Les astronautes russes ont été forcés de verrouiller temporairement un vaisseau récemment arrimé à la Station spatiale internationale après la découverte d’une odeur particulièrement nauséabonde qui aurait pu émaner d’un composé chimique très toxique. Cette éventualité semble avoir été écartée et les partenaires assurent que l’équipage ne court aucun danger, mais l’origine de cette puanteur n’a toujours pas été identifiée.
Il est rare que des portions de la station soient mises en quarantaine de cette façon. Dans la majorité des cas, il s’agit d’une mesure de précaution qui est activée après l’identification d’un débris susceptible de percuter la station avant que l’équipage n’ait le temps de procéder à une manœuvre d’évitement. Les incidents de ce genre surviennent une fois tous les deux ans en moyenne.
Il arrive aussi que certains segments soient partiellement dépressurisés suite à un problème comme une brèche provoquée par un microastéroïde. C’est un cas de figure encore plus rare ; mais la fréquence de ces incidents a augmenté de manière significative ces dernières années, surtout dans la partie russe qui est dans un état assez déplorable depuis quelque temps déjà. En 2021, un haut responsable russe avait même prédit une « avalanche de défaillances » à partir de 2025.
Une puanteur inquiétante
Intuitivement, on pouvait donc s’attendre à ce que le confinement d’une partie de la station soit lié à un problème technique critique de ce genre… mais il s’agissait en fait d’une très mauvaise odeur qui a pris les astronomes au dépourvu lorsqu’ils ont ouvert la dernière capsule de ravitaillement russe.
« Après avoir ouvert la trappe du vaisseau Progress, les astronautes de Roscosmos ont remarqué une odeur inattendue et observé de petites gouttelettes en suspension, incitant l’équipage à verrouiller la trappe », explique la NASA.
On Nov. 23, the unpiloted Progress 90 resupply spacecraft successfully docked to the International Space Station’s Poisk module. After opening the Progress spacecraft’s hatch, the Roscosmos cosmonauts noticed an unexpected odor and observed small droplets, prompting the crew to…
— International Space Station (@Space_Station) November 24, 2024
C’est un constat extrêmement préoccupant, car certaines substances utilisées dans les engins de ce genre peuvent être très dangereuses. On pense notamment à l’hydrazine, qui sert de carburant au Progress. Il s’agit d’un composé formidablement toxique qui peut rapidement causer des dégâts catastrophiques sur les systèmes respiratoires et nerveux ainsi que sur le foie et les reins, et tuer un humain en bonne santé en quelques minutes ! Or, il se trouve justement que l’hydrazine dégage une odeur désagréable, à mi-chemin entre l’ammoniaque et le poisson pourri. Il est donc tout à fait normal que l’équipage ait immédiatement décidé de verrouiller la capsule du Progress.
Une fuite de liquide de refroidissement ?
Heureusement, l’odeur décrite par l’équipage était différente de celle de l’hydrazine. D’après l’astronaute américain Don Pettit, elle se rapprochait davantage de la peinture en spray, ce qui semble écarter la possibilité d’une fuite de ce genre.
Sur la base de ce témoignage, le scénario le plus probable est celui d’une fuite du système de refroidissement du Progress, comme cela avait déjà été le cas en février 2023. Mais pour le moment, ni la NASA ni Roscosmos n’ont été en mesure de confirmer l’origine de cette pestilence. Et c’est loin d’être idéal, car les odeurs de ce genre sont typiquement associées à des matériaux inflammables qui représentent un risque absolument critique dans ce genre d’environnement.
La bonne nouvelle, c’est que cette substance, quelle qu’elle soit, ne semble pas s’être répandue. D’après les équipes au sol de la NASA basées à Houston, la qualité de l’air à l’intérieur de la station reste parfaitement normale. Il n’y a donc aucune raison de se faire de souci pour ses occupants. Il conviendra toutefois de guetter une nouvelle annonce de l’agence pour en savoir plus, tout en croisant les doigts pour que le ravitaillement de carburant, de matériel et de vivres livré par le Progress soit toujours utilisable.
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