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Pourquoi il faut éviter de déposer un chèque ou des billets sous le sapin de Noël ?

La période de Noël tant attendue approche à grands pas, et, comme tous les ans, la question fatidique des cadeaux de Noël se pose à nouveau. Dans les magasins, c’est la cohue : électronique, objets pour la maison, jouets et vêtements…

Les consommateurs ont l’embarras du choix, mais beaucoup peinent à trouver l’objet parfait pour leur compagnon, leurs parents et leurs enfants. Pour certains, le choix est si difficile qu’ils préfèrent prendre un raccourci bien pratique : offrir un chèque cadeau ou tout simplement de l’argent. En fin de compte, offrir de l’argent à Noël est la solution idéale pour éviter de faire une gaffe. Et pour le destinataire, il est parfois préférable de recevoir l’équivalent du cadeau en argent liquide plutôt que de se retrouver avec un présent malheureusement inutile.

Le dilemme entre le cadeau et l’argent peut paraître trivial, mais le sujet a été étudié en profondeur par plusieurs économistes. Selon certains, le choix du cadeau en comparaison au don d’argent peut coûter des milliards à la société. Dans une publication pour The Conversation, François Lévêque, professeur d’économie à Mines-ParisTech, nous explique pourquoi.

L’erreur économique du cadeau parfait

Pour nous expliquer l’impact des cadeaux sur l’économie, François Lévêque nous raconte l’histoire de Joel Waldfogel, un jeune économiste et professeur assistant à l’université de Yale dans les années 90. Celui-ci a décidé de calculer la “perte sèche”, c’est-à-dire le profit économique perdu lorsqu’on choisit d’offrir un cadeau plutôt qu’une somme d’argent. Pour cela, il a demandé à ses étudiants d’estimer la valeur des cadeaux reçus et ce qu’il auraient été prêts à payer pour les acheter eux-mêmes. Par exemple, Une personne a répondu que le sweat-shirt trouvé sous le sapin valait 50 € en magasin, mais qu’elle n’aurait été prête à payer que 43 € si elle avait dû l’acheter elle-même. En moyenne, Waldfogel a constaté que les étudiants sous-estiment la valeur des cadeaux d’environ 20 %, et qu’il aurait ainsi mieux valu offrir à l’étudiant un billet de 50 € plutôt que lui faire “perdre” 7 €. En extrapolant ces données, il a souhaité montrer que l’échange des cadeaux est responsable d’une perte économique sèche de plusieurs milliards de dollars chaque saison !

Selon lui, il semblerait que tous les cadeaux offerts pendant la période de Noël représentent beaucoup de temps, d’efforts et d’argent gaspillés, et qu’il vaudrait mieux donner de l’argent directement au destinataire ou, encore mieux, faire un don à une œuvre de charité.

Une perte encore plus grande au fil des années

Si le raisonnement de Waldfogel était entièrement correct (et nous verrons qu’il ne l’est pas), la perte économique liée à l’échange des cadeaux de Noël aurait atteint des records chaque année. En effet, les jouets sont aujourd’hui moins chers à l’unité que dans les années 90, mais le budget alloué à leur achat n’a cessé d’augmenter. La différence entre la valeur perçue du cadeau et son prix est donc plus grande, et la perte causée par les échanges est encore plus élevée.

Un raisonnement logique, mais contesté

Le raisonnement de Waldfogel peut paraître froid et dénué de sentiments, mais il reste tout à fait logique : imaginez qu’un de vos proches a dépensé 100 € pour vous offrir un nouveau manteau, mais qu’il vous est totalement inutile car vous en avez déjà un que vous adorez. Pour vous, ce manteau ne vaudrait que 10 €, alors que vous auriez pu dépenser les 100 € pour quelque chose que vous auriez vraiment estimé à sa pleine valeur. Dans cet exemple, il y a effectivement une perte sèche de 90 € : une valeur qui s’est évaporée lorsque le cadeau a été offert au destinataire.

L’exposé de Waldfogel a été largement critiqué par d’autres économistes de renom. Dans une enquête réalisée en 2013 auprès d’un panel d’économistes experts faisant partie de l’Initiative on Global Markets de l’Université de Chicago, 54 % d’entre eux n’étaient pas ou pas du tout d’accord avec l’idée qu’il était inefficace d’offrir des cadeaux pendant les vacances. L’un de ces experts, Richard Schmalensee du MIT, a commenté que “certains cadeaux que vous n’auriez jamais achetés s’avèrent satisfaire des préférences insoupçonnées.” Il est donc possible qu’au lieu d’une perte sèche, le don de cadeaux bien choisis soit en réalité un véritable gain pour le destinataire.

En effet, la vision d’un consommateur rationnel, capable de toujours optimiser ses choix, a été remise en question par les recherches en économie comportementale. De plus, l’approche de Waldfogel ignore l’aspect émotionnel et symbolique des cadeaux. La réciprocité, l’effort mis dans la sélection du cadeau et le plaisir de l’effet de surprise sont des facteurs inestimables qu’il n’a pas pris en compte.

Faire de meilleurs cadeaux éviterait cette “perte sèche”

Peut-être que derrière cette étude calculatrice au plus haut point se cache un message simple : et si on faisait de meilleurs cadeaux ? En effet, plus la valeur perçue du cadeau reste en deçà du montant réellement dépensé, plus la perte économique est importante. Pour résoudre ce problème, il conviendrait de faire des cadeaux intelligents qui procurent le plus de valeur possible à la personne qui le reçoit.

Malgré la théorie économique, les sondages montrent que la majorité des personnes sont satisfaites des cadeaux qu’elles reçoivent. Les dons en argent restent minoritaires, souvent remplacés par la carte-cadeau. Celle-ci reste une valeur sûre qui permet à la fois de montrer au destinataire qu’on connaît ses goûts, sans prendre le risque de choisir un objet spécifique.

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