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NASA : la sonde solaire Parker va passer un Noël historique !

Le 24 décembre prochain, cet engin formidable va s’aventurer au plus près de notre étoile en battant un double record spectaculaire lors de son dernier survol. Une apothéose bien méritée pour cette mission qui a bouleversé notre compréhension du Soleil.

La veille de Noël, l’illustre Parker Solar Probe de la NASA va retourner flirter avec le Soleil lors d’un dernier survol historique pendant lequel elle va faire tomber non pas un, mais deux records de vitesse et de proximité.

La sonde Parker est un engin unique en son genre. Baptisée en hommage à un pionnier de l’astrophysique, le regretté Eugene Parker, il s’agit d’un véritable bijou d’ingénierie conçu pour étudier la couronne de l’astre avec une précision inégalée, notamment pour permettre aux chercheurs de mieux comprendre une foule de phénomènes associés à la météo solaire.

Un engin sans équivalent

Pour y parvenir, elle ne se contente pas de l’observer notre étoile à bonne distance comme le font déjà de nombreux observatoires. À la place, elle évolue directement à son contact. Depuis son lancement en 2018, elle s’approche graduellement du Soleil en exploitant l’influence gravitationnelle de Vénus, qui lui permet d’ajuster son orbite à chaque aller-retour. Au fil des années, elle a ainsi construit une relation particulièrement intime avec l’astre en s’en approchant plus près que n’importe quel autre engin humain, et avec une avance considérable.

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© NASA/Johns Hopkins University Applied Physics Laboratory

À chaque survol, elle a collecté une montagne de données qui ont déjà permis aux astrophysiciens de mieux comprendre la dynamique de notre étoile. Elle a notamment aidé les chercheurs à résoudre des énigmes face auxquelles les spécialistes restaient perplexes depuis des décennies. Par exemple, c’est en grande partie grâce à la sonde Parker que l’on commence enfin à comprendre pourquoi la zone périphérique du Soleil, appelée la couronne, est plusieurs centaines de fois plus chaude que sa surface.

Un double record spectactulaire

Le 24 décembre prochain, elle va remettre le couvert avec un 24e et dernier survol absolument historique, et ce pour plusieurs raisons.

Pour commencer, elle va passer à environ 6,1 millions de kilomètres de sa surface gazeuse. À notre échelle, il s’agit évidemment d’une distance énorme, mais cela représente à peine 4 % de la distance Terre-Soleil. À ce jour, aucun appareil ne s’est approché aussi près d’une étoile, quelle qu’elle soit ! Il s’agira donc d’un exploit technique retentissant que les responsables de la sonde n’hésitent pas à comparer à d’autres missions légendaires.

« En substance, nous allons presque atterrir sur une étoile », se réjouit Nour Raouafi, scientifique en chef de la mission Parker. « Ce sera un succès monumental pour toute l’humanité. C’est l’équivalent des premiers pas sur la Lune en 1969 ».

En même temps, la sonde va aussi consolider son statut d’objet le plus rapide jamais conçu par l’humanité. Les lois de Kepler, qui décrivent le mouvement des corps célestes, stipulent que la vitesse d’un objet en orbite autour d’un corps céleste dépend de la masse du corps parent. Plus un corps est massif, plus il génère une force gravitationnelle intense. Il faut donc atteindre une vélocité suffisante pour compenser cette gravité afin de se maintenir sur une orbite stable.

Or, le Soleil est extrêmement lourd (environ 330 000 fois la masse de la Terre). Pour éviter d’être happée par cette fournaise, la sonde Parker doit donc filer à une vitesse prodigieuse à chaque survol. Et puisqu’elle va atteindre une altitude record lors de ce dernier passage, cela va se répercuter sur sa vélocité ; l’engin va battre son propre record de vitesse en approchant de l’étoile à environ 690 000 kilomètres par heure.

Une collecte de données inestimables

La NASA va profiter de ce survol pour réaliser une moisson scientifique qui s’annonce déjà exceptionnelle. Les opérateurs s’attendent à ce que l’engin traverse plusieurs panaches de plasma encore attachés au Soleil. Elle devrait aussi traverser directement une éruption solaire — un passage sous haute tension que l’agence américaine compare à un surfeur qui plongerait sous une immense vague en train de déferler.

La bonne nouvelle, c’est que le timing de ce dernier survol est absolument idéal. En octobre, l’étoile a abordé la dernière phase de son cycle d’activité de 11 ans, pendant laquelle la fréquence et l’intensité de tous ces phénomènes augmentent de manière spectaculaire. La sonde Parker sera donc en première loge pour collecter des données inédites et inestimables pour les chercheurs.

L’apothéose d’une superbe mission

La mauvaise, c’est que cela marquera aussi la fin de cette aventure au contact du Soleil, après six ans de bons et loyaux services. Au terme de ce survol historique, l’engin va se retrouver sur une trajectoire qui ne lui permettra plus de contourner Vénus. La sonde Parker ne pourra donc plus profiter de ce puits de gravité pour accélérer et s’approcher encore plus près du Soleil. Et même si c’était techniquement possible, il s’agirait probablement d’un voyage sans retour. En s’aventurant encore plus près de l’étoile, la surface cachée derrière le bouclier thermique deviendrait dangereusement étroite, exposant ainsi les instruments à des températures qu’ils ne pourraient tout simplement pas supporter.

Certes, la NASA pourrait choisir de prolonger la mission un peu plus longtemps. Mais qui qu’il arrive, il s’agira du dernier jalon majeur dans l’histoire de cette sonde exceptionnelle, ce qui provoquera sans doute un petit pincement au cœur chez tous les amoureux de l’espace.

Ce sera aussi une belle occasion de rendre hommage à Eugene Parker, le titan scientifique qui a donné son nom à cet engin remarquable. Après un demi-siècle de travaux révolutionnaires qui ont posé presque toutes les bases de ce qu’on appelle aujourd’hui l’héliophysique — la branche de l’astrophysique qui s’intéresse spécifiquement au Soleil, il nous a malheureusement quittés en 2022. Il ne pourra donc pas assister à l’apothéose de cette mission qui représente le travail de toute une vie.

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