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SpaceX : la FAA contre-attaque avec une enquête sur l’anomalie du dernier lancement

Le gendarme américain de l’aérospatiale ne risque pas de faire la moindre concession à SpaceX, dans un contexte où Elon Musk multiplie les attaques frontales envers l’agence.

La FAA, l’agence fédérale qui régule le trafic aérien aux états unis, a requis l’ouverture d’une enquête suite à une anomalie lors du retour du dernier Falcon 9 de SpaceX. Ses fusées vont donc rester clouées au sol encore quelque temps — une situation qui risque de ne pas arranger les relations entre Elon Musk et l’institution, qu’il considère comme un empêcheur de tourner en rond.

Ce dimanche, la capsule Crew Dragon de la mission Crew-9 s’est arrimée avec succès la Station spatiale internationale, avec à son bord les astronautes Nick Hague et Aleksandr Gorbunov. Mais si le transit s’est parfaitement déroulé, on ne peut pas en dire autant du voyage retour du Falcon 9 qui a mis cet engin en orbite.

La fusée vedette de SpaceX, réputée pour sa polyvalence et sa fiabilité, est constituée de deux étages. Le premier est entièrement réutilisable ; c’est cette partie que vous avez sans doute déjà vu se poser sur une barge autonome après avoir rempli sa mission. Le deuxième étage, celui qui transporte la charge utile, n’est cependant pas conçu pour être récupéré, pour des raisons majoritairement économiques.

Une anomalie à la fin de la mission Crew-9

En règle générale, l’entreprise procède donc à une manoeuvre de désorbitage. Cela consiste à mettre un coup d’accélérateur dans le sens opposé à sa rotation autour de la Terre pour ralentir l’engin, afin qu’il revienne se consumer dans l’atmosphère. Les débris finissent ensuite leur course dans une zone prédéterminée de l’océan.

Mais le désorbitage de ce dimanche ne s’est pas déroulé comme prévu. L’entreprise a annoncé que le deuxième étage de la mission Crew-9 a été victime d’une « mise à feu de désorbitage non nominale », ce qui a impacté la trajectoire de la rentrée atmosphérique. Résultat : le cadavre de l’appareil s’est bien écrasé dans l’océan, mais en dehors de la zone prévue.

C’est une anomalie assez préoccupante, car même si la taille de l’océan offre une marge d’erreur considérable à l’entreprise, le fait de viser correctement reste primordial pour des raisons de sécurité. Par conséquent, SpaceX a annoncé son intention de suspendre les lancements des Falcon 9, le temps de mener sa propre enquête afin d’identifier la source du problème.

C’est une procédure à laquelle l’entreprise est déjà habituée, puisqu’il s’agit de la troisième anomalie d’un Falcon 9 en l’espace de quelques mois. Deux fusées chargées de déployer des satellites Starlink ont également rencontré des soucis les 11 juillets et 28 aoûts, forçant l’entreprise à immobiliser sa flotte pendant deux semaines et quelques jours respectivement.

La FAA s’empare du dossier

Mais cette fois, la FAA a décidé de se saisir de cette affaire ; l’entreprise d’Elon Musk ne pourra pas se contenter de régler son problème en interne et va être contrainte de montrer patte blanche.

« La FAA a pris connaissance d’une anomalie qui s’est produite lors de la mission SpaceX NASA Crew-9 lancée depuis la station spatiale de Cap Canaveral en Floride le 28 septembre. L’incident impliquait l’atterrissage du deuxième étage du Falcon 9 en dehors de la zone désignée. Aucun blessé public ni aucun dommage à la propriété publique n’ont été signalés. La FAA demande une enquête. », peut-on lire dans un rapport de l’agence.

À l’heure actuelle, il est encore impossible de déterminer combien de temps cette procédure va durer. Mais ce l’intervention de l’agence fédérale a de fortes chances de rallonger la procédure, et peut-être d’impacter le calendrier de lancement de SpaceX.

La FAA plus sévère suite aux attaques de Musk ?

En effet, l’entreprise ne pourra pas compter sur un traitement de faveur. Et pour cause : les deux entités entretiennent en effet des rapports assez conflictuels depuis quelque temps. Ces frictions concernent notamment les licences de vol que la FAA délivre à SpaceX pour les vols d’essai de son immense Starship. Ces procédures importantes pour la sécurité des humains et des installations au sol ont tendance à traîner en longueur, notamment parce que les effectifs de l’agence sont notoirement très limités. Des délais insupportables pour Elon Musk, qui souhaite enchaîner les tirs le plus rapidement possible pour amener son engin révolutionnaire à maturité dans les plus brefs délais.

Mais récemment, leurs rapports se sont encore envenimés. Exaspéré par la lenteur de l’agence, il l’a snobée à plusieurs reprises ces derniers mois en procédant à des opérations sans attendre le feu vert administratif. La FAA a donc annoncé son intention d’infliger une amende à spaceX pour non-respect de ses procédures standard — une goutte qui a fait déborder le vase d’Elon Musk. Dans la foulée, le sulfureux milliardaire a décidé de contre-attaquer en terrain judiciaire en lançant une action en justice contre la FAA, qu’il accuse de freiner le processus d’innovation sans justification valable.

En attaquant frontalement l’agence de cette manière, il a pris le risque de susciter une certaine hostilité. La FAA a le pouvoir de clouer les Falcon 9 au sol jusqu’à ce qu’elle soit satisfaite des résultats de l’enquête, et dans le contexte actuel, on peut s’attendre à ce que les investigateurs se montrent encore plus pointilleux et procéduriers qu’à l’accoutumée. En outre, l’agence aura tout intérêt à se montrer ferme. Autrement, elle pourrait donner l’impression de plier l’échine, ce qui risque de diminuer son autorité et d’inciter Musk à prendre encore plus de libertés.

Rendez-vous d’ici quelques semaines pour savoir combien de temps durera l’enquête, et comment elle va impacter les relations entre les deux parties.

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1 commentaire
  1. C’est quand même bizarre que :
    – un truc vole dans l’espace, zone “neutre” appartenant à tout le monde.
    – il s’écrase dans l’océan, sûrement très au large donc zone aussi apatride et avec de fortes chances d’avoir survolé des tas de pays.

    Et malgré tout, c’est QUE les Ricains qui ont le droit de se soucier du problème.
    Ça serait normal qu’il y ait une agence internationale, non ?

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