Jared Isaacman, 41 ans, n’a rien d’un administrateur classique pour la NASA. Patron de Shift4, une entreprise de traitement des paiements, ce milliardaire autodidacte a surpris tout le monde en se tournant vers l’espace ces dernières années. Grâce à sa collaboration avec SpaceX et Elon Musk, il a financé et participé à plusieurs missions spatiales privées, dont Polaris Dawn, qui l’a mené à près de 740 km au-dessus de la Terre. À cette occasion, il est devenu le premier civil à marcher dans l’espace.
De la gestion des paiements à l’espace
Pour Donald Trump, ce choix est stratégique : Isaacman incarne ce qu’on appelle parfois la « nouvelle frontière » où l’exploration spatiale devient un secteur ouvert à l’initiative privée. Avec son expérience, il est censé accélérer les partenariats entre la NASA et des entreprises comme SpaceX, qui joue déjà un rôle central dans le programme Artemis. Ce dernier vise à renvoyer des astronautes sur la Lune d’ici 2026, avec l’ambition à terme de poser le pied sur Mars.
Mais tout le monde ne partage pas l’enthousiasme de Trump. Isaacman n’a aucune expérience politique ou gouvernementale. L’agence spatiale est un mastodonte doté d’un budget de 25 milliards de dollars, qui gère aussi bien des missions lunaires que des programmes d’aviation écologique ou des recherches scientifiques de pointe. Lui confier les rênes, c’est faire un pari pour le moins audacieux.
Derrière cette nomination, les observateurs voient aussi la main d’Elon Musk, ami proche d’Isaacman et grand donateur de la campagne de Trump. SpaceX, avec son lanceur Starship, concurrence directement le Space Launch System (SLS), une fusée développée par la NASA et ses partenaires historiques comme Boeing. En soutenant davantage les entreprises privées, Isaacman pourrait fragiliser le modèle traditionnel de la NASA, qui s’appuie sur des financements publics.
Malgré ces interrogations, le futur boss de la NASA semble confiant. « L’espace offre des opportunités incroyables, que ce soit pour la recherche, l’industrie ou même de nouvelles sources d’énergie », a-t-il déclaré. Sur son dernier vol, il a affirmé avoir vu « à quel point cette deuxième ère spatiale ne fait que commencer ». À ses yeux, la NASA doit jouer un rôle central pour transformer l’humanité en une « véritable civilisation de l’espace ».
Les anciens administrateurs de la NASA, souvent des politiciens, avaient l’habitude de jongler entre science, diplomatie et intérêts industriels. Jared Isaacman, lui, arrive avec une vision résolument tournée vers le commerce. Lori Garver, ex-administratrice adjointe de l’agence, y voit un atout : « Jared peut capitaliser sur les succès de la NASA et ouvrir de nouvelles perspectives. »
Le Sénat à majorité républicaine devrait confirmer sans trop de difficulté cette nomination. Si c’est le cas, Jared Isaacman devra convaincre que son approche d’entrepreneur peut s’adapter aux défis d’une institution publique aussi complexe.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.