C’est avec un ton grave que John Hopfield et Geoffrey Hinton ont discuté avec la presse ce mardi. Nommés quelques heures plus tôt comme lauréats du prestigieux prix Nobel de physique, les « parrains de l’IA » sont très critiques vis-à-vis de leur invention. Déjà l’an dernier, dans une interview accordée au New York Times Geoffrey Hinton reconnaissant qu’une « partie de lui » regrettait ses travaux.
Ce chercheur, professeur émérite de l’université de Toronto, avait notamment fondé une start-up autour de l’IA. Elle a été rachetée par Google en 2013. L’an dernier, Hinton a quitté le géant du numérique, alertant sur les risques liés au développement de l’intelligence artificielle.
Même son de cloche du côté de John Hopfield. Le scientifique, professeur à l’université de Princeton, a longuement exprimé son « inquiétude » face à l’IA. Du haut de ses 91 ans, le chercheur a tenu une conférence de presse en visioconférence plus tôt dans la journée.
Faisant le parallèle entre l’arrivée de l’IA et la course à l’arme atomique dans les années 40, il rappelle qu’une invention, quelque elle soit, peut toujours être utilisée « de la meilleure comme de la pire des manières. »
BREAKING NEWS
The Royal Swedish Academy of Sciences has decided to award the 2024 #NobelPrize in Physics to John J. Hopfield and Geoffrey E. Hinton “for foundational discoveries and inventions that enable machine learning with artificial neural networks.” pic.twitter.com/94LT8opG79— The Nobel Prize (@NobelPrize) October 8, 2024
Inquiets mais enthousiastes
Si leur inquiétude est palpable, les deux scientifiques reconnaissent également que l’intelligence artificielle, dont ils sont les pères fondateurs, va apporter de grandes choses à l’humanité. Hinton assure que nous n’avons encore jamais connu d’appareils capables de penser « plus intelligemment que nous ».
Cela va être « formidable » assure le scientifique, qui plaide dans le même temps pour la construction de nombreux garde-fous afin de ne pas « perdre le contrôle ». Il veut à tout prix empêcher « de mauvaises personnes » d’utiliser l’IA pour faire « de mauvaises choses. »
Les pères de l’IA
Avant de remporter le prix Nobel de physique, Jeoffrey Hinton et John Hopfield ont consacré leur vie à ces travaux. Le premier est notamment à l’origine de la machine Boltzmann, l’une des premières intelligences artificielles au monde. En utilisant la physique statistique, il a grandement contribué à l’émergence de l’apprentissage automatique.
De son côté John Hopfield a mené des travaux pour construire les premiers réseaux neuronaux artificiels. Ces modèles portent aujourd’hui son nom. Concrètement Hopfield a utilisé le spin d’un atome (sa rotation sur lui-même) pour faire évoluer l’IA. La reconnaissance intelligente d’images a notamment été possible avec cette méthode, toujours très utilisée aujourd’hui.
Une victoire contestable ?
Sur les réseaux sociaux, l’annonce du comité Nobel n’a pas fait que des heureux. Si tous reconnaissent l’importance des travaux de John Hopfield et Geoffrey Hinton, beaucoup ne pensent pas qu’il s’agisse de physique. Face à cette incompréhension, le comité Nobel a apporté quelques précisions.
En effet, les travaux d’Hinton et Hopfield sont basés sur de la physique statistique et atomique. Si les usages faits n’ont pas servi directement la physique pure, les découvertes des deux scientifiques sont aujourd’hui au cœur du traitement des informations, notamment en recherche fondamentale. D’une façon éloignée, la découverte du boson de Higgs a été possible grâce aux travaux de Hinton et Hopfield.
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.
« Cela va être « formidable » assuré sur le scientifique qui plaide dans le même temps pour la construction de nombreux garde-fous »
Quoi ? 👁️🩸
cela va être formidable assure le scientifique qui plaide dans le même temps pour la construction de nombreux garde-fous. désolé Bob, je pensais que l’humanité était encore un peu autonome. au temps pour moi.