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Interfaces cerveau-machine : le rival de Neuralink franchit un nouveau palier

L’implant cérébral de Synchron n’a pas généré la moindre complication chez six patients suivis pendant un an – un vrai succès qui va ouvrir la voie à un essai clinique encore plus ambitieux.

Dans le cercle fermé des entreprises qui développement des interfaces cerveau-machine, ou ICM — ces puces cérébrales qui permettent d’interagir avec différents appareils par la pensée, l’actualité est plutôt dominée par Neuralink. Ces derniers mois, elle a obtenu des résultats assez encourageants, largement médiatisés par l’intermédiaire du premier patient Noland Arbaugh. Dans plusieurs vidéos promotionnelles, nous avons vu l’intéressé jouer aux échecs en ligne ou à Mario Kart par la pensée.

Mais la startup d’Elon Musk n’est pas la seule à avancer. On peut même considérer qu’elle est en retard par rapport à Synchron, une entreprise qui a déjà commencé à implanter des ICM bien avant Neuralink.

Moins invasif et plus stable que Neuralink

Récemment, c’est cette dernière qui semble avoir franchi un cap. Elle a récemment donné des nouvelles de son implant, appelé Stendrode. Pour référence, c’est un appareil assez différent de celui de Neuralink, notamment en ce qui concerne l’implantation. Ce dernier est implanté par une sorte de grande machine à coudre chirurgicale, qui insère directement des électrodes au contact des neurones à l’aide d’une fine aiguille.

Le Stentrode, de son côté, est implanté dans le cortex moteur grâce à une méthode moins invasive qui consiste à passer par la veine jugulaire. Cette approche permet de minimiser les risques de complications, comme des infections. En théorie, cela permet aussi aux électrodes qui font le lien entre le cerveau et le système de contrôle de rester en place plus longtemps — un obstacle majeur que Neuralink a encore beaucoup de mal à surmonter.

Malgré cette différence d’approche, Synchron a obtenu des résultats au moins aussi impressionnants que son concurrent. Il y a un peu plus d’un mois, la firme a notamment dévoilé une démonstration d’un patient atteint de la maladie de Charcot, la terrible maladie neurodégénérative dont souffrait le physicien Stephen Hawking. L’intéressé a pu utiliser son implant pour interagir avec le Vision Pro, le fameux casque de réalité augmentée d’Apple.

Il s’agissait évidemment d’une opération de communication, connaissant l’engouement du public pour cet objet high-tech qui a fait couler beaucoup d’encre — mais pas seulement. Pour Synchron, cela démontre que la firme est en train d’avancer vers un « nouveau standard Bluetooth pour les interactions non vocales et non tactiles — un besoin critique pour des millions de personnes paralysées ». Et même s’il faudra sans doute patienter un certain temps avant de pouvoir équiper toutes les personnes qui en auraient besoin, force est de constater que Synchron avance bien dans cette direction.

Un essai clinique très encourageant

C’est en tout cas ce qui ressort d’une étude baptisée COMMAND. Il s’agit du premier essai clinique d’un implant cérébral permanent approuvé par la FDA, l’agence américaine qui s’occupe notamment de la santé publique. Pendant douze mois, les chercheurs ont suivi de près six patients dotés d’un Stentrode afin de vérifier que l’implant était sûr et performant. Les résultats ont enfin été dévoilés devant un parterre de spécialistes du Congress of Neurological Surgeons ce lundi. Et apparemment, il s’agit d’un franc succès : l’état-major de Synchron a annoncé qu’aucun des six patients n’a été victime de complications médicales associées au dispositif pendant cet essai d’un an.

Il s’agit d’un résultat très encourageant. Cela va permettre à Synchron de lancer un nouvel essai à l’ampleur plus importante, avec davantage de patients. D’après CNet, le PDG Tom Oxley considère cette étape comme l’ouverture d’un nouveau chapitre dans le développement de Stentrode. Confortée par sa belle preuve de concept, l’entreprise va désormais se focaliser sur le fait de collecter davantage de données cérébrales pour rendre l’appareil « plus performant et intuitif ». Elle va aussi tâcher d’en améliorer la fiabilité.

Il conviendra donc de suivre les progrès de l’entreprise, au même titre que Neuralink et ses autres concurrents. Car une fois que l’une d’entre elles proposera un produit mature, cela ouvrira très probablement la voie à une véritable révolution médicale, susceptible de faciliter considérablement le quotidien de nombreux individus dont la vie a souvent été bouleversée du jour au lendemain par un accident tragique ou un diagnostic lourd de conséquences.

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1 commentaire
  1. À condition qu’ils.elles puissent se le payer ou que la Sécu assume …. Mais bon ne gâchons pas la bonne nouvelle…

Les commentaires sont fermés.

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