En 2022, Disney+ se lançait dans un bras de fer avec le CNC. À l’heure de la révision de la chronologie des médias — qui détermine les fenêtres d’exploitation d’un film par les différents acteurs du secteur — Mickey faisait grise mine. Tandis que Disney+ peut proposer les productions Marvel, Star Wars, Pixar et Disney Animation seulement 45 jours après leur sortie au cinéma aux États-Unis, la plateforme doit patienter 17 mois dans l’Hexagone. Black Panther 2 a bien failli sauter la case cinéma, avant que la firme ne se rétracte. Avalonia, l’étrange voyage avait néanmoins été proposé directement en streaming par abonnement, comme les nombreux métrages diffusés pendant la pandémie.
Si la situation semblait s’être apaisée depuis, la fin du partenariat avec Canal+ redistribue les cartes. Dès le 1er janvier, la filiale de Vivendi n’aura plus l’exclusivité des films du catalogue Disney après six mois, elle évoque des coûts trop élevés qui entravent sa compétitivité. La réplique de Disney ne se fera pas attendre, à en croire les informations des Échos. Selon des sources proches du dossier interrogées par le média économique, Disney+ envisagerait de revoir son investissement dans la création française à la hausse pour profiter d’une fenêtre d’exploitation plus avantageuse.
La chronologie des médias en 2024
C’est la règle définissant l’ordre et les délais dans lesquels les différents acteurs du secteur culturel peuvent diffuser une œuvre. Elle doit permettre une meilleure cohabitation entre les médiums, des cinémas, à la télévision gratuite en passant par les plateformes de streaming. Ces dernières étaient à l’épicentre de la révision de 2022.
- VOD / DVD / Blu-ray : 4 mois après la sortie
- Canal + (premier investisseur) : 6 mois
- Netflix : 15 mois
- Disney+, Prime Video, Paramount+, Max… : 17 mois
- Chaînes gratuites : 22 mois
Les règles devraient changer en 2025
Trois ans après cette révision, la chronologie des médias arrive à expiration. Disney a une carte à jouer, maintenant que ses films ne seront plus proposés sur Canal+ six mois après leur sortie en France. Plusieurs personnes interrogées par Les Échos évoquent ainsi un investissement plus massif afin de réduire les délais de mise à disposition. La firme américaine vise désormais une fenêtre à neuf mois, voire similaire à celle de Canal+. Pour cela, l’entreprise américaine serait prête à investir 55 millions d’euros par an, pendant trois ans. À titre de comparaison, Disney a mobilisé 14 millions d’euros en 2024.
Si un tel changement a lieu, Canal+ perdrait sa position dominante. L’entreprise profite d’une fenêtre plus avantageuse depuis 2018. À l’époque, elle devait partager les bénéfices de cet important investissement avec OCS. Depuis 2024, Orange Ciné Série évolue sous l’égide de Canal+ et de sa maison mère Vivendi. Il se murmure que Canal+ envisagerait de diminuer son investissement, de “baisser sa contribution jusqu’à un plancher de 120-130 millions d’euros” rapporte Les Échos.
De son côté, Disney+ pourrait profiter des fruits de son succès au cinéma bien plus tôt. Bob Iger a récemment insisté sur l’importance des cinémas pour ses activités. Son prédécesseur misait entièrement sur le streaming pour faire recette, le PDG est désormais bien décidé à trouver le bon équilibre tandis que la SVOD peine à se rentabiliser.
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