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ARM lâche une bombe et menace la licence de Qualcomm : quel impact ?

Un conflit juridique entre ARM et Qualcomm met en péril l’avenir du Snapdragon X Elite et pourrait avoir des répercussions majeures sur le marché des smartphones.

Coup de tonnerre dans l’industrie des puces électroniques : ARM menace de révoquer la licence de Qualcomm. Les deux géants des semi-conducteurs, incontournables dans l’industrie mobile, ne sont pas les meilleurs amis du monde et cela pourrait avoir de graves conséquences. Selon Bloomberg, ARM a révoqué la licence autorisant Qualcomm à concevoir ses puces Snapdragon. Le concepteur britannique donne 60 jours à Qualcomm, concepteur des puces Snapdragon équipant la majorité des smartphones Android, pour se conformer.

Cet épisode marque un nouveau tournant dans le bras de fer entre ARM et Qualcomm. Les deux entreprises sont à couteaux tirés depuis plusieurs années, suite à l’acquisition par Qualcomm de la startup Nuvia en 2021. Le géant américain a ainsi pu mettre la main sur une société, fondée par des anciens d’Apple, qui développait un prometteur processeur de serveur.

Qualcomm et ARM au bord de la rupture

Ce dernier n’a jamais vu le jour et la technologie a servi de base à Qualcomm pour la conception des fameuses puces Snapdragon X des PC Copilot+. Plus précisément, les travaux de Nuvia ont aidé Qualcomm a finalisé son architecture ARM appelée Oryon, celle-là même que l’on retrouve aussi le nouveau Snapdragon 8 Elite. Tout juste annoncé, ce SoC doit équiper les prochains smartphones haut de gamme sous Android.

Qualcomm a atteint ses premiers objectifs en redevenant compétitif face à Apple (et ses puces Silicon), mais aussi en menaçant le duo Intel et AMD sur le segment des PC. En revanche, ARM n’a pas vraiment apprécié que son meilleur ennemi ne renégocie pas les termes du contrat avec l’acquisition de Nuvia. Le géant britannique a donc décidé de poursuivre Qualcomm en 2022 et la firme américaine ne l’entend pas de cette oreille. Elle assure que l’accord initial couvre déjà les activités de Nuvia. L’issue de cette bataille juridique est cruciale pour Qualcomm, dont l’activité dépend fortement des puces ARM.

Pourquoi ARM est-il si important ?

Saviez-vous que la majorité des appareils électroniques que vous utilisez au quotidien fonctionnent grâce à une entreprise dont vous n’avez peut-être jamais entendu parler ? ARM est une entreprise britannique qui conçoit des architectures de processeurs, c’est-à-dire les « plans » qui permettent aux puces électroniques de fonctionner.

Des smartphones aux objets connectés, en passant par les serveurs et les supercalculateurs, l’architecture ARM est partout. L’une des raisons de ce succès est l’efficacité énergétique de ses architectures. La décision d’Apple de se détourner d’Intel pour fabriquer ses puces Silicon a mis en lumière le succès d’ARM.

Les enjeux financiers sont énormes pour Qualcomm

Comme l’explique Bloomberg, la résiliation de la licence ARM représente une menace sérieuse pour les finances de Qualcomm. L’entreprise vend des « centaines de millions de processeurs chaque année » et ses technologies se déploient dans une très large partie des smartphones Android. En cas d’annulation de sa licence, elle pourrait perdre une part importante de son chiffre d’affaires, estimé à environ 39 milliards de dollars. De plus, Qualcomm risque de devoir payer des dommages et intérêts considérables à ARM.

Entre les pertes financières et l’obligation de revoir sa stratégie pour l’avenir, un divorce entre ARM et Qualcomm ne serait pas sans conséquence pour ce dernier. Plus globalement, il bouleverserait l’ensemble de l’industrie mobile en créant un effet domino. Les solutions Snapdragon sont privilégiées sur les modèles phares de nombreux fabricants de smartphones (Samsung Galaxy S24 Ultra, Xiaomi, Honor, Asus, Motorola…). Elles s’imposent également dans les derniers appareils Surface de Microsoft, via les Snapdragon X Elite et Plus.

Ce conflit marque donc un tournant dans la relation entre ARM et Qualcomm, autrefois partenaires étroits, qui se positionnent désormais comme concurrents. Qualcomm reste toutefois l’un des plus gros clients d’ARM et le concepteur britannique devrait aussi faire évoluer sa stratégie. Ce dernier a déjà entamé sa transition et souhaiterait faire évoluer son modèle de licence afin de faire payer directement les fabricants de smartphones.

Qualcomm contre-attaque et dénonce la « stratégie désespérée d’ARM »

En plein Snapdragon Summit, la dernière attaque d’ARM ne doit évidemment rien au hasard. Qualcomm n’a d’ailleurs pas tardé à réagir et déclare :  « C’est toujours la même chose de la part d’ARM – encore des menaces infondées visant à intimider un partenaire de longue date, à interférer avec nos processeurs leaders en termes de performance et à augmenter les taux de redevance, sans tenir compte des droits étendus que nous confère notre licence d’architecture ».

La société américaine fait également référence au procès qui débute au mois de décembre  « Alors que le procès approche à grands pas en décembre, la stratégie désespérée d’ARM semble être une tentative de perturber le processus judiciaire, et sa demande de résiliation est totalement infondée. Nous sommes convaincus que les droits de Qualcomm dans le cadre de son accord avec Arm seront confirmés. La conduite anticoncurrentielle d’Arm ne sera pas tolérée ». Si l’issue de ce conflit reste incertaine, une chose est sûre : l’avenir des smartphones est en jeu.

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