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Implosion du Titan : témoignages accablants sur les dysfonctionnements du sous-marin

Un an après l’implosion tragique du sous-marin Titan, qui a coûté la vie à cinq personnes lors d’une expédition vers l’épave du Titanic, de nouveaux témoignages révèlent des dysfonctionnements majeurs au sein d’OceanGate.

Lors de son témoignage devant un panel d’enquête de la Garde côtière américaine, une consultante d’OceanGate a exposé les failles dans les systèmes de navigation du sous-marin Titan. Le submersible, qui a implosé en juin 2023 au cours d’une descente vers l’épave du Titanic, reposait sur une technologie de navigation pour le moins dépassée.

Des méthodes de navigation manuelles et archaïques

Antonella Wilby, la consultante en question impliquée dans la conception du sous-marin, a décrit un processus manuel où les données de positionnement, de vitesse et de profondeur du sous-marin étaient recueillies via un système acoustique similaire à un GPS. Mais au lieu d’utiliser un logiciel standard pour cartographier automatiquement ces données, celles-ci étaient d’abord notées à la main dans un carnet, avant d’être entrées dans un fichier Excel, puis intégrées à un logiciel de cartographie. « C’était un processus laborieux, réalisé toutes les cinq minutes », a-t-elle témoigné.

Elle a bien proposé à l’entreprise de moderniser ce système en utilisant des logiciels disponibles sur le marché. Mais OceanGate a choisi de développer son propre programme, affirmant manquer de temps pour sa mise en place. Antonella Wilby a qualifié cette approche de « stupide » et a été exclue de l’équipe après avoir dit son inquiétude à ses superviseurs.

En plus des défaillances dans la navigation, d’autres éléments pour le moins troublants ont émergé lors de cette enquête. Steven Ross, ancien directeur scientifique d’OceanGate, a relaté un incident survenu seulement six jours avant l’implosion du sous-marin. Lors d’une remontée, le Titan avait percuté une cloison en raison d’un problème avec ses ballasts. L’accident a provoqué l’inversion du submersible, faisant valser les passagers à l’intérieur.

Selon le témoin, l’équipage a été secoué pendant près d’une heure avant que le submersible ne soit stabilisé. Malgré cet incident, aucune inspection sérieuse du sous-marin n’a été réalisée avant le voyage fatidique vers le Titanic.

Un autre événement rapporté par Antonella Wilby lors de son témoignage s’est produit au cours d’une plongée en 2022. Un bruit sourd, semblable à une explosion, s’était fait entendre lors de la remontée du sous-marin, suffisamment fort pour être capté en surface. Les ingénieurs d’OceanGate avaient expliqué ce bruit par un mouvement de la coque sous pression, sans toutefois constater de dommages importants à l’époque.

Si certains témoignages dressent un portrait inquiétant de la gestion d’OceanGate, d’autres apportent un éclairage plus nuancé sur les motivations des employés de l’entreprise. Renata Rojas, spécialiste de mission pour la société, a défendu l’équipe, décrivant une entreprise composée de « personnes compétentes » qui voulaient avant tout « réaliser des rêves ». Son témoignage, ému et souvent en décalage avec les récits de dysfonctionnements, a donné un visage humain à une entreprise ouvertement critiquée pour ses choix technologiques et sa course au profit.

Aujourd’hui, OceanGate n’a plus de salariés à temps plein, et ses opérations ont été suspendues après la catastrophe. L’enquête de la Garde côtière, encore en cours, vise à déterminer avec précision les causes de l’implosion et à proposer des mesures de sécurité pour l’avenir des expéditions sous-marines.

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Source : AP

1 commentaire
  1. Que l’équipe soit sympathique et dotée de bonnes intentions ne change rien aux responsabilités.
    Quand on est un professionnel, on se doit d’être irréprochable.
    Ceci étant, si on pouvait mettre tous les ultra riches et leurs héritiers dans des sous-marins et les faire imploser par 3000m de fond, peut-être qu’on pourrait enfin infléchir notre trajectoire économique et écologique et éviter le cauchemar.

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