Alors que les restaurateurs réclament, à cor et à cri, l’interdiction des tickets restaurants dans les supermarchés, le gouvernement semble avoir entendu les revendications des 5,4 millions de salariés bénéficiaires sur le sujet. Une date butoir a été annoncée, mais elle a le mérite de nous laisser un peu de répit.
Encore une prolongation
C’était l’une des volontés annoncées du gouvernement. Depuis sa mise en place en 2022, l’extension des titres restaurants aux commerces de bouche comme les supermarchés a durablement allégé la facture mensuelle des ménages français. Perçus comme des compléments de salaire non imposables, ils permettent à la fois aux salariés de réduire les charges liées aux déjeuners, mais aussi de faire leurs courses dans la plupart des supermarchés du pays.
Reste que cette dérogation, votée au moment de la pandémie de Covid-19 se voulait temporaire. Pour contrer le confinement autant que l’inflation, le gouvernement accorde aux consommateurs une dérogation spéciale, ouvrant les tickets resto à la quasi-totalité des produits alimentaires vendus en grande surface. À l’époque, le plafond journalier passe de 19€ à 38€, avant de repasser à 19€, et de remonter à 25€, sous la pression des consommateurs. La dérogation court jusqu’au 31 décembre 2023, mais elle est finalement prolongée d’un an, malgré les vives oppositions des restaurateurs qui dénoncent une concurrence déloyale des supermarchés et la mise en péril de leur activité.
C’est finalement vers une nouvelle prolongation que s’est tournée l’Assemblée Nationale, en votant une loi autorisant les tickets restaurant en supermarchés jusqu’à la fin de l’année 2026. Passé cette date, le Sénat devra procéder à un nouvel examen de la situation, pour déterminer si oui ou non, il faut réserver les titres aux seuls restaurants.
Une décision qui ne plait pas aux restaurateurs
Ce sont eux les grands perdants de cette décision. Depuis des mois, et comme c’était le cas l’année dernière, les restaurateurs réclament le retour au titre restaurant classique. L’UMIH (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) accuse notamment une forte baisse de fréquentation. Entre le quatrième trimestre 2022 et le deuxième trimestre 2024, la part de titres-restaurant utilisés au restaurant a chuté de 46,5% à 40,1%. À l’inverse, les supermarchés et commerces de proximité représentent désormais 30,80% des achats (contre 22,4% en 2022).
Reste que si l’inflation a cessé de grimper en flèche, l’utilisation des titres restaurants pour faire ses courses représente un coup de pouce non négligeable pour les consommateurs. Leur retirer la possibilité de dépenser près de 200€ par mois en produits alimentaires bruts ne règlera pas le problème des restaurateurs : les clients préféreront toujours se tourner vers les supermarchés, mais opteront plutôt pour des plats préparés et des snacks industriels, moins chers qu’en restaurant, mais aussi moins bon pour la santé.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.