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Pour la première fois depuis le Concorde, un avion civil a franchi le mur du son

L’Aurora de Dawn Aerospace fait désormais partie du cercle très fermé des appareils non-militaires qui ont franchi le mur du son – mais ce prototype a encore beaucoup de chemin à parcourir.

Le Concorde, le légendaire avion de ligne supersonique franco-britannique, semblait bien parti pour révolutionner l’aviation à la fin du siècle dernier. Mais après 27 ans de service entachés par un bruit assourdissant et un prix exorbitant, le déclin de cet engin iconique a finalement été précipité par un accident qui a coûté la vie à 113 personnes.

Depuis cet épisode tragique de l’histoire de l’aéronautique, toute l’industrie a pris ses distances avec ce concept autrefois considéré comme un grand tournant générationnel. Aujourd’hui, il n’y a (presque) plus que des appareils militaires qui sont capables de dépasser la vitesse du son, et plus aucun avion civil de ce genre n’a décollé depuis… ou du moins, c’était le cas jusqu’à très récemment.

En l’espace de quelques années, plusieurs entreprises comme Boom Supersonic ou Aerion ont annoncé leur intention de reprendre le flambeau. Et une de ces initiatives vient littéralement de passer à la vitesse supérieure : le 19 novembre, Dawn Aerospace a annoncé que son Mk-II Aurora était devenu le premier avion civil à franchir le mur du son depuis le Concorde. Grâce à son moteur-fusée au rapport poussée/poids 20 fois supérieur à celui d’un moteur à réaction conventionnel, il a atteint la vitesse de Mach 1,1 lors de son 57e vol d’essai.

Une ascension record

En plus de sa vitesse, l’engin s’est aussi illustré en atteignant une altitude assez inhabituelle pour un avion. Contrairement aux avions de ligne conventionnels, qui passent le plus clair de leur temps 6 à 12 km au-dessus du niveau de la mer, les appareils ultrarapides de ce genre visent souvent des altitudes plus élevées où l’atmosphère est moins dense, afin de réduire la friction avec les particules d’air. Le Concorde, par exemple, volait généralement entre 16 et 18 km. L’Aurora est monté encore plus haut, avec 25 kilomètres d’altitude. Il l’a d’ailleurs fait en un temps record : il n’a mis que 118,6 secondes à atteindre les 20 km depuis la surface, volant ainsi une couronne qui appartenait à un chasseur américain (le F-15 Streak Eagle) depuis les années 1970.

Si cet engin a été testé à une telle altitude, ce n’est pas simplement pour le plaisir d’établir un record : c’est avant tout pour ouvrir la voie à ses successeurs qui seront conçus pour voler encore plus vite et plus haut. En effet, l’objectif ultime de Dawn Aerospace est de développer un moyen de transport hypersonique. Selon la startup néo-zélandaise, la version finale de l’Aurora sera capable de voler à la frontière de l’espace, soit 100 km au-dessus de la mer, à une vitesse de Mach 3,5 — quasiment deux fois plus que le Concorde et quatre fois plus qu’un Airbus A380 à leurs altitudes de prédilection.

Entre le drone et la navette spatiale

Mais contrairement à ces derniers, l’Aurora n’est absolument pas conçu pour emporter des passagers d’un bout à l’autre de la Terre. Avec son tout petit fuselage et son envergure d’à peine 4 mètres, plus proche d’un drone que d’un vrai avion de ligne, cet engin sans pilote se concentre sur le déploiement de petits appareils en orbite terrestre basse.

L'avion-fusée Aurora Mk-II de Dawn Aerospace
© Dawn Aerospace

C’est un modèle commercial original que certains analystes estiment très intéressant dans le contexte actuel. En effet, de plus en plus d’entreprises et d’institutions cherchent à déployer du matériel en orbite à moindre coût. À l’heure actuelle, elles font appel à de petites fusées comme l’Electron de RocketLab, qui sont nettement moins chères que les lanceurs moyens ou lourds de type Falcon ou Ariane.

Avec son petit coucou réutilisable et économique, Dawn espère pouvoir répondre à cette demande en abaissant encore les prix et en diminuant les contraintes logistiques. Fonctionnellement parlant, l’Aurora est donc plus proche des anciennes navettes spatiales que du Concorde, même s’il décolle à l’horizontale comme un avion conventionnel. Il sera donc intéressant de suivre le développement de ce prototype et de ses différents concurrents pour voir si toutes ces startups ont effectivement flairé un filon prometteur.

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1 commentaire
  1. Bonjour, le Concorde fût arrêté en raison du programme A380 qui nécessitait un très large investissement. L’accident de Gonesse n’est pas la raison première. Bonne journée.

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