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LUNA : l’ESA inaugure son nouveau simulateur lunaire à Cologne

Les spécialistes de l’aérospatiale pourront désormais s’entraîner et tester un tas de nouvelles technologies dans un environnement lunaire extrêmement réaliste, afin de préparer le terrain pour les futures missions dans les meilleures conditions.

Ce mercredi, l’ESA a officiellement inauguré une nouvelle installation qui va jouer un rôle central dans les prochaines missions lunaires de l’Europe : un centre spécialement conçu pour imiter la surface de la Lune afin que des astronautes puissent préparer les prochaines expéditions dans les meilleures conditions possibles.

Cette infrastructure, appelée LUNA, est située juste à côté du Centre européen des astronautes de l’ESA, à Cologne. Elle facilitera la recherche, le développement et les tests intégrés de technologies spatiales dans des conditions réalistes, fournissant des informations précieuses pour les futures missions lunaires, comme fameux programme Artemis de la NASA.

Un immense bac à sable lunaire

La principale attraction, c’est une zone de 700 mètres carrés recouverte de 900 tonnes de roches dérivées du basalte, broyées de façon à reproduire précisément le régolithe lunaire — la couche de poussière et de roche qui recouvre la surface de notre satellite.

C’est un matériau qui n’a pas vraiment d’équivalent sur notre planète, et représente un sérieux défi en termes de mobilité. Ce substrat fin offre une traction très limitée ; les astronautes du programme Apollo, par exemple, ont éprouvé de grandes difficultés à y marcher et à y faire avancer leurs véhicules. Mais grâce à ce bac à sable lunaire, les futurs explorateurs seront bien mieux préparés. Ils pourront s’entraîner à évoluer sur ce régolithe lunaire de substitution afin d’être beaucoup plus efficaces une fois sur le terrain.

Mais ce n’est pas la seule problématique associée à ce matériau. Contrairement aux petites particules minérales terrestres, les constituants du régolithe n’ont pas eu le loisir d’être polis par les vents ou la circulation d’eau liquide. Les grains de régolithe sont donc très irréguliers et acérés, rendant ce matériau extrêmement abrasif.

C’est une préoccupation centrale pour les agences spatiales, qui doivent absolument tenir compte de ce facteur lorsqu’elles conçoivent les équipements des astronautes. Autrement, certains éléments comme les joints qui permettent aux combinaisons de rester hermétiques pourraient être endommagés très rapidement — avec des conséquences évidemment catastrophiques dans cet environnement ô combien hostile.

Une plateforme de test polyvalente

L’ESA et ses partenaires pourront donc tester des tas d’équipements spécialisés au sein du centre LUNA. Et il ne s’agit pas seulement des combinaisons, mais aussi de tous les autres appareils que les astronautes seront amenés à utiliser au cours de leurs missions. L’agence européenne mentionne par exemple une « zone au plancher profond », qui permettra de s’entraîner à réaliser des forages et des prélèvements jusqu’à trois mètres sous la surface.

L’installation est aussi dotée d’un simulateur solaire qui imite les cycles jour et nuit sur la Lune, y compris les conditions d’éclairage difficiles rencontrées dans les régions polaires de notre satellite. Ce dernier point est très important ; en effet, une grande partie des sites les plus prometteurs pour les futures missions d’exploration et de colonisation sont situés au niveau du pôle sud de la Lune. Les astronautes auront donc intérêt à s’habituer à ces conditions très particulières avant de s’y aventurer.

Luna Esa Chien Robot
© ESA / DLR

Reste encore un dernier obstacle majeur qu’il est beaucoup plus difficile de reconstituer sur Terre : la différence de gravité. Cette force fondamentale de la nature est environ 6 fois plus faible sur la Lune que sur notre planète. Malheureusement, il n’existe aucun appareil capable de la modifier à loisir dans un espace bien défini ; à l’heure actuelle, cela reste l’apanage de la science-fiction. Pour simuler une gravité plus faible, les astronautes s’entraînent souvent dans de vastes piscines spécialement prévues à cet effet. Mais cette approche présente des limites qui s’avèrent totalement rédhibitoires dans le cas de LUNA. Par exemple, immerger le substitut de régolithe lunaire dans du liquide modifierait considérablement ses propriétés, et par extension, rendrait le simulateur beaucoup moins intéressant.

Mais l’ESA a tout de même trouvé une manière de combler cette lacune. À l’avenir, elle va bientôt doter LUNA d’un système de suspension spécialisé, avec des harnais motorisés qui permettront de limiter l’influence de la gravité terrestre sur les astronautes.

Un terrain de jeu pour tous les professionnels de l’espace

« L’ouverture de LUNA marque une étape importante dans les efforts européens d’exploration spatiale », a déclaré Josef Aschbacher, le directeur général de l’ESA. « Avec sa capacité à reproduire les conditions lunaires, cette installation unique fait progresser notre compréhension de la Lune et nous prépare aux futures missions. Nous sommes fiers de diriger ce projet qui positionne l’Europe à l’avant-garde de l’exploration lunaire et au-delà, tout en favorisant la collaboration internationale dans la recherche spatiale », insiste-t-il en référence aux autres agences et institutions qui pourront aussi bénéficier du simulateur.

Il sera intéressant de voir comment les agences spatiales, universités, chercheurs et entreprises du monde entier exploiteront cette installation unique en son genre, notamment à l’approche de la troisième phase du programme Artemis qui enverra des astronautes sur la Lune pour la première fois depuis plus de 50 ans.

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Source : ESA

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