À partir du 1ᵉʳ janvier 2026, les collectivités auront l’obligation de faire tester leur eau du robinet, dans l’objectif de détecter la présence éventuelle de 20 polluants éternels. Ces PFAS (pour per et poly fluoro alkylés) présents en grande quantité dans les produits industriels et les substances chimiques, sont en effet accusés de provoquer de lourds problèmes de santé chez celles et ceux qui y sont surexposés. Reste que si l’idée d’un renforcement des tests est plutôt bien accueillie, elle est loin de faire l’unanimité. Le 4 septembre 2024, l’entreprise Véolia a annoncé avoir trouvé une vingtaine de points problématiques sur le protocole de test. 2400 emplacements étaient concernés, sans que l’on sache réellement de quelles communes il était question. La cellule investigation de Radio France et le réseau France Bleu se sont finalement emparé du sujet, à l’occasion d’une enquête publiée le 19 septembre dernier.
89 prélèvements dans toute la France, et des PFAS à la pelle
En se basant sur des points sensibles où la présence de PFAS était déjà avérée, chacune des 44 radios locales de France Bleu a réalisé deux prélèvements sur son eau du robinet. “Nos journalistes ont identifié des lieux possibles, ils ont fait les prélèvements et les ont renvoyés dans les règles. C’est un véritable travail d’enquête et pas seulement de laborantin”, détaille Matthieu Mondoloni, directeur de l’information du réseau France Bleu. Analysé par le laboratoire Ianesco, l’analyse des polluants éternels dans l’eau courante a finalement révélé 27 zones à risques, où l’on retrouve des PFAS interdites ou classées comme cancérogènes.
Quelles sont les villes les plus touchées ?
Cinq villes révèlent un taux de PFAS à des niveaux préoccupants : à Auxerre (Yonne), Lille (Nord), Saint-Jean-de-Losne (Côte-d’Or), Saint-Vit (Doubs) et Déols (Indre). Un taux si élevé qu’il serait considéré comme illégaux dans certains pays voisins, comme au Danemark, où la règlementation est plus stricte. Enfin, trois villes dépassent les ,limites autorisées en France : Cognac (Charente), Martres-Tolosane (Haute-Garonne) et Saint-Symphorien-d’Ozon (Rhône). En Charente tout particulièrement, la somme des 20 PFAS atteint 187 nanogrammes par litre d’eau (ng/l), soit presque le double du seuil règlementaire. Pour autant, aucune consigne n’a été transmise aux habitants.
À Martres-Tolosane, en Haute-Garonne, les seuils réglementaires ne sont pas atteints (100,2 nanogrammes par litre d’eau du robinet), mais l’eau de la ville accuse un cocktail de huit molécules différentes, dont 4,2ng/L de PFHxS (acide perfluorohexanesulfonique), un polluant éternel pourtant interdit en France en raison de sa toxicité sur la thyroïde et la fertilité. On retrouve aussi du PFOA (acide perfluorooctanoique) et du PFOS (perfluorooctanesulfonique), tous les deux interdits et classés comme cancérogènes; ainsi que cinq autres molécules.
Aucune action prévue
Plusieurs pistes peuvent expliquer cette contamination : la présence d’usines industrielles, d’entreprises utilisant des produits chimiques ou encore l’épandage des boues de station d’épuration sur les terres agricoles de la commune sont autant de facteurs susceptibles de créer une forte concentration de PFAS dans l’eau. En attendant, l’ensemble de ces villes dont le seuil de contamination aux PFAS est dépassé ne prévoit aucune mesure particulière. L’Agence régionale de santé de la région Auvergne-Rhône-Alpes considère que, même si ce seuil est dépassé, tous les habitants peuvent continuer à boire l’eau du robinet sans risque, sous peine de ne plus garantir un accès suffisant à l’eau potable aux personnes.
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