Passer au contenu

RISE : pourquoi la future dépanneuse orbitale de l’ESA est absolument vitale

En signant un gros contrat avec l’entreprise italienne D-Orbit, l’agence européenne fait un grand pas en direction d’une “économie circulaire de l’espace” pour éviter que l’encombrement de l’orbite ne dégénère au-delà de tout contrôle.

L’ESA vient de signer un contrat à 119 millions de dollars avec l’entreprise de logistique spatiale D-Orbit. Elle devient ainsi l’un des acteurs principaux de RISE, une mission de maintenance orbitale qui fera sans doute des émules à l’avenir.

Plus spécifiquement, l’entreprise italienne aura la responsabilité de développer une sorte de  dépanneuse spatiale. Cet engin de la taille d’un minivan commencera par rejoindre un satellite en orbite géostationnaire afin de lui offrir une véritable cure de jouvence : il sera non seulement capable de réapprovisionner sa cible en carburant, mais aussi d’effectuer des réparations, de la relocaliser sur une orbite différente, ou encore d’y greffer un nouveau module pour prendre le relais d’un système de propulsion ou de communication défaillant.

Du point de vue de l’ESA, l’objectif principal de cette approche est de s’approcher de ce qu’elle décrit comme une « économie circulaire spatiale » afin d’entrer dans une nouvelle ère où les satellites pourront enfin s’inscrire sur le long terme. « Maintenant que nous en sommes capables, nous voulons prendre nos distances avec les satellites à usage unique. Au fur et à mesure que la technologie continue de se développer, nous pourrons commencer à augmenter leur durée de vie et les réparer directement sur place, en orbite de la Terre », explique Andrew Wolahan, responsable du projet à l’ESA.

Un changement de paradigme indispensable

C’est une thématique qui devient de plus en plus importante aujourd’hui, à une époque où l’encombrement de l’orbite devient une considération majeure. D’après le site spécialisé OrbitingNow, il y a près de 11 000 satellites actifs autour de la Terre à l’heure où ces lignes sont écrites — et ce chiffre augmente à une vitesse spectaculaire. Certains spécialistes s’attendent même à ce qu’il dépasse les 25000, voire 50 000 unités d’ici la fin de la décennie, notamment à cause de SpaceX qui espère déployer pas moins de 40 000 Starlinks à terme.

Historiquement, les grands acteurs de l’aérospatiale ne se préoccupaient pas vraiment de la densité de ce trafic orbital, et encore moins de la fin de vie de leurs engins. Ils se contentaient souvent de les abandonner sur des « orbites cimetière », sans même prendre la peine de les désorbiter. Après tout, ce n’est pas l’espace qui manque autour de notre planète, et les agences spatiales étaient loin d’imaginer que ce domaine pourrait un jour arriver à saturation.

Mais nous réalisons désormais que nous nous dirigeons bel et bien dans cette direction en ce moment. En pleine explosion de l’aérospatiale privée, nous commençons à entrevoir les conséquences de cette désinvolture. Tous ces cadavres de satellites génèrent désormais une pollution substantielle ; on compte des dizaines de milliers de morceaux de métal inertes qui tournent autour de la planète à environ 30 km/s. Et ce chiffre augmente à une vitesse préoccupante. Si rien ne change, il existe une possibilité bien réelle que des portions entières de l’orbite terrestre deviennent complètement impraticables.

En filigrane, on voit même resurgir le spectre du fameux syndrome de Kessler. Au-delà d’un certain seuil d’accumulation de ces débris, la moindre collision pourrait déclencher une réaction en chaîne catastrophique qui laisserait un immense nuage de microdébris derrière elle ; l’orbite terrestre deviendrait alors complètement impraticable, avec tout ce que cela implique pour le futur des sciences spatiales et des innombrables industries qui dépendent des satellites.

Une vue d'artiste d'un nuage de débris en orbite de la Terre
© Spacejunk3D

La seule option, c’est d’en finir une bonne fois pour toutes avec cette approche inutilement dispendieuse et absolument pas viable sur le long terme. RISE est un pas significatif dans cette direction ; à travers ce genre de programme, nous pourrons augmenter considérablement la durée de vie des satellites. Il sera aussi plus facile de s’en débarrasser à la fin de leur cycle de vie, afin qu’ils ne contribuent pas à un vaste carambolage spatial.

Il sera donc intéressant de suivre les progrès de D-Orbit, mais aussi les autres initiatives comme ClearSpace, un programme qui consiste à déployer des sortes de satellites éboueurs pour nettoyer l’orbite des débris déjà présents.

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.

Source : ESA

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Mode