Bruce Banner n’a qu’à bien se tenir. Lorsque vous consommez de l’eau du robinet, vous ingérez peut-être aussi des déchets radioactifs. C’est en tout cas ce que révèle une étude, récemment publiée par Mediapart, en collaboration avec la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (Criirad).
Quelles sont les communes touchées ?
Pour dix millions de Français, soit plus d’un Français sur sept, l’eau du robinet est contaminée par des rejets de tritium, qui proviennent des centrales nucléaires environnantes. C’est d’autant plus préoccupant que les mesures enregistrées font état de 2 Bq/L (une unité de mesure de radioactivité), soit un taux cinq fois supérieur à la normale.
Parmi les villes les plus touchées, on retrouve principalement des communes placées sur des cours d’eau le long desquels sont établies des centrales nucléaires, à savoir la Seine, la Loire, la Vienne, la Garonne et le Rhône. Aujourd’hui, 18 réacteurs nucléaires sont en activité en France.
D’après l’enquête de Mediapart, la majorité des grandes villes françaises (Paris, Nantes, Angers, Tours, Orléans, Lyon) sont largement contaminées au tritium. Reste que le bilan dressé par le Criirad n’est que la partie immergée de l’iceberg. L’organisme indique en effet que “la quantité de communes (et la population) concernées est probablement sous-estimée“, et ce notamment parce que “certaines communes ne sont pas contrôlées (ou les résultats ne sont pas publiés)“.
Pour savoir si votre commune est touchée par la contamination au tritium, le Criirad a mis à disposition une carte interactive, consultable gratuitement en ligne depuis le site de l’organisme.
Que faire si vous êtes concernés ?
Officiellement, la présence de tritium dans les eaux potables est règlementée. Au-delà de 100 Bq/L, une enquête est ouverte, mais en dessous de cette limite, rien n’est fait. Des concentrations intermédiaires ont pourtant été enregistrées depuis longtemps, comme dans la Vienne (65 Bq/L en 2017) ou encore à Angers (56 Bq/L en 2019).
Seul point rassurant : même à 100 Bq/L, on reste bien loin du seuil de potabilité, établi à 10 000 Bq/L par l’Organisation mondiale de la Santé. Reste que peu d’études scientifiques sont parvenues à déterminer l’impact précis du tritium sur la santé, notamment des populations les plus fragiles. Plusieurs études indiquent ainsi des risques mutagènes, capables de causer des dégâts physiologiques en augmentant les risques d’infertilité et de maladies.
On pourrait penser que se tourner vers l’eau en bouteille est une solution moins risquée : au-delà de l’absurdité écologique de cette habitude, on sait aujourd’hui que ce type de conditionnement est, lui aussi, particulièrement nocif, puisqu’il conduit à l’ingestion massive de microplastiques.
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