Dans une annonce publiée ce lundi et repérée par The Verge, Meta a annoncé qu’elle allait désormais autoriser les agences gouvernementales américaines ainsi que différents prestataires à utiliser ses modèles IA Llama pour des applications qui relèvent de la « sécurité nationale ».
Pour resituer le contexte, Llama est une famille de modèles IA souvent présentés comme « open source » par l’entreprise de Mark Zuckerberg, même si la réalité est en fait plus nuancée (voir notre article ci-dessous). Malgré ce statut parfois flou, de nombreux développeurs tiers ont déjà pu s’appuyer sur ce framework pour produire des applications diverses et variées. On peut citer Meditron, un assistant conçu pour participer au processus de diagnostic dans le milieu médical, un autre agent conversationnel spécialisé dans l’enseignement des mathématiques, et ainsi de suite.
L’IA au service de la Défense
En revanche, les conditions d’utilisation de Llama 3 interdisent explicitement d’exploiter ce modèle dans « le secteur militaire, de la guerre, de l’industrie nucléaire ou de l’espionnage ». Meta semble désormais déterminée à assouplir ces limites, afin de « faciliter la planification et la logistique complexe du secteur militaire, de traquer les financements terroristes ou de renforcer la cyberdéfense » américaine.
À travers cette initiative, la firme va se rapprocher du Pentagone, mais aussi de ses partenaires historiques. On peut citer Lockheed Martin, un titan de l’industrie militaire américaine ; d’après Meta, ce dernier a déjà commencé à utiliser Llama pour « générer du code et analyser des données ». Le communiqué mentionne aussi Oracle, qui se sert du modèle pour « synthétiser des documents de maintenance d’aéronefs » pour aider les techniciens à « diagnostiquer des problèmes, accélérer les réparations et remettre des appareils cruciaux en service ».
Une technologie importante au niveau stratégique
The Verge rappelle cependant que l’Oncle Sam n’est pas le premier gouvernement à exploiter l’IA de Meta. La semaine dernière, Reuters a révélé que des chercheurs chinois avaient déjà commencé à concevoir des modèles à usage militaire en se basant sur Llama 2, une version plus ancienne du modèle. Cela témoigne de l’importance stratégique croissante de la recherche en IA — et par extension, des entreprises impliquées dans ce processus, dans un contexte de rivalité latente où le camp américain ne lésine pas sur les efforts pour « contrer » l’influence chinoise à travers des mesures comme le CHIPS Act.
Meta, de son côté, ne cache d’ailleurs pas son intention d’aider les États-Unis à prendre de l’avance dans cette course. « Dans un monde où la sécurité nationale est inextricablement liée à la production économique, à l’innovation et à la croissance de l’emploi, l’adoption généralisée des modèles américains d’IA open source sert à la fois les intérêts économiques et sécuritaires. D’autres pays — dont la Chine et d’autres concurrents des États-Unis — le comprennent également et se précipitent pour développer leurs propres modèles open source, investissant massivement pour devancer les États-Unis », indique l’entreprise dans son communiqué.
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