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Instinct : on a lu le manga d’Inoxtag, ça vaut quoi ?

Quelques semaines après avoir retourné Internet avec son documentaire “Kaizen”, relatant son ascension de l’Everest, le youtuber Inoxtag s’est lancé dans le manga, avec le premier tome d’Instinct, dont il est le co-auteur. On l’a lu : place à notre critique sans filtre.

Associer le nom d’Inoxtag à l’univers du manga a de quoi être surprenant aux premiers abords et pourtant… non. Cela relève finalement de la simple évidence, notamment lorsqu’on se penche sur l’affect que peut nourrir le youtubeur français pour l’univers de la japanimation. Celui qui a placé un chapeau de paille, en hommage à son personnage de shonen préféré, Luffy, au sommet de l’Everest ne l’a jamais caché : le manga — et One Piece en particulier — il a ça dans le sang.

Haki, une référence à One Piece

L’idée germait dans son esprit depuis plusieurs années. En 2023, au détour d’une allée du salon de l’Agriculture, il fait la connaissance de Charles Compain, un abonné de sa chaine plein de culot qui n’hésite pas à lui offrir ses services pour concrétiser ce but. “Si tu veux faire un manga, je quitte mon job pour t’aider” lui avait-il lancé. Promesse tenue, projet engagé. Et le 21 septembre aux éditions Michel Lafon sort ainsi Instinct.

Des chiffres record pour sa première semaine de parution en France avec plus 82 766 exemplaires vendus, des statistiques “boostées” par l’effet d’annonce et les précommandes, mais des stats méritées ? L’histoire d’Instinct nous plonge dans le quotidien d’Haki, un jeune homme capable de ressentir les émotions des gens qui l’entourent, bonnes comme mauvaises. De quoi sérieusement déprimer notre jeune protagoniste, qui se rend compte de la tristesse et de l’anxiété maladive de son monde.

Une ambiance de fin du monde… à fort potentiel

Pour ne rien arranger, il se voit diagnostiquer une maladie incurable, LA maladie incurable de sa réalité, le Noctus, qui consume en un temps record et certain le corps de ses victimes. Alors que tout semble perdu, Haki fait la connaissance d’une drôle de demoiselle qu’il ne parvient pas à sonder. Il n’en fallait pas plus pour attiser sa curiosité, alors que dans le même temps, un espoir pour sa survie semble émerger, et de curieux événements se produisent aux quatre coins de la ville.

Voici dans quel contexte l’aventure d’Instinct prend place. On sent tout de suite la patte d’Inoxtag avec de nombreuses références aux mangas/animes de son enfance — ne serait-ce que le prénom du héros, Haki, qui est une faculté dans One Piece. Niveau storytelling, on a parfois l’impression que les choses vont un peu vite, qu’on nous surcharge d’informations, mais les enjeux s’éclaircissent dans le dernier tiers du tome 1 qui a le mérite d’imiter la concurrence dans ce domaine et donc de faire son office : nous donner envie d’y retourner et donc, de dévorer rapidement le tome 2. L’évolution du héros n’est pas autoguidée, ni autocentrée, puisque d’autres personnages viennent assez rapidement se greffer à ses tribulations, sans que l’on sache encore vraiment pourquoi.

La trame est simple : on parle de survie, d’entraide, d’altruisme et aussi d’égoïsme parfois — chut, vous comprendrez en le lisant — mais sans que cela soit trop grossier ou trop cérébral. À ce stade de la critique, on dira donc qu’Instinct fait du classique, ni plus ni moins, en respectant les codes de sa catégorie, codes que le trio formé par Inoxtag, Basile Monnot et Charles Compain semblent bien avoir intégré.

Un dessin engageant, mais pas toujours lisible

C’est peut-être sur le travail de ce dernier que des choses sont à redire. Comme souvent dans les mangas, il sera de l’appréciation de chacun d’aimer ou non le style de dessin de tel ou tel artiste. On a clairement apprécié la proposition, mais on a également ressenti de la frustration à certains moments.

D’abord au niveau de l’information donnée et de certaines actions, jugées trop brouillonnes à nos yeux, notamment lorsque les combats deviennent sérieux. Il n’a pas toujours été facile de resituer un lieu, un espace, un mur ou un plafond et on s’est surpris à quelques moments de voir sortir de nulle part des éléments qui n’étaient pas dessinés et décrits en amont. Particulièrement lors des phases d’affrontements.

L’autre moment frustrant, c’est la proposition graphique dans son ensemble. Charles Compain s’est efforcé de mettre l’action en lumière et au centre de son dessin, alors que les quelques doubles pages d’Instinct, distillées ici et là, apportent un vrai plus à l’œuvre, autant en termes d’immersion que de découverte d’un univers. En résumé ? On en voulait plus.

Mais ceci est un premier tome, pas la série dans son intégralité et cela n’a pas altéré notre plaisir de lecture, allant crescendo avec la montée en puissance de l’intrigue. À date, difficile d’apporter une critique plus constructive sur l’œuvre d’Inoxtag, qu’il faudra apprécier avec le temps, tome par tome, avant d’en épouser une vision plus globale. Alors… vivement une suite aux nouvelles aventures d’Haki.

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