence à un ancien film Superman, celui de Richard Donner cette fois : la forteresse de solitude, ce lieu de cristaux dans lequel le super-héros venu de Krypton peut entrer en contact avec son passé et communiquer avec son père Jor-El.
On observe un moment triste entre Superman et un robot détruit qui semble être Kelex, le gardien du temple de cette forteresse de solitude et héritage lui aussi de Krypton. Un acte de cruauté commis par… Lex Luthor ? C’est notamment dans le look des cristaux et de cette forteresse de solitude que l’on peut ressentir l’inspiration prise du Superman de Richard Donner.
L’amour, l’amour
Si James Gunn insiste bien sur l’aspect humain qu’il veut donner à son Superman, il va aussi faire de la relation amoureuse entre Lois et Clark un des points forts et importants de son film. C’est en tout cas ce qui transpire de cette bande-annonce où on peut voir plusieurs moments complices, des échanges de baisers dont un qui va rester : celui où l’on peut voir les tourtereaux s’embrasser alors qu’ils volent au-dessus du sol dans ce qui semble être une galerie marchande.
Au fait, c’est quoi ce laser dans le ciel ?
Bonne question. Présente depuis le premier reveal du costume du personnage – vous savez cette photo où on voit Clark en train de finir de chausser ses bottes – cette espèce de boule projetant un laser violet dans le ciel ne dit rien qui vaille. Est-ce une invention de Lex Luthor ? Toujours est-il que Superman devra bien s’en occuper. Et le fait de laisser cet objet en toile de fond dans ce trailer signifie bien que Gunn veut garder le mystère jusqu’au bout sur ce dernier. Ou du moins, jusqu’à la prochaine bande-annonce, qui sait ?
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