OpenAI, le géant américain de l’intelligence artificielle, continue sa conquête de l’Europe. D’après EuroNews, elle serait sur le point d’ouvrir de nouveaux bureaux à Paris et à Bruxelles, deux métropoles majeures qui témoignent de l’ambition de l’entreprise.
Jusqu’à nouvel ordre, les créateurs de l’incontournable ChatGPT disposent de deux pieds à terre sur le sol européen. Le premier est situé à Londres, une capitale plébiscitée par l’entreprise pour son vivier de talent et son « écosystème technologique dynamique ». L’autre est localisé à Dublin, la capitale irlandaise connue pour sa fiscalité extrêmement avantageuse. De nombreuses entreprises de la Big Tech y ont déjà élu domicile pour cette raison. On peut citer Apple, qui a récemment été sommé par la Cour de Justice de rembourser des milliards d’impôts dont elle a été illégalement exonérée.
OpenAI ne semble pas encore avoir communiqué officiellement sur les raisons qui l’ont poussée à choisir ces deux nouvelles destinations. Mais les motivations sous-jacentes semblent assez évidentes.
Un peu comme Londres, Paris est en train de se tailler une solide réputation dans le domaine de l’IA. Plusieurs grands noms de cette industrie y ont déjà élu domicile. On peut notamment citer Mistral, la startup souvent présentée comme la « championne de l’IA européenne ». En début d’année, Google y a aussi ouvert un centre flambant neuf entièrement dédié à l’IA.
Plus largement, c’est un vivier truffé d’ingénieurs talentueux dans lequel OpenAI pourrait aisément puiser pour renforcer ses effectifs. On peut donc s’attendre à ce que la page Carrière où l’entreprise rassemble ses offres d’emploi propose bientôt de nouveaux postes dans la capitale française.
Au contact des régulateurs européens
Pour ce qui est de Bruxelles, la situation est assez différente. Dans ce cas précis, l’entreprise de Sam Altman cherche sans doute à se rapprocher du cœur battant des institutions européennes. Pour rappel, la capitale belge héberge non seulement une branche du Parlement européen et du Conseil de l’Europe, mais aussi et surtout le Conseil des ministres de l’Union européenne et la Commission européenne — autant d’institutions qui jouent un rôle déterminant dans la législation et la régulation du Vieux continent.
Or, la Big Tech américaine entretient des relations traditionnellement conflictuelles avec ces mêmes institutions, et notamment la Commission. Cette dernière semble de plus en plus déterminée à imposer ses règles aux géants venus d’outre-Atlantique, habitués à bénéficier de nombreux traitements de faveur de la part de l’Oncle Sam. Tous les GAFAM ont déjà eu affaire à la Commission d’une façon ou d’une autre ; rien que depuis septembre dernier, l’institution s’est penchée sur les cas d’Apple, Meta, Amazon, Alphabet (la maison mère de Google) et Microsoft dans le cadre du DMA, le nouveau règlement sur les marchés numériques. Et il ne s’agit pas de cas isolés, mais de frictions récurrentes depuis quelques années.
C’est une considération importante pour OpenAI, sachant que l’Europe s’intéresse de plus en plus à l’impact économique et stratégique de l’intelligence artificielle. Elle surveille de près la trajectoire de ses champions, comme en témoignent la ratification de l’IA Act — le grand traité européen sur la régulation de l’intelligence artificielle — et l’imbroglio autour du rapprochement entre Mistral et Microsoft.
Dans ce contexte, le fait de disposer d’un quartier général à deux pas du centre névralgique de l’UE sera très utile pour OpenAI. Cela lui permettra sans doute d’intensifier ses efforts de lobbying et d’assurer ses arrières, après avoir précédemment menacé de quitter l’Europe faute de pouvoir se conformer à ces nouvelles réglementations.
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