En septembre dernier, Apple TV+ réunissait George Clooney et Brad Pitt pour la première fois depuis Ocean’s Thirteen en 2007. Devant la caméra de Jon Watts, les deux acteurs se donnaient la réplique et incarnaient des nettoyeurs appelés sur la même mission et forcés à collaborer. Entre la comédie d’action et le buddy movie, Wolfs n’a eu aucun mal à trouver son public dans les rayonnages de la plateforme. Plus grand succès de l’histoire d’Apple TV+, le film n’était pourtant pas promis à une telle exploitation. Il devait investir le grand écran, comme d’autres productions Apple Studios avant lui. Killers of the Flower Moon, Napoléon ou encore Argylle, la firme de Cupertino voulait prouver en 2023 qu’elle avait toute sa place aux côtés des géants de l’industrie cinématographique. Elle n’a d’ailleurs pas regardé à la dépense, mobilisant pas moins de 700 millions de dollars pour produire les trois métrages de Martin Scorsese, de Ridley Scott et de Matthew Vaughn.
Si la critique a été particulièrement enthousiaste pour le premier, les deux suivants ont moins fait l’unanimité. L’investissement de l’entreprise n’a pas été rentabilisé, aucun n’étant parvenu à amortir son important budget. En 2024, la pomme n’a pas relâché ses efforts avec Fly me to the moon porté par Scarlett Johansson et Channing Tatum et… Wolfs. Reste que contrairement à ses prédécesseurs, la comédie d’action n’a pas profité d’une véritable exploitation dans les salles obscures du monde. En France, il a été proposé directement dans les rayons de la plateforme américaine tandis que sa sortie sur le sol américain a été limitée à quelques jours. Une situation qui n’était visiblement pas du goût du réalisateur Jon Watts. Alors même qu’une suite a été officiellement annoncée en amont de la sortie, le metteur en scène confie à Deadline avoir jeté l’éponge.
“J’ai discrètement rendu l’argent”
Interrogé sur ce que l’avenir réserve aux deux personnages, celui qui doit bientôt présenter sa série Star Wars : Skeleton Crew, explique que le voyage des deux compères s’arrêtera ici. Après avoir monté la version finale du film au début de l’année, les équipes Apple Studios auraient été si enthousiastes que la commande d’une suite aurait été formulée.
“Mais leur changement de dernière minute d’une promesse de sortie en salles à une sortie en streaming a été une surprise totale pour moi. Je n’en ai même pas été informé avant moins d’une semaine avant qu’ils l’annoncent à tout le monde. J’étais tellement choqué et je leur ai demandé de bien vouloir ne pas inclure la nouvelle que j’écrivais une suite. Ils ont ignoré ma demande et l’ont quand même annoncé dans leur communiqué de presse, apparemment pour créer une tournure positive à leur virage vers le streaming. J’ai donc discrètement rendu l’argent qu’ils m’avaient donné pour la suite. Je ne voulais pas en parler car j’étais fier du film et je ne voulais pas générer de la presse négative. J’ai adoré travaillé avec Brad et Geroge, et je le referais avec plaisir. Mais la vérité est qu’Apple n’a pas annulé la suite de Wolfs, je l’ai fait, parce que je ne leur faisais plus confiance en tant que partenaire créatif”.
La situation de Wolfs n’est pas sans rappeler celle de Road House développé chez MGM et confiné dans les rayons de la plateforme Prime Video après le rachat du studio. Le réalisateur Doug Liman avait quant à lui choisi de matérialiser son mécontentement en refusant d’assister à l’avant-première du film. La pandémie a rendu les frontières entre plateformes et cinémas plus poreuses, certains studios misant sur des sorties exclusives en streaming ou accompagnée de courtes exploitations au cinéma. Warner Bros avait ouvert le bal en 2020 avec Wonder Woman 1984, diffusé sur Max et dans quelques salles obscures. Cette stratégie lui avait valu les foudres de certains réalisateurs, à commencer par Christopher Nolan qui a depuis mis fin à une collaboration de plusieurs années pour se tourner vers Universal Pictures.
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