Avec ses 8 848,86 mètres d’altitude, le mont Everest, géant de l’Himalaya, fascine les alpinistes et le grand public. Pourtant, derrière ce chiffre emblématique se cache une réalité plus complexe. En effet, selon la façon dont on mesure une montagne, l’Everest pourrait bien perdre sa couronne au profit d’autres sommets moins connus.
L’Everest en mouvement constant
La mesure officielle de l’Everest a fait l’objet de nombreux débats et ajustements au fil des ans. En 2020, la Chine et le Népal se sont finalement accordés sur une hauteur de 8 848,86 mètres, soit environ 86 centimètres de plus que la mesure précédente. Cette nouvelle donnée tient compte de la couche de neige et de glace au sommet, contrairement à certaines mesures antérieures qui ne prenaient en compte que la roche nue.
Mais la hauteur des montagnes n’est pas figée dans le temps. Les processus géologiques continuent de façonner l’Everest (et les autres) qui grandit d’environ 4 millimètres par an en raison de la collision continue entre les plaques tectoniques indienne et eurasienne. Des événements sismiques majeurs, comme le tremblement de terre de 2015 au Népal, peuvent également modifier la hauteur des montagnes.
Mais comment mesure-t-on précisément la hauteur d’une montagne ?
Les méthodes ont considérablement évolué depuis les premières tentatives au XIXe siècle. À l’époque, les géographes utilisaient la trigonométrie, en mesurant les angles entre différents points au sol et le sommet. Cette technique, bien qu’ingénieuse, était sujette à des erreurs dues à la réfraction atmosphérique et à la difficulté d’établir des points de référence précis.
Aujourd’hui, les technologies modernes comme le GPS et le LiDAR (télédétection par laser) permettent des mesures beaucoup plus précises. Les satellites en orbite et les stations au sol fournissent des données extrêmement détaillées sur la topographie terrestre. Cependant, même ces méthodes avancées doivent prendre en compte des facteurs complexes tels que les variations de gravité locale et la forme exacte de la Terre.
L’Everest le plus haut, vraiment ?
La définition même de la “plus haute montagne” peut varier selon les critères choisis. Si l’on considère uniquement l’altitude au-dessus du niveau de la mer, l’Everest reste effectivement le champion incontesté. Mais d’autres montagnes peuvent revendiquer le titre selon d’autres paramètres.
Le Mauna Kea à Hawaï est un volcan endormi qui ne s’élève qu’à 4 207 mètres au-dessus du niveau de la mer, soit moins de la moitié de l’Everest. Cependant, si l’on mesure sa hauteur depuis sa base sous-marine jusqu’à son sommet, le Mauna Kea atteint une impressionnante hauteur de 10 203 mètres, dépassant ainsi l’Everest de près de 1 350 mètres. Cette mesure, appelée “proéminence sèche”, donne une perspective différente sur la taille réelle des montagnes.
Un autre concurrent inattendu est le Chimborazo en Équateur. Bien que son altitude soit de “seulement” 6 263 mètres, ce volcan peut être considéré comme le point le plus éloigné du centre de la Terre à 6 384,416 km. Cela s’explique par la forme de notre planète, qui n’est pas parfaitement sphérique mais légèrement aplatie aux pôles et renflée à l’équateur. Le Chimborazo, situé près de l’équateur, bénéficie de ce renflement et se trouve ainsi plus loin du centre de la Terre que le sommet de l’Everest.
Examinons également le cas du Denali (anciennement mont McKinley) en Alaska. Bien que son altitude soit de 6 190 mètres, sa hauteur relative depuis sa base est impressionnante. L’Everest, malgré son altitude supérieure, repose sur le haut plateau tibétain, ce qui réduit sa hauteur visible. Le Denali, en revanche, s’élève abruptement depuis des plaines de basse altitude, offrant un dénivelé spectaculaire de plus de 5 500 mètres.
Enfin, si l’on sort du cadre terrestre, le mont Olympus sur Mars écrase tous les records avec ses 21 287 mètres de hauteur. Ce volcan gigantesque est le plus grand connu dans notre système solaire !
Vous l’aurez compris, la mesure d’une montagne n’est pas une science exacte, mais plutôt une convention qui dépend des critères choisis. Qu’il s’agisse de l’altitude pure, de la hauteur depuis la base, ou de la distance par rapport au centre de la Terre, chaque montagne a son propre récit à raconter. L’altitude au-dessus du niveau de la mer reste le standard le plus largement accepté, mais elle ne raconte qu’une partie de l’histoire. L’Everest conserve donc son statut de plus haute montagne du monde selon la définition conventionnelle…
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