X-37B : une manœuvre inédite pour le mystérieux avion spatial américain

Quelques semaines après le retour sur Terre de l’avion spatial chinois qui suscite de nombreuses interrogations chez les spécialistes de l’aérospatiale, c’est au tour de son homologue américain de faire parler de lui. Habituellement, les États-Unis ne divulguent que très peu de détails par rapport au mystérieux X-37B ; mais une fois n’est pas coutume, l’Oncle Sam a décidé de renseigner le grand public sur une manœuvre inédite que l’engin s’apprête à entreprendre.

Pour resituer le contexte, le X-37B est un avion spatial opéré par l’US Space Force (USSF), la division spatiale de l’armée américaine. En début d’année, il a été déployé pour sa septième mission qui consiste à conduire différentes expériences. Leur nature exacte est assez floue, car il s’agit d’un programme majoritairement soumis au secret-défense. On sait simplement qu’il étudie les effets des radiations spatiales et qu’il teste diverses technologies relevant de ce que les Américains appellent la Space Domain Awareness, c’est-à-dire la capacité à détecter, identifier et suivre d’autres appareils spatiaux comme des satellites potentiellement hostiles.

Une manoeuvre de freinage inédite

Les paramètres exacts de son orbite n’ont jamais été dévoilés ; l’état-major de l’USSF a seulement indiqué qu’il évoluait sur une orbite fortement elliptique. Mais tout récemment, l’institution a indiqué qu’elle allait tester une nouvelle manœuvre inédite pour cet appareil. Plus spécifiquement, il s’agit d’une manœuvre d’aerobraking, ou freinage atmosphérique. Cela consiste à exploiter la friction avec les molécules d’air de l’atmosphère pour créer une traînée capable de ralentir l’appareil afin de modifier son orbite.

Ces manœuvres sont relativement courantes dans le domaine de l’aérospatiale, car elles permettent de changer la trajectoire d’un engin en utilisant un minimum de carburant. En revanche, c’est la première fois que le X-37B se livrera à cet exercice plutôt exigeant. L’engin étant doté de deux ailes et de deux ailerons supérieurs, les opérateurs vont devoir aborder ce passage dans l’atmosphère avec une grande précision pour éviter qu’une friction asymétrique ne mène à une perte de contrôle catastrophique.

« Cette série de manœuvres novatrice et efficiente démontre l’engagement de la Space Force à réaliser des innovations révolutionnaires dans les missions spatiales qui relèvent de la sécurité nationale », résume Frank Kendall, secrétaire de l’US Air Force dans un communiqué.

Suite à ces manœuvres, l’engin va continuer ses tests pendant une durée non spécifiée. Après avoir rempli tous ses objectifs, il profitera de sa nouvelle orbite, plus basse et circulaire que la précédente, pour éjecter les éléments non réutilisables de son module de service. Ils pourront ainsi revenir brûler dans l’atmosphère de façon contrôlée.

Un symbole de la rivalité avec la Chine

Plus largement, cette annonce peut être interprétée comme une réponse à l’atterrissage récent de l’avion spatial chinois qui a attiré beaucoup d’attention. En donnant des nouvelles de son engin, le gouvernement américain envoie un message subliminal au pays de Xi Jinping : l’Oncle Sam n’a pas l’intention de le laisser avancer ses pions dans l’espace sans réponse. En effet, l’aérospatiale chinoise progresse à une vitesse impressionnante — une dynamique que le gouvernement américain ne voit pas d’un très bon œil, dans un contexte de rivalité latente entre les deux superpuissances.

Certains acteurs importants de l’aérospatiale américaine ont même commencé à tirer la sonnette d’alarme. On peut citer Thomas Zurbuchen, l’ancien directeur scientifique de la NASA. Récemment, il s’est fendu d’une tribune sévère dans le Scientific American, expliquant que les États-Unis étaient en train de « perdre la course à la Lune » et que le pays avait besoin d’une nouvelle stratégie. Il sera intéressant de voir comment ce rapport de force va évoluer à une époque où l’importance stratégique, économique et politique de l’espace augmente jour après jour, et quel rôle ces avions spatiaux joueront dans ce bras de fer.

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