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NASA : les missions Artemis II et III à nouveau repoussées

L’agence spatiale américaine a expliqué que la capsule Orion n’est pas encore tout à fait au point, et qu’elle a donc pris la décision de reporter le grand retour sur la Lune de ses astronautes.

C’était attendu, c’est désormais chose faite : la NASA vient d’annoncer le report des missions Artemis II et Artemis III. Elles partiront respectivement en avril 2026 et à la mi-2027, soit avec environ 8 mois de retard par rapport à la feuille de route actuelle. L’agence américaine explique que la capsule Orion qui embarquera les astronautes vers notre satellite, n’est pas tout à fait prête.

Pour rappel, Artemis est un programme ambitieux dont l’objectif est de renvoyer des astronautes sur la Lune pour la première fois depuis Apollo 17, en 1972. Elle est pour l’instant constituée de trois missions, sobrement baptisées Artemis I, II et III. Le premier volet a déjà eu lieu en novembre 2022, quand l’immense fusée SLS a déployé Orion en orbite de la Lune pour une mission de 25 jours dont le principal objectif était de tester le comportement de la capsule en conditions réelles.

La capsule Orion a eu chaud

Globalement, cette mission inaugurale sans équipage s’est bien déroulée. Mais les analyses plus poussées que la NASA conduit depuis le retour de la capsule ont toutefois montré que son bouclier thermique ne s’était pas tout à fait comporté comme prévu, et qu’il avait subi une abrasion assez inégale lors son retour sur Terre. Les températures à l’intérieur de la capsule étaient restées dans la norme, ce qui signifie qu’un équipage n’aurait pas été carbonisé pendant la rentrée atmosphérique. Mais il s’agissait tout de même d’un constat assez préoccupant à l’approche d’Artemis II, une mission pendant laquelle Orion embarquera des astronautes en chair et en os pour un séjour en orbite de la Lune.

La NASA ne souhaitait évidemment rien laisser au hasard pour les futurs vols habités, et a donc pris le temps d’analyser le bouclier jusque dans les moindres détails. Lors de la conférence d’hier, l’administratrice adjointe Pam Melroy a expliqué que les ingénieurs avaient réussi à déterminer l’origine de cette anomalie : tout indique qu’il s’agissait d’une conséquence de la trajectoire de rentrée du véhicule.

© NASA Spaceflight

En effet, pour rentrer sur Terre, les engins en provenance de la Lune ne peuvent pas se contenter de plonger droit vers la surface, car leur vitesse est largement plus importante que celle des appareils qui reviennent de l’orbite terrestre basse. À ce stade de la mission, la vitesse d’Orion avoisinait les 40 000 km/h, et une rentrée atmosphérique directe aurait généré des contraintes mécaniques et thermiques largement supérieures à ce que la capsule est capable de supporter. Pour dissiper une partie de cette énergie, la NASA a donc opté pour une trajectoire de rentrée qui comportait une sorte de « ricochet » sur l’atmosphère — et c’est là que se situe l’origine du problème.

« Pendant que la capsule plongeait dans et hors de l’atmosphère dans le cadre de cette rentrée, la chaleur s’est accumulée à l’intérieur de la couche externe du bouclier thermique, entraînant la formation et le piégeage de gaz à l’intérieur du bouclier thermique. Cela a conduit à une hausse de la pression interne qui a débouché sur fissures et une ablation inégale de cette couche externe », a expliqué Pam Melroy.

Les prestataires attendus au tournant

La bonne nouvelle, c’est qu’il n’y aura donc pas besoin de redessiner entièrement ce bouclier thermique : tout indique qu’il sera capable de faire son travail lors des prochaines missions. Cela signifie que la trajectoire va être recalculée pour minimiser ce phénomène — un processus qui va demander quelques mois de travail supplémentaires, d’où le report de la mission.

Mécaniquement, cela va aussi repousser le départ d’Artemis 3, la mission pendant laquelle des astronautes devraient enfin reposer le pied sur la Lune pour la première fois depuis l’ère Apollo 17. Sa date est désormais fixée à la mi-2027 — mais connaissant la complexité de la mission et les enjeux, il ne serait pas étonnant qu’elle soit encore décalée à l’avenir. En effet, de nombreuses cases essentielles devront être cochées avant le départ.

On peut notamment citer le Starship de SpaceX, dont l’étage supérieur servira d’alunisseur. L’ensemble du véhicule devra être totalement opérationnel, ce qui est encore loin d’être le cas malgré les progrès très rapides affichés par l’entreprise lors des derniers vols d’essai. Les combinaisons spatiales de nouvelle génération, dont le développement a été assez chaotique, devront aussi être finalisées.

Vous l’aurez compris, la NASA n’a pas l’intention de se précipiter ; même si l’objectif est toujours de damer le pion à la Chine, qui prévoit de déployer ses propres astronautes sur la Lune à l’horizon 2030, la priorité reste bien évidemment d’assurer la sécurité des équipages pour éviter un fiasco historique. Il conviendra donc de suivre attentivement l’évolution de la feuille de route sur les prochaines années, alors que l’humanité tout entière se prépare à aborder une nouvelle ère absolument fascinante de la conquête spatiale.

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