Cette escroquerie, qui repose sur l’investissement dans des parkings équipés de bornes de recharge électriques, a déjà fait plusieurs victimes.
Un cas d’étude révélateur
60 millions de consommateurs a recueilli le cas de Nicolas, un jeune homme de 28 ans, récemment victime de cette arnaque. Tout a commencé de manière anodine lorsqu’il a scanné un QR code présent dans une publicité du magazine Capital. Cette annonce, stratégiquement publiée dans le guide “Placements, profitez des toutes nouvelles opportunités” du numéro de janvier, l’a conduit à remplir un formulaire en ligne, semant ainsi les graines de sa future mésaventure. Le magazine, de son côté, a plus tard publié son mea culpa en promettant de veiller à ce que ce type d’annonce ne se retrouve plus dans ses pages. Malheureusement, le mal était fait pour Nicolas.
Les escrocs ont attendu plusieurs mois après la publication de l’arnaque dans des magazines spécialisés pour reprendre contact avec leurs victimes. Ce n’est que le 2 juillet que le jeune homme a reçu un appel d’une femme se présentant comme “conseillère d’EDF PEI”, une filiale bien réelle d’EDF. Avec un professionnalisme apparent, elle lui a présenté un placement décrit comme “sécurisé, très rémunérateur et net d’impôt”. Pour asseoir sa crédibilité, elle lui a transmis une présentation détaillée, un document soigneusement élaboré qui usurpait l’identité d’EDF PEI et mentionnait des partenariats avec des entreprises renommées du secteur du stationnement, telles que Q-Park, Vinci et Indigo.
Des rendements très attrayants
L’offre d’investissement proposait des rendements particulièrement attrayants, pouvant séduire différents profils d’investisseurs en fonction de leur budget :
- 6,24% pour un investissement de 19 600 euros (équivalent à 6 bornes de recharge)
- 6,96% pour un placement de 49 800 euros (9 bornes)
- Un rendement impressionnant de 9,39% pour les plus fortunés, avec un investissement de 578 250 euros (250 bornes)
Ces chiffres, bien au-dessus des rendements habituels des placements sûrs, ont eu l’effet escompté. Séduit par ces promesses alléchantes et rassuré par l’apparente légitimité de l’offre, Nicolas a franchi le pas : le 22 juillet, il a effectué un virement de 19 600 euros vers un compte Treezor, une filiale de la Société Générale, pensant avoir saisi une opportunité en or.
La désillusion
Ce n’est qu’en lisant le mea culpa publié par Capital que la victime a pris conscience de l’ampleur de l’escroquerie dont elle venait d’être la cible. Malheureusement, une énorme partie des fonds a été effectivement perdue : Nicolas a signalé la fraude a sa banque, mais celle-ci n’a pu récupérer que 275 euros en essayant de récupérer le virement. C’est tout ce qu’il restait sur le compte des escrocs, un compte frauduleux ouvert au nom d’une entreprise de l’Est de la France, elle-même victime d’usurpation d’identité. Les arnaqueurs ont donc su faire disparaître l’argent de façon très rapide.
EDF, de son côté, a confirmé à 60 millions de consommateurs la nature frauduleuse de l’offre : “L’activité d’EDF PEI consiste en la production d’énergie dans les zones insulaires. L’entreprise ne propose aucun service d’investissement et n’a aucune relation avec le grand public”.
Une fraude en pleine expansion
Loin d’être un cas isolé, cette escroquerie s’inscrit dans une tendance plus large. Les publicités frauduleuses pour ces investissements douteux ont connu une recrudescence significative depuis début juillet, après une première vague observée entre décembre et janvier derniers. Celles-ci ne se cantonnent pas aux médias traditionnels mais envahissent l’espace numérique. Elles apparaissent dans les résultats des moteurs de recherche, sur les fils d’actualité des réseaux sociaux en tant que publications sponsorisées et sur certains sites d’information.
L’AMF, consciente de la menace, avait déjà émis un avertissement en janvier suite à plusieurs signalements. Cependant, la persistance et l’évolution de ces annonces, notamment leur prolifération en ligne, démontrent la difficulté à faire cesser le phénomène. De leur côté, les publications laissant passer de telles arnaques se doivent d’effectuer des vérifications plus poussées afin d’éviter à leurs lecteurs de tomber dans le piège.
Comment détecter et éviter les arnaques
Si vous êtes à la recherche de services d’investissement pour placer votre argent, veillez à suivre ces conseils pour ne pas devenir victime d’une arnaque :
- Méfiez-vous toujours des annonces qui ne mentionnent pas les risques associés au placement. Une annonce légale met toujours en évidence le risque de perte financière.
- Ne faites pas confiance aux promesses de gains rapides, faciles et trop beaux pour être vrais. Il n’y a pas de rendement élevé sans risque élevé. Si une publicité offre des rendements supérieurs de façon passive, fuyez.
- Vérifiez rigoureusement l’identité de l’annonceur avant toute demande de documentation ou engagement. N’hésitez pas à contacter l’annonceur à partir de ses coordonnées officielles pour vérifier si l’offre émane bien de son entreprise et non d’un usurpateur.
En cas de doute, tournez-vous vers les associations de consommateurs et/ou le site de l’AMF, qui publient régulièrement des alertes au sujet d’offres frauduleuses. Si vous pensez être victime d’une arnaque en ligne, sachez qu’il est possible d’effectuer un signalement via Info Escroqueries, la plateforme d’assistance du gouvernement. Et si vous avez un soupçon sur un virement effectué à un organisme de placements, contactez immédiatement votre banque pour tenter de bloquer les transactions.
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