Bouygues Telecom a enfin mis la main sur La Poste Mobile, un projet convoité depuis des mois. Il faut dire que l’opération n’a pas été de tout repos : SFR, coactionnaire stratégique, a tout fait pour retarder la vente, exigeant une compensation « à la hauteur » pour la perte de son précieux réseau, loué jusque-là à l’opérateur virtuel, comme l’a rapporté Le Figaro.
SFR en embuscade
Bouygues y est donc allé de son chèque musclé : 950 millions d’euros, soit une valorisation de 44 fois le résultat d’exploitation annuel de La Poste Mobile.
De son côté, SFR ne sort pas les mains vides. En renonçant à son droit de préemption et en abandonnant son veto sur la transaction, l’opérateur au carré rouge s’assure 575 millions d’euros pour compenser la perte de son locataire. Et comme si cela ne suffisait pas, le contrat d’accès au réseau a été « considérablement amélioré » pour les deux années à venir. Autant dire que tout le monde y trouve son compte, même si l’Autorité de la concurrence avait déjà approuvé la transaction cet été.
Avec La Poste Mobile, Bouygues rajoute 2,3 millions d’abonnés dans son panier, portant son total à 18,1 millions. Le cap des 20 millions n’est plus très loin, de quoi titiller son rival SFR qui reste sur une pente descendante. Grâce à cette acquisition, Bouygues espère faire pencher la balance et conforter sa position, tout en surfant sur sa propre dynamique de croissance : l’opérateur a recruté 170.000 nouveaux clients au troisième trimestre.
Mais Bouygues n’a pas attendu ce rachat pour faire preuve d’originalité sur le marché. En plus d’intégrer un maximum d’abonnés, il continue de diversifier ses offres pour séduire les familles et les jeunes cadres urbains. Dernière trouvaille en date ? Une offre « Pure Fibre » à 24 euros, sans décodeur TV ni téléphonie fixe. Le tout, sans chichis, pour ceux qui préfèrent Netflix à la bonne vieille Box TV. Ce positionnement va de pair avec le déclin de la téléphonie fixe, dont l’usage s’est effondré : seuls 16 % des Français l’utilisent quotidiennement, un chiffre en chute libre depuis une décennie.
En consolidant sa base d’abonnés et en ajustant son offre à des usages plus modernes, Bouygues parie sur un modèle qui répond aux attentes d’une génération connectée. Et si tout cela semble malin sur le papier, le défi reste de taille : Bouygues se lance dans un marché où les marges se serrent sous l’effet d’une guerre des prix que personne ne semble pouvoir arrêter. La concurrence pousse les opérateurs à se démarquer toujours plus, et ce rachat n’est qu’une pièce supplémentaire sur l’échiquier.
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