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Plus d’un quart du code de Google est généré par l’IA

Le PDG Sundar Pichai a récemment déclaré que son entreprise utilisait couramment des outils d’IA générative pour développer ses produits. Le début d’une grande transition dans la Big Tech… ou un tour de passe-passe de communication à destination des actionnaires ?

Google ne fait pas que créer des produits centrés autour de l’IA générative: apparemment, ses développeurs utilisent eux-mêmes cette technologie au quotidien. C’est en tout cas ce qu’a laissé entendre le PDG Sundar Pichai lors du bilan trimestriel de l’entreprise relayé par le Business Insider; selon lui, “plus d’un quart de tout le nouveau code de Google” est généré par l’IA. “Nous utilisons [l’IA] en interne pour améliorer nos processus de développement, et cela booste notre productivité et notre efficacité. Cela aide nos ingénieurs à en faire plus et à avancer plus rapidement”, s’est-il félicité.

C’est une déclaration qui surprendra sans doute tous ceux qui ont déjà essayé d’utiliser des systèmes tels que Copilot, ChatGPT, Cursor et consorts pour générer du code, et pour cause : ces outils souffrent d’un manque de fiabilité souvent rédhibitoire. Si la syntaxe est souvent de bonne qualité, on ne peut pas toujours en dire autant de la logique sous-jacente, qui a tendance à devenir bancale très rapidement lorsque la complexité du projet augmente.

Or, c’est une chose de créer un script simple en python pour un projet personnel , c’en est une autre de produire du code fiable, destiné à se greffer à l’environnement logiciel complexe et multiplateforme d’une superpuissance qui pèse des milliards de dollars. Pour être utilisés dans un environnement professionnel de ce genre, ces outils basés sur l’IA devraient être supervisés de façon extrêmement rigoureuse, au risque de s’exposer à une montagne de problèmes discrets mais vicieux qui pourraient venir semer la zizanie plus tard.

Pichai, de son côté, affirme que l’entreprise prend toutes les précautions nécessaires pour éviter ce genre de scénario. Apparemment, tout ce code est systématiquement “passé en revue puis validé par les ingénieurs” avant d’être implémenté. Mais si c’est effectivement le cas, cela pose deux autres questions. La première concerne la nature du code ainsi généré; s’il s’agit de simples tests de routine ou d’implémentations triviales de snippets récupérés sur GitHub, cela aurait beaucoup moins d’implications que si l’IA contribuait directement à développer de nouvelles fonctionnalités majeures.

La seconde porte sur la pertinence de cette approche. Tester rigoureusement du code, même anecdotique, qui a été généré artificiellement de bout en bout sans qu’un développeur soit présent tout au long du processus pour garder une certaine vue d’ensemble sur chaque étape du projet serait un processus incroyablement chronophage. Dans ce cas, ne serait-il pas plus pertinent de laisser les humains gérer tout le processus ? Il est possible que Google dispose d’outils internes plus performants que ceux auxquels le grand public a accès, auquel cas cette démarche pourrait effectivement avoir du sens. Mais il existe aussi une autre lecture plus “corporate” de la situation.

Un exercice de communication ?

Pour rappel, cette affirmation a été lancée à l’occasion d’un bilan trimestriel. Par conséquent, le public cible était majoritairement constitué d’investisseurs et d’autres acteurs directement ou indirectement impliqués dans les finances de l’entreprise. Or, il est de notoriété publique que Google mise énormément sur l’IA, et que son avenir à court et moyen terme est désormais intimement lié à cette technologie. L’entreprise a donc un intérêt financier évident à chanter les louanges de l’IA, et à présenter ces outils comme de vraies plus-values.

Vu sous cet angle, il y a de quoi être dubitatif vis-à -vis des revendications de Pichai; ces 25% pourraient tout à fait être un fruit sorti du chapeau, destiné à rassurer les actionnaires par rapport à la direction prise par Google. En l’état, il sera malheureusement impossible de faire la part des choses avant d’avoir un peu plus de recul. Mais quoi qu’il en soit, il y a fort à parier que cette déclaration finira par devenir sur la table à l’avenir. Si les services de Google se dégradent sans raison apparente sur les prochaines années, elle sera sans doute brandie comme un exemple flagrant des limites de l’IA générative. Mais si cette approche fonctionne et que l’entreprise persiste sur cette voie, elle s’en servira sans doute comme d’un argument choc pour mettre en avant ses produits en cultiver une image avant-gardiste. Rendez-vous dans quelques mois pour un état des lieux qui promet d’être assez intéressant, quel que soit le résultat.

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