Depuis quelques années, des tas de startups se sont lancées dans la conception d’une nouvelle génération d’appareils volants électriques à décollage vertical, ou eVTOL. Même l’aéroport de Nice affichait ouvertement son ambition d’accueillir des engins de ce genre dès 2024 (voir notre article). Mais plus le temps passe, plus il semble que ces entreprises ont eu les yeux plus gros que le ventre. Plusieurs de ces startups ont rencontré de sérieuses difficultés financières, réglementaires et techniques qui les ont conduites droit à la faillite en l’espace de quelques mois. Si bien qu’aujourd’hui, l’idée de démocratiser le taxi volant électrique semble relever à nouveau de la lubie industrielle.
Au milieu de ce marasme, il y a tout de même un acteur qui se démarque : Vaeridion, une startup allemande fondée par d’anciens ingénieurs d’Airbus et du poids lourd allemand ZF. Contrairement à ses nombreux concurrents qui ont choisi d’arrêter les frais, elle reste déterminée à tirer son épingle du jeu en misant sur une approche plus sobre et moins compliquée à mettre en application.
Un mini-avion électrique sobre et efficace
En effet, les ingénieurs d’outre-Rhin ont pris la décision de faire une croix sur le concept de VTOL. Un positionnement que l’on pourrait paradoxalement qualifier de plus terre-à-terre, sachant que ces engins sont notoirement très chers et complexes à développer — sans parler de l’immense galère logistique et réglementaire que représente leur intégration dans le paysage aérien. À la place, elle travaille sur un microliner, un minuscule avion au format plus conventionnel qui décolle à l’horizontale comme un avion de ligne classique.
La grande différence, c’est que Vaeridion ne compte tout de même pas utiliser de carburant fossile, comme le fameux kérosène : à la place, elle mise également sur l’électricité. Une approche que ses fondateurs n’hésitent pas à comparer à celle de Tesla.
« Le microliner ressemble à un avion ordinaire et décolle d’une piste. La seule différence est qu’il sera alimenté par des batteries », résume Ivor van Dartel, cofondateur et PDG de Vaeridion interrogé par TheNextWeb. « Pour les opérateurs et les passagers, l’expérience sera essentiellement la même — un peu comme ce que Tesla a fait pour les voitures, mais pour les avions. »
Un vrai potentiel commercial
Il s’agit d’un appareil moins exubérant, mais sans doute bien plus pertinent que les eVTOL, notamment parce qu’il vise un marché où la demande existe déjà. L’entreprise annonce une autonomie d’environ 500 km — largement au-delà de ce que pourrait proposer un eVTOL. En outre, c’est une distance très prisée des voyageurs ; d’après ce document d’Eurocontrol, les vols de 500 km ou moins couvrent environ ⅓ des trajets aériens en Europe. Ce microliner dispose donc d’un vrai potentiel commercial… à condition que l’entreprise réussisse à convaincre les régulateurs.
Et la bonne nouvelle, c’est que Vaeridion semble bien positionnée pour y parvenir. Toujours selon TNW, la startup vient de recevoir son premier Pre Application Contract (PAC) de l’Agence de l’Union européenne pour la sécurité aérienne. En pratique, cela signifie qu’elle va pouvoir commencer à échanger directement avec les régulateurs européens de l’aéronautique pour amener son projet à maturité, afin de pouvoir prétendre à une licence de vol dans un futur relativement proche.
La partie technique semble également sur la bonne voie, puisque Vaeridion prévoit de faire voler son premier engin dès 2027. Même s’il s’agira techniquement d’un prototype, l’engin en question devrait toutefois être très proche de la version finale, ce qui évitera à l’entreprise de devoir commencer par une preuve de concept coûteuse.
Il conviendra donc de garder un œil sur cette jeune pousse au projet enthousiasmant. Si elle parvient à sécuriser les financements nécessaires et que ses premières démonstrations techniques se déroulent comme prévu, elle pourrait bien lancer une nouvelle mode susceptible de diminuer l’impact de cette industrie à l’impact environnemental assez catastrophique.
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